Notre personnalité de l’année 2023 est… Lionel Jadot

© Photo Alexander Popelier

Avec une énergie incroyable, il a fédéré une cinquantaine d’artisans autour du projet immobilier du Mix à Bruxelles. Sa démarche à la frontière de l’art et du design nous insuffle une dose d’optimisme pour l’avenir.

L’un de ses amis nous a prévenus : Lionel Jadot (54 ans) sait se faire attendre. Alors que l’équipe de journalistes et de photographes s’affaire déjà pour préparer son shooting, celui de la Personnalité de l’année décernée par Le Vif Weekend, notre homme est introuvable. Il devait « régler quelque chose » et s’est éclipsé dans les méandres de ce vaste entrepôt réaffecté de 6 000 m2, où il a fondé Zaventem Ateliers – un hub créatif rassemblant son propre studio et une vingtaine d’artisans indépendants.

Qu’à cela ne tienne, nous profitons du moment pour nous immerger complètement dans cet endroit chargé d’un bazar des plus hétéroclites. Ses créations upcyclées – qu’on hésite à classer dans la catégorie collectible design ou art et qu’importe, le créateur déteste les étiquettes – y voisinent avec des déchets iconoclastes, quelques meubles baroques, une batterie, des ordinateurs… et une joyeuse bande de chiens qui jappent dès qu’un collaborateur du bureau se déplace.

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Cette caverne d’Ali Baba, c’est un peu la matérialisation de son cerveau… « J’ai un petit côté syndrome de Diogène, confesse Lionel Jadot, un brin amusé, lorsqu’il nous rejoint finalement pour discuter. J’accumule tout ce que je trouve car je sais que ce sont de futurs projets. Récemment, j’ai imaginé deux pièces avec des trucs que j’avais depuis quinze ou vingt ans. Je garde tous ces rebuts dans un coin de ma tête et tout à coup, il y a un pont mental qui se forme entre plusieurs d’entre eux et une création voit le jour. »

Valoriser l’artisanat

Et si une de ces œuvres doit disparaître plus tard, aucun souci, poursuit notre interlocuteur : « Je peux librement la mutiler ou la détruire… Ça date de quand j’étais petit. Ma sœur et moi jouions dans l’atelier familial de fabrication de sièges sur mesure et nos parents nous autorisaient à utiliser tout ce qui était par terre. Nous construisions des cabanes et des châteaux et puis nous n’hésitions pas à les casser ! Si un objet redevient un matériau, c’est bien aussi pour moi. »

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Ne le croyez cependant pas tête brûlée ou inconséquent ! Si Lionel Jadot a fait l’unanimité quand il a fallu désigner une personne ayant marqué cette année 2023, c’est parce que malgré cette décontraction affichée, le Bruxellois sait ce qu’il fait. Son approche du design et de l’architecture d’intérieur encourage le réemploi, l’économie de matériau et le local : autant de vertus qui se sont cristallisées dans un méga projet, inauguré en juin dernier, celui de la réaffectation de l’ancienne Royale belge, à Bruxelles, en un complexe polyvalent, le Mix. Soit plus de 20 000 m2 transformés en un hôtel 4-étoiles, un food court, une salle de sports, un coworking ou encore des studios pour séjour longue durée…

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Une métamorphose XXL dans laquelle Lionel Jadot a fait intervenir une cinquantaine d’artisans – tant pour des chaises, des tables, des luminaires, des tapis….

Local avant tout

« Ce qui m’anime, c’est de focaliser l’attention sur une énergie créative locale, dit-il. Et d’inciter mes clients à dépenser leur budget différemment. Pour ce chantier-ci, je leur ai dit que leur argent allait servir à trois choses : aider au développement de jeunes structures, créer la plus grande collection de collectible design pour un hôtel, et avoir un outil de communication intéressant, avec une histoire à raconter derrière chaque pièce. C’est sûr que ça coûte un peu plus cher que de commander un mobilier anonyme en Chine. Mais si le processus est vertueux, ça ne peut que marcher. »

‘Si le processus est vertueux, ça ne peut que marcher.’

Et de raconter comment il a commandé, pour cette rénovation d’ampleur, plusieurs dizaines de tables en métal soudé à un tout jeune designer, Arthur Vandergucht, qui était venu lui présenter son travail. « Si je le sens, je peux donner ma confiance immédiatement. On avait à peine parlé quand je lui ai dit que c’était ok. Quand on peut se passer de discussions sans fin et de plannings qui effraient, on évite de poser une charge mentale trop lourde. Cela apporte une énergie nouvelle. »

Se marrer, toujours

Et le résultat est à la hauteur : ce fleuron du patrimoine de notre capitale a retrouvé toute sa superbe et a fait parler de lui très vite, même au-delà des frontières belges. Et tous ceux qui y ont participé ont pu mettre leur travail en avant, et booster leur carrière. Ce qui est vraiment le cheval de bataille de Lionel Jadot qui ne reçoit aucune commission dans ce processus de mise en relation.

« Il y a eu un délitement de l’artisanat au niveau européen mais depuis une dizaine d’années, il y a beaucoup de studios qui redémarrent, d’initiatives qui se développent partout pour réinventer les matériaux et les techniques, et il faut les soutenir. Cette force-là est une énergie très importante pour un pays », martèle celui qui ne veut pas être qualifié de chef d’orchestre pour autant.

Un aperçu de la galaxie Jadot


Mais où puise-t-il cet enthousiasme sans faille qui l’anime dans de telles aventures ? A 50 ans passé, cet autodidacte aux allures de motard nous avoue avoir eu l’occasion d’y penser. Et c’est dans sa jeunesse qu’il trouve une explication. « Ma maman est décédée quand j’avais 18 ans. Et j’ai alors pris conscience de notre côté périssable, confie-t-il. Face à l’adversité, il y a deux options : soit on subit, soit on essaye de changer les choses de façon positive en faisant ce qui nous plaît. »

Accepter l’échec

Un autre fait durant l’enfance a également marqué le designer : l’ostéosarcome de son meilleur ami qui a mené à l’amputation d’une jambe. « Ça a commencé à 10 ans et il a suivi des traitements de fou, se remémore-t-il. J’ai passé toute ma jeunesse avec lui, à vivre ça. Il avait une énergie hallucinante. Quand je me réveillais le matin un peu fatigué, je me disais qu’Arnaud avait plein de soucis de santé et que pourtant il continuait à se marrer et aller, en pleine chimio, motiver les autres malades de son étage. Inconsciemment, ça m’a appris que même face aux épreuves, il faut continuer avec panache et en s’amusant. »

‘J’ai toujours 15 ans dans ma tête et je ne sais pas de quoi demain sera fait.’

Avec sa carrure large et son verbe aiguisé, Lionel Jadot semble donc inébranlable. Le doute ? Il ne connaît d’ailleurs pas vraiment. « Mes parents ont toujours cru en moi et m’ont offert la liberté totale de choisir ma voie. Cela m’a donné une grande confiance en moi, analyse le quinqua. Ce qui fait que face à toute situation, je choisis très vite ! Je suis mon intuition et je ne laisse pas au doute le temps de respirer. Je n’ai pas peur de me planter, ça fait partie de la vie. De toute façon, nous ne sommes qu’un point sur un petit caillou au milieu de nulle part. Franchement un échec, ce n’est rien si on dézoome. »

Lionel Jadot en bref

  • Lionel Jadot naît à Bruxelles en août 1969.
  • Après quelques difficultés scolaires, il suit des études secondaires aux beaux-arts.
  • A 18 ans, il perd sa maman alors qu’il se prépare à partir à Florence faire une école de design.
    Il décide de rester à Bruxelles pour aider son père à maintenir l’atelier familial de fabrication de sièges haut de gamme sur mesure. Il y œuvre dix ans avant de créer son propre atelier.
  • A son compte, il développe des objets de collectible design mais aussi des projets d’architecture d’intérieur. Il réalisera notamment l’hôtel Jam à Bruxelles, les bureaux de Silversquare au boulevard du Triomphe ou encore un restaurant pour le grand chef Marc Veyrat à Paris.
  • En 2018, il fonde Zaventem Ateliers, une pépinière de talents rassemblant de nombreux artisans, et ses bureaux personnels.
  • En 2021, il défraye la chronique au Salon du meuble de Milan en investissant une usine désaffectée avec les artisans de son hub créatif. Un moment festif et
    décalé.
  • En juin 2023, il inaugure le Mix, à Bruxelles, un vaste projet avec un hôtel autour duquel il a fédéré de très nombreux artisans.
    lioneljadot.com

zaventemateliers.com

De Bruxelles à New-York

Il n’empêche, malgré cette vision qui peut, selon ses propres mots, relever de « l’inconscience ou l’utopisme », il cumule les projets importants. Rien que pour 2024, il y aura un hôtel Jam à Gand, un 5-étoiles à Liège et un autre établissement à Bruxelles, mais aussi des intérieurs privés et un concept comme le Zaventem Ateliers en développement au Portugal. Sans oublier Cohabs, une start-up qu’il codirige et qui met sur pied des espaces de coliving, dans d’anciens bâtiments, de Bruxelles à New York, en passant par Madrid. A côté de cela il trouve aussi du temps pour préparer un livre sur l’aventure du Mix, pour le printemps, faire un peu de cinéma – une expérience pas si différente du design, où il est aussi question de fédérer les bonnes personnes –, et bien sûr pour s’occuper de sa famille, sa femme – l’actrice Astrid Whettnall – et ses trois grandes filles, à qui il entend aussi laisser la liberté qu’il a eue jeune de tracer sa route sans entraves.

Poursuivre sa voie

Autant d’arguments massues qui justifient notre choix de cette personnalité rock’n’roll et solaire pour clôturer 2023. Un titre qu’il accueille avec prudence toutefois. « Je n’ai pas fait d’études, je n’ai jamais eu de beaux bulletins, ça fait bizarre de recevoir une mention. Je suis touché. Mais c’est une responsabilité dans ce monde, avec tout ce qui se passe. Moi, j’essaye de poursuivre ma voie, avec cette énergie, pour faire des choses avec la même croyance en mes valeurs depuis plus de trente ans. Je n’ai jamais réfléchi que je voulais en être à ce point aujourd’hui dans ma vie. J’ai toujours 15 ans dans ma tête et je ne sais pas de quoi demain sera fait. Et si tout devait s’arrêter, ce n’est pas grave. Je sais que j’irai dessiner à la craie sur les trottoirs et me faire payer pour ça. Ça ne me fait pas peur de devoir redémarrer, tant que j’ai toujours deux mains pour faire les choses. »

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Et puisque cette année ne se termine pas de façon très rose dans le monde, nous ne pouvons nous empêcher de lui demander s’il lui arrive d’être pessimiste… Ce à quoi il répond, en guise de conclusion : « Le monde tend à être manichéen. Le rôle des personnes créatives comme moi est de montrer qu’il y a des nuances. Rien ne sert de s’apitoyer, il faut trouver, chacun à son échelle, de petits leviers pour un monde meilleur. » Bâtir même au-delà des ruines – un titre emprunté à la comédienne Yolande Moreau –, sera le thème de son expo pour le Salon du meuble de Milan l’an prochain. Et cela pourrait devenir notre mantra à tous.

La galaxie Lionel Jadot

Jean-Claude Jadot, son père

« Mon atelier, c’était son terrain de jeu. Il passait son temps à y dessiner des BD, souvent avec des dragons, ou à bricoler des objets avec ce qu’il y trouvait, et mes ouvriers lui donnaient des conseils. Il devait avoir 8 ans quand il a fabriqué sa première petite chaise avec du tissu et du bois. Et chaque fois qu’il avait un peu d’argent de poche, il courait sur la place du Jeu de Balle pour acheter des choses. Collectionner et récupérer, il a eu ça très tôt en lui. Il ne trouvait pas sa place dans l’enseignement secondaire général. Il réussissait, mais sans plus.

Un jour, je lui ai demandé : qu’est-ce que tu voudrais vraiment faire ? Il rêvait de l’académie des beaux-arts. Je n’ai jamais rien voulu imposer à mes enfants. Je préférais leur dire : fais ce qui te rend heureux. Une fois entré là-bas, tous les soucis ont disparu. Ses professeurs me demandaient pourquoi je venais à la réunion de parents, tellement il était exemplaire et passionné. Je devais régulièrement le rappeler à l’ordre à 2 heures du matin, parce qu’il était encore à sa table à dessin (rires).

Depuis, il s’est développé au niveau professionnel d’une manière extraordinaire. D’abord dans mon atelier, puis dans son propre studio. Ce que j’admire chez lui ? Qu’il se soit toujours battu pour réaliser ses rêves. Et qu’il y soit toujours parvenu grâce à son inépuisable enthousiasme. Je me souviens avoir reçu autrefois des remarques dénigrantes de la part de certaines personnes de mon entourage. Comme quoi l’art n’était pas une formation sérieuse. Comme si tout le monde devait devenir ingénieur ou avocat. Eh bien, j’espère que tous se retrouveront avec ce magazine entre les mains (rires). » ​

Dimitri Jeurissen, ami et âme sœur professionnelle

« Lorsque j’ai rencontré Lionel, nous nous sommes très vite intéressés au travail l’un de l’autre. Nous travaillions aussi dans des domaines complémentaires (NDLR : Dimitri Jeurissen est le fondateur de Base Design, une brand building agency). A l’époque, beaucoup de nos conversations tournaient autour de la façon de pousser nos entreprises à un plus haut niveau. Très sincèrement, lorsqu’il m’a parlé pour la première fois de son idée pour Zaventem Ateliers, j’étais sceptique.

C’était surtout la localisation, dans une zone industrielle, qui m’inquiétait. Mais il est resté accroché à sa vision. Sans être têtu : Lionel est toujours ouvert au point de vue des autres. Ensemble on va plus loin que tout seul, estime-t-il. Mais lui-même sait très bien aussi où lui veut aller. Il a très vite été clair qu’il y avait vraiment besoin d’un endroit comme ça pour des designers. Un endroit où non seulement ils peuvent exercer leur métier, mais aussi collaborer entre eux, se renforcer mutuellement.

Ce sont les gens qui font un tel endroit. Nous avons beaucoup discuté de qui nous devions rassembler là, mais aussi du potentiel du hall comme espace d’exposition. La manière dont il a mis sur pied et organisé Zaventem Ateliers est tout simplement fantastique. J’admire son énergie pour concrétiser sa vision. On peut être visionnaire, mais sans la persévérance on ne va nulle part. Lionel a l’esprit pratique, il n’a pas peur de prendre des risques et en même temps il est réfléchi.

Il fait preuve d’un positivisme ludique qui transpire dans les endroits qu’il crée. Ces quinze dernières années, il m’a surtout donné beaucoup d’envie. L’envie de faire des choses, de visiter, d’entreprendre, d’être curieux. Une chose encore : il est toujours en retard. C’est pour ça que de temps en temps je me permets de lui fixer une heure qui n’est pas la vraie (rires). »

Erika Schillebeeckx & Justine de Moriamé, du Studio Krjst, duo spécialiste du design textile membre de Zaventem Ateliers


« On a découvert le travail de Lionel via les images d’un chalet de montage incroyablement aménagé par ses soins, puis au travers des pièces d’art de son projet Mixed Grill, et ses choix singuliers nous ont tout de suite intriguées. Qu’il signe une œuvre, un hôtel de luxe ou une chaise, il crée toujours avec justesse des pièces libres et instantanément reconnaissables.

On a commencé à exposer avec lui à la Collectible Art Fair en 2020, puis on a développé une lampe ensemble en 2021, et depuis, il nous invite très régulièrement à créer des pièces pour ses projets d’architecture. C’est très agréable pour nous parce qu’il y a très peu de contraintes avec Lionel : c’est quelqu’un de très respectueux du travail des artistes avec qui il collabore, et il réussit à être à la fois pointu et très généreux dans sa façon de co-créer et de déléguer. Il a beau être débordé, il trouve toujours le temps pour les autres.

Dès nos débuts, il a cru en nous et en notre potentiel et il nous a toujours fait nous sentir légitimes dans ce qu’on fait sans nous donner l’impression qu’on devait changer quoi que ce soit. Peut-être parce que lui-même ne sait pas bien si on vit dans le monde réel ou dans une simulation ? Quand on s’inquiète pour quelque chose, il nous lance toujours en souriant : « Détendez-vous les filles, tout cela n’existe pas de toute façon. »

Sans vouloir perpétuer les clichés sur le design belge, avec son travail et ce qu’il incarne, Lionel fait du bien au moral en se distinguant d‘un design souvent plus « sérieux » ou « raisonnable ». »

Cristina Gusano, architecte d’intérieur

« Quand j’étais étudiante, j’ai lu un article où Lionel parlait de l’importance de souligner le vécu des objets en fonction des esprits de chacun, et ça a résonné en moi. Je me suis dit que si je ne bossais pas chez lui, je ne bosserais chez personne d’autre, et quand j’ai reçu mon diplôme d’architecte d’intérieur, je l’ai tanné pendant un an pour rejoindre son équipe jusqu’à ce qu’une place se libère.

Lors de mon entretien d’embauche, j’étais écrasée d’admiration et super timide, mais Lionel a le don de mettre les gens à l’aise. Quand on admire quelqu’un, on a toujours tendance à se faire des films, mais dans son cas, il a dépassé mes attentes, parce que jamais je n’aurais pu imaginer qu’il serait aussi naturel et généreux au quotidien. Cela vaut pour ses collaborateurs, mais aussi pour sa vision du design : son travail invite à prendre conscience de tout ce qui se passe autour de nous, avec un immense respect pour les matériaux et les personnes. I

l veille à ce que tout le monde soit conscient de la manière dont il fonctionne pour que plus de gens imitent ce fonctionnement : c’est le porte-parole d’un design plus responsable. Aujourd’hui, c’est très tendance de penser en termes de durabilité, mais cela fait vingt ans que ça préoccupe Lionel : il est parmi les premiers designers belges à avoir insisté sur l’upcycling et la mise en valeur du travail des artisans. Si toujours plus de personnes boudent le design sur catalogue et préfèrent revenir à un respect de l’artisanat et de la matière, c’est en partie grâce à lui. »

Arno Declercq, designer

« Lionel fait beaucoup pour les jeunes designers. Il leur donne leur chance en les impliquant dans les grands projets qu’il décroche, sans en tirer profit. Il ne prend par exemple pas de commission, ce qui est très rare dans ce secteur-là. A cause de ça, il passe chaque mois à côté de plusieurs milliers d’euros. Mais il fait ainsi en sorte que du collectible design reste accessible pour ses clients. Et avec ça il crée des emplois et des opportunités. C’est une première chose.

Il va mettre son ego de côté pour entraîner toute la bande dans ses aventures. J’ai monté avec lui Baranzate Ateliers (NDLR: Zaventem Ateliers en déplacement pendant la Milan Design Week). J’ai souvent failli laisser tomber parce que je ne trouvais plus l’énergie pour tirer les autres avec moi. Lionel, au contraire, était imperturbable. Sans lui, Zaventem Ateliers n’aurait tout simplement pas existé et de nombreux designers n’auraient pas pu faire ce qu’ils font aujourd’hui.

C’est toute une économie qui tourne autour de lui. Il prend souvent de grands risques, sans avoir peur. « Si on pense de manière positive, alors tout prend un tour positif », c’est ce qu’il dit tout le temps. J’admire cette attitude. Moi-même je suis une exception au sein de Zaventem Ateliers : je gère mon propre studio, j’ai ma propre équipe, sans dépendre de Lionel. Je me considère comme étant avec lui à la barre plutôt qu’un simple passager du bateau.

Ce que je veux dire, c’est que moi aussi j’implique d’autres personnes dans mes propres projets, par exemple en proposant d’autres personnes à mes clients, comme le fait Lionel. Et même si aujourd’hui je pourrais parfaitement acheter mon propre atelier, je reste ici. Par respect pour lui et pour ce qu’il a fait pour nous rassembler. Mais s’il n’était plus là, je partirais. En tant que facilitateur dévoué, motivateur inépuisable, gérant généreux et aventurier au niveau financier, il est juste irremplaçable. »

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