« La petite maison dans le polder » : visite de l’oasis en mer du Nord d’une architecte d’intérieur
L’architecte d’intérieur Kim Verbist a voyagé aux quatre coins du monde pour penser la décoration d’hôtels, mais c’est à Cadzand, en bord de mer du Nord, qu’elle a imaginé sa propre petite maison dans le polder.
Pendant longtemps, l’architecte d’intérieur Kim Verbist a fait partie des nombreux Belges ayant fait le choix de s’offrir une seconde résidence à Cadzand plutôt qu’à la côte belge. L’espace, les paysages vierges et l’authenticité de la région laissent en effet peu de nos compatriotes indifférents lorsqu’ils la découvrent.
Dans le cas de Kim, c’est une caravane en aluminium de 1953 qui l’a amenée à Groede, un village de Flandre zélandaise situé à quelques kilomètres de l’endroit où se dresse aujourd’hui sa (pas si) petite maison dans le polder.
Comme le camping qui abritait sa caravane rétro fermait ses portes en hiver – période préférée de Kim à la mer du Nord – elle l’a troqué contre une petite maison de pêcheur à Cadzand. Un lieu de plaisance qu’elle a également loué à des amis et à se famille durant deux ans. Mais l’année dernière, elle a ressenti le besoin d’opter pour quelque chose de différent – et ce, complètement par hasard.
« Mon amie Sofie a découvert un panneau « À vendre » en faisant son jogging: une ancienne ferme sur deux hectares de terrain. J’avais envie de retrouver un rythme de travail plus agréable et je rêvais d’avoir un potager. Avec notre petit jardin, c’était loupé, je ne pouvais pas continuer à désherber en vain », dit Kim en riant. « On a vendu notre maison de pêcheur, de même que notre grand appartement de Bruxelles. On habite désormais à plein temps à Cadzand, et Bruxelles est devenue notre résidence secondaire. Je sentais qu’il était temps pour moi de relever un grand défi vert ».
Un intérieur ludique et chic
Dont acte: « Ruimzicht », peut-on lire sur un panneau usé par les intempéries, à côté du chemin de terre qui mène à une grande grange et à quelques dépendances. Au beau milieu se trouve une maison noire aux portes orange vif.
Rumizicht? C’est le nom d’origine du domaine, qui a été entretenu par la même famille d’agriculteurs pendant six générations, mais qui s’est délabré ces dernières années. « La maison principale a été démolie dans les années 1970 et remplacée par une maison de polder en briques. C’est l’environnement qui comptait. Nous avons donc décidé de travailler avec ce qu’on avait à notre disposition et de réaménager la maison », explique Kim en nous faisant visiter les lieux pieds nus.
Dans le hall d’entrée, on comprend tout de suite qu’elle favorise un mélange coloré de souvenirs de voyage et de trouvailles vintage, le tout mis en valeur par un patchwork de papiers peints ouvragés et de sols colorés. Kim Verbist n’aime en effet rien tant qu’expérimenter avec les imprimés et les matériaux, à l’image des grandes portes coulissantes en liège. Les tons sable et le minimalisme souvent associés aux logements en mer du Nord: fort peu pour elle.
« C’est un vide que je dois combler. Avec un coquillage trouvé, un bricolage d’enfant ou une vieille photo. J’ai besoin d’une certaine espièglerie, d’une série d’histoires dont je peux m’entourer » confie l’architecte d’intérieur, qui a réussi le pari de créer un intérieur à la fois ludique et chic.
Même si, ces dernières années, elle a surtout dû se désencombrer. Tant à Bruxelles qu’à Cadzand, elle a vécu dans un espace plus petit à chaque fois qu’elle a déménagé. Une approche finalement bien dans l’air du temps.
« Le monde change, je constate qu’il y a un nouvel état d’esprit qui prévaut. Nous avons réduit nos possessions au minimum nécessaire, le reste est allé chez des amis. C’est agréable de dire au revoir à ses affaires » assure Kim.
Une maison en plein polder où la nature est célébrée
Grâce à quelques interventions, dont la plantation de 1.300 (!) plantes pendant le confinement, Kim a créé un jardin de fleurs coloré avec un vieux moulin en toile de fond.
Un oasis de verdure qu’elle tout loisir d’admirer depuis la cuisine. Lorsque vous vous asseyez à la table à manger en liège, dessinée par Ilse Crawford pour Ikea en 2015, vous avez une vue imprenable sur les polders à travers les grandes baies vitrées aménagées durant la rénovation de la maison.
Et la fenêtre du salon ressemble à un herbier géant avec sa vue sur le paysage sauvage. En d’autres termes, le nom « Ruimzicht », ou « vue étendue » en français, n’a pas été usurpé pour cette propriété. Qui sera pourtant bientôt rebaptisée « Sea Green », en référence à l’oasis de verdure sur laquelle Kim a depuis laissé son empreinte – et qui sera bientôt complétée par une forêt nourricière – et à la teinte que l’on voit émerger de la mer à deux kilomètres de là dès que le soleil brille.
Un nouveau nom pour une nouvelle ère. Pour le domaine et pour ses propriétaires. Les plans de transformation de la grange en cinq lofts de vacances spacieux sont prêts. « Si tout se passe comme prévu, les travaux commenceront à la fin de l’année » s’enthousiasme Kim.
Mais d’abord, une table de ferme faite de troncs d’arbres usés par le temps doit trouver sa place dans l’ancien verger, où une cabane est également en cours de construction, tandis que l’étang de natation biologique doit être creusé.
Une chose est certaine, le « Sea Green » sera bientôt synonyme de Zélande, et d’un petit coin de paradis à Cadzand.
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