Notre Designer de l’année 2011 est… Nathalie Dewez, la fée électricité
La lumière est une source de rêve exigeante et Nathalie Dewez n’a pas son pareil pour l’apprivoiser. Feld, Ligne Roset et Established & Sons sont tombés sous le charme de ses éclairages graciles et présents à la fois. Parmi eux, La Plic, modèle culte de la créatrice bruxelloise, que Le Vif Weekend propose à ses lecteurs dans un coffret collector.
Il y a des jours comme cela où le plomb dilué du ciel de Bruxelles ne donne qu’une envie : allumer la lumière, en se disant » pourvu qu’elle soit belle « . Le pouvoir qu’une petite étincelle peut avoir sur la perception d’un espace, sur le moral, aussi, Nathalie Dewez en sait quelque chose. Cela fait près de quinze ans, maintenant, qu’elle jongle avec les ampoules en tous genres. L’un de ses best-sellers, La Plic, éditée chez Ligne Roset et proposée dans un package exclusif de trois aux lecteurs du Vif Weekend, est un joli clin d’£il à la lampe à incandescence de Thomas Edison. Un bel hommage aussi au travail d’Ingo Maurer qui n’est pas pour rien dans le choix de carrière de la Bruxelloise.
Lorsqu’elle commence sa formation d’architecte d’intérieur à La Cambre – » à l’époque la section s’appelait encore mobilier et agencement « , sourit-elle – Nathalie Dewez choisit de consacrer l’un de ses premiers travaux à la carrière du designer allemand. » Il y a toujours chez lui un équilibre subtil entre une certaine poésie et la recherche d’une lumière intéressante « , analyse-t-elle. Un précepte qu’elle n’a jamais cessé d’appliquer à la lettre à ses propres créations. » Pourtant, a priori, je ne pensais pas du tout me spécialiser dans les lampes. C’est venu petit à petit. Plus j’en faisais, plus j’apprenais, plus ça me plaisait. «
Posément, assidûment, Nathalie Dewez a développé depuis sa sortie de La Cambre, en 2001, près d’une trentaine de projets destinés à l’édition mais aussi conçus sur-mesure pour des particuliers ou des lieux d’exception comme le Mudam, à Luxembourg, qui vient de lui commander une installation monumentale pour son hall d’entrée. La cohérence et l’élégance qui se dégagent de sa décennie de pratique ont séduit le jury – composé des rédactions du Vif Weekend et de Knack Weekend, de la Biennale Interieur, du Design Museum de Gand et de Grand-Hornu Images – chargé de décerner, pour la sixième fois le titre de Designer de l’année.
« Le design, c’est un métier de frustrations, s’exclame Nathalie Dewez. Entre le premier prototype de l’objet présenté sur une foire et son arrivée dans les magasins, il y a tellement d’étapes à franchir. Ça tient de l’acharnement. »
Ce qui lui plaît par-dessus tout dans la conception d’objets éclairants, c’est la bipolarité intrinsèque qu’ils renferment, cette capacité qu’ils ont à se montrer différents, allumés, de ce qu’ils paraissaient, éteints. À transformer radicalement l’espace qui les entoure, surtout. » Il y a toujours un effet de surprise avec une lampe, explique Nathalie Dewez. J’aime regarder la place qu’elle prend dans la pièce, observer les effets lumineux qui s’installent, sachant que j’essaie toujours d’être la plus économe possible en matière pour optimiser l’éclairement. C’est un jeu permanent d’essai-erreur. «
Pour l’aider à tenir bon, Nathalie Dewez a pu compter sur le soutien des cinq autres membres de l’atelier A1 ( NDLR : Marina Bautier, Benoît Deneufbourg, Elric Petit, Diane Steverlynck et Sylvain Willenz, Designer de l’année 2009), des amis avec lesquels elle prend toujours plaisir à travailler dès que l’occasion se présente même si cette colocation fructueuse s’est terminée l’an dernier. » Nous menions chacun nos projets de manière indépendante, mais nous avions en commun une certaine manière d’aborder l’objet, rappelle-t-elle. On partageait le loyer, bien sûr mais c’était plus que ça. On se tuyautait pour remplir les dossiers à la Communauté française, on échangeait des adresses de fabricants, on se regardait travailler, tout simplement, et ce faisant, nous avons tous appris énormément les uns des autres. »
Depuis le mois de juin dernier, la jeune femme de 36 ans a emménagé dans un nouveau studio, à Saint-Gilles. Un lieu où s’empilent maquettes et morceaux de prototypes, comme ces feuilles d’aluminium perforées et pliées ayant servi à l’élaboration de l’Ellipse, une suspension bien balancée dont elle a le secret et qui trône en bonne place dans une des pièces d’exposition de la Ampersand House & Gallery, à Bruxelles. Un de ces lieux bruxellois atypiques et généreux où elle aime se poser. Et qu’elle nous a fait découvrir pour mieux se dévoiler tout en parlant des autres. Portrait en creux.
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