La designer Marina Bautier aime cuisiner, aller à l’essentiel et la menuiserie. Portrait de cette artiste multicasquette.
Depuis douze ans, à son propre rythme, Marina Bautier produit des meubles et des accessoires pour la maison à l’esthétique sobre et durable. Dans son showroom boutique bruxellois et dans son Café Bautier, elle partage son style de vie fait d’essentiel. Elle inaugure aujourd’hui deux logements d’hôtes au-dessus de son QG.
Lire aussi: David Hicks, le décorateur devenu légende
Sa marque de fabrique
« C’est l’authenticité. Je cherche à aller vraiment à l’essentiel. Et cela se traduit également dans mes projets, dans mon design, dans le choix des produits que je propose dans ma boutique, je veux que cela fasse sens. »

Sa créatrice de mode préférée
« C’est Margaret Howell. Elle est anglaise et doit bien avoir presque 80 ans. Je ne la connais pas personnellement mais j’adore son projet, de A à Z. J’aime son style sobre, mais pas non plus tout à fait minimal. Chez elle, tout est fabriqué en Angleterre avec des matériaux de qualité. Ses magasins sont magnifiques, surtout son flagship store à Londres. Elle y vend aussi quelques meubles, elle est très attachée à la production locale. L’ensemble est très cohérent. »
Son magasin préféré
« C’est Manufactum, je connais surtout celui de Cologne dans la Brückenstrasse. Et j’aime surtout leur espace café, Brot & Butter, avec du pain au levain, des assiettes de produits frais et un comptoir de fromages. Cela m’a inspirée pour créer mon café dans ma boutique. »

Son addiction
« J’ai une addiction : les livres de cuisine. Ma fille les a comptés, je crois que j’en ai 268, je ne sais plus, j’ai oublié le chiffre! Le dernier que je me suis offert, c’est celui de Jess Elliott Dennison, Midweek recipes, simple cooking from my Edinburgh Studio. Au café Bautier, c’est moi qui élabore les recettes à partir de ce que je teste, en ajustant un petit peu. Je ne suis pas les recettes à la lettre ni au gramme près, je cuisine de manière très simple, des trucs qui ne me casse pas la tête, enfin pas trop pour pouvoir discuter avec mes invités et cuisiner en même temps.

Je collectionne la céramique. Mais est-ce une collection ou plutôt une compulsion d’achat? Je me suis cependant un peu calmée, enfin, cela dépend, c’est par phase! J’aime vraiment la céramique, surtout l’utilitaire, la vaisselle, les théières. Ce sont d’abord les formes qui m’attirent, ensuite les teintes, les verts surtout et la possibilité de les utiliser, cela fait partie de leur attrait. Je rêverais d’avoir une grande vitrine où ranger ma collection et que je puisse y avoir accès facilement, je n’aime pas que ce soit stocké dans une boîte au fond d’un placard. »

L’objet dont elle ne se débarrasserait jamais
« C’est mon poivrier. C’est celui de mon enfance. J’y tiens beaucoup, c’est un souvenir, comme beaucoup d’objets qui m’entourent, l’attachement que j’éprouve est lié à leur provenance. »
Son plaisir coupable
« C’est le chocolat, mais ce n’est pas si coupable que ça. Je ne bois jamais mon café du midi sans une mignonette… J’ai été élevée au Côté d’or mais je cherchais une alternative et jusque-là, je n’étais pas parvenue à retrouver le goût de mon enfance. Puis j’ai découvert le Meurisse, que je trouve très bon, presque meilleur, même si je continue à craquer de temps en temps pour le Côte d’or. »

Elle ne pourrait vivre sans
« Mon carnet de croquis. J’utilise le même depuis vingt ans, il vient de chez Muji, j’aime avoir quelques routines. J’ai commencé à en acheter quand j’étudiais le design de meuble et produit en Angleterre, au Buckinghamshire Chilterns University College. Je l’ai toujours dans mon sac, on y trouve surtout mes dessins, avec de temps en temps, ceux de mes enfants qui me volent quelques pages. J’y esquisse mes idées, c’est vraiment mon outil de travail. Je les ai tous gardés, ils sont datés et rangés dans mon bureau. »
L’attachement que j’éprouve aux objets qui m’entourent est lié à leur provenance


Dans une autre vie
« Je serais potier. Quand j’étais petite, je disais que je voulais être inventeur. Et puis ado, j’ai eu un atelier de menuiserie à moi, dans la cave familiale. Et quand après mes secondaires, j’ai découvert cette école en Angleterre qui avait un cours de « Furniture and Product design » et qui était réputée pour son ébénisterie, cela a été le rêve. »
Son secret pour rester en forme
« C’est la course à pied, cinq kilomètres, trois fois par semaine. Pas dans le parc Duden tout proche, il est trop pentu et un peu trop petit pour courir une telle distance, il faut alors faire deux fois le tour, j’ai plutôt mes petits trajets dans le quartier. Je m’y suis mise du jour au lendemain, il y a deux ans, avec l’envie de me remettre en forme. C’est la première fois de ma vie que je suis une pratique dans la durée. J’aime bien parce qu’il ne faut rien préparer: je pars de chez moi, ça prend une demi-heure et surtout, je laisse mon téléphone à la maison. »
Ses enfants
« Ils ont changé ma perception du temps. J’avais comme une urgence dans la vie, une urgence de faire des choses. C’est encore le cas aujourd’hui : dès que j’ai une idée, je veux la mettre en œuvre immédiatement. Mais j’avais alors cette sensation pas totalement conscientisée que la vie pouvait s’arrêter demain. Avoir des enfants m’a donné une perspective à long terme. Je me suis tout à coup vue grand-mère, et, de manière assez concrète, cela a changé ma perception, je pouvais donc avoir des projets qui s’inscrivent dans le temps long. »

Marina Bautier (45 ans)
– Elle a lancé Bautier, sa marque de mobilier à son nom, en 2013 puis ouvert son café avec une carte simple et saisonnière dans sa boutique en 2021.
– Aujourd’hui, elle inaugure deux appartements totalement à son image au-dessus de son showroom forestois.
Infos: Bautier Apartments, 314, chaussée de Forest, à 1190 Bruxelles, à partir de 180 euros la nuit.