L’architecte renommé Frank Gehry, né à Toronto en février 1929 et récipient du prestigieux prix Pritzker, entre autres accolades, est mort ce vendredi 5 décembre. Il avait 96 ans, et avait encore réalisé en 2018 le Centre consacré à l’art contemporain de la fondation artistique Luma, à Arles.
C’est un véritable monument de l’architecture qui s’en est allé. L’américano-canadien Frank Gehry était connu pour ses structures immédiatement reconnaissables grâce à leurs formes aux proportions fluides. Comme en mouvement permanent.
L’Opus Hong Kong, le musée d’art contemporain Fondation Guggenheim à Abou Dabi, le Vitra Design Museum de Weil am Rhein… Mais aussi le Walt Disney Concert Hall de Los Angeles ou encore le Musée Guggenheim de Bilbao… En près de 50 ans de carrière, cet esprit visionnaire aura fait sortir des bâtiments emblématiques de terre sur tous les continents – ou presque.

Récompensé du prix Pritzker en 1989, il avait reçu la médaille présidentielle de la Liberté de Barack Obama en 2016. Et était apparu dans un épisode des Simpson, où il construisait à Springfield un opéra inspiré d’une boule de papier chiffonné.
Une oeuvre indissociable de l’art
Telle était sa renommée, mais aussi, celle de son style immédiatement reconnaissable. Lequel lui lui valait d’être aussi applaudi de ses pairs que du grand public. Formé originellement en ingéniérie, il avait commencé à s’intéresser à l’architecture après une rencontre décisive… avec un certain Alvar Aalto. Dont le nom figure lui aussi au panthéon d’une discipline où Frank Gehry n’aura eu de cesse de s’illustrer.
De lui, notre consoeur Marie-Noëlle Demay, journaliste au Figaro, écrivait dans un portrait récent que « son œuvre est indissociable de l’art en général et de la musique en particulier, à laquelle il voue une passion absolue ».
Il n’y a pas si longtemps de ça, alors qu’il aurait pu profiter depuis plusieurs années déjà d’une retraite bien méritée, il avait conçu les décors de l’opéra Iphigenia, dont la première avait eu lieu en novembre 2021 au ArtsEmerson de Boston.

« L’architecture devrait parler de son temps et de son lieu, mais aspirer à l’intemporalité » a dit un jour Frank Gehry. Nul doute que les bâtiments qui portent, si pas tous son nom, du moins sa patte, lui survivront longtemps. « Tordues » pour leurs critiques, leurs formes typiques de l’architecture déconstructiviste attirent immanquablement le regard.
Trop, peut-être? « Les grands artistes sont toujours taxés de fous, je crois, donc je devrais être flatté » avait-il offert en guise de réponse à ceux qui critiquaient son style. Flatté, et fier d’une carrière qui l’aura emmené aux quatre coins du monde et contribué à le rendre encore plus intéressant à regarder.