Derrière chaque objet iconique se cache une saga créative. C’est le cas de la F300, l’assise star imaginée par Pierre Paulin (1927-2009). Elle est éditée pour la première fois en 1967 et fera à nouveau le charme des intérieurs car elle est rééditée.
«Le favori du président»: rares sont les designers français qui ont pu inscrire une telle mention à leur palmarès. Pierre Paulin, lui, se l’est allègrement autorisé, et pour cause: Georges Pompidou lui a demandé de concevoir les appartements privés de l’Élysée, François Mitterrand lui a confié la réorganisation de son bureau, et Jacques Chirac a fait appel à ses services pour redessiner la salle à manger présidentielle.

La F300, sa création phare
Mais Paulin s’était déjà fait un nom bien avant ces prestigieuses commandes. En 1964, à l’âge de 37 ans, il avait attiré l’attention d’Artifort, le fabricant néerlandais de mobilier qui incarnait, à l’époque, l’esprit d’innovation. Le designer s’est alors mis à expérimenter de nouveaux matériaux, explorer des méthodes de production inédites et tester de nouvelles assises. S’il finançait certains de ses prototypes lui-même, d’autres étaient proposés à Artifort. C’est ainsi qu’au milieu des années 1960, il esquissait les premières lignes de ce qui allait devenir, en 1967, la F300. Le fauteuil a directement provoqué la surprise et l’admiration, grâce à ses courbes fluides et son côté novateur.
«Mais la F300 est bien plus qu’un objet sculptural et photogénique, raconte Benjamin Paulin, le fils du designer. Sa forme oblige instantanément à se détendre dès qu’on s’y installe.» C’était d’ailleurs la clé de son succès: la chaise incarnait à merveille la culture lounge nonchalante et axée sur le confort, qui a traversé les années 1970.
Une nouvelle vie pour cette assise moderne
Près de soixante ans plus tard, l’entreprise danoise Gubi redonne vie à la F300. Un choix logique, selon sa PDG, Marie Kristine Schmidt: «La F300 ne présente ni lignes droites ni angles durs. Elle exprimait déjà à l’époque une nouvelle manière de vivre: plus libre, plus fluide, plus expressive. On peut s’y asseoir, s’y prélasser ou s’y allonger; elle s’adapte à vous. Et c’est précisément ce qui la rend encore si pertinente aujourd’hui. Elle dégage un sentiment de modernité, d’optimisme et de possibilités infinies.»
