Pupa ou l’art de faire le mur

© IDRISSE HIDARA

Armée de ses marqueurs Posca, l’artiste liégeoise Pupa customise des intérieurs, utilisant les murs comme d’autres la toile. Toujours ouverte à de nouveaux projets, elle collaborera prochainement avec Decathlon et prépare des performances pour cet été.

Wall designer, c’est ainsi que se définit la pétillante trentenaire que nous rencontrons autour d’un petit-déjeuner au Café Grand Maison, à Liège – une de ses adresses favorites. Cela fait plusieurs années que Pupa réalise des fresques murales, dans des lieux privés ou publics, en se laissant inspirer par la faune, la flore mais aussi l’architecture ou les tissus. « Les animaux et les plantes font partie intégrante de mon univers. Je trouve passionnant que la vie se crée vraiment partout », raconte-t-elle. Depuis son enfance, la Liégeoise voit ses croquis comme une thérapie. « J’ai vraiment besoin de dessiner. Sinon j’ai les fils qui touchent et ça n’va nin. Je n’ai pas les frites toutes dans le même sachet… », rigole-t-elle en utilisant volontairement le franc-parler local.

Dès l’âge de 9 ans, Pupa commence à affiner son trait et, en parallèle, découvre la nature avec son grand-père – « Il avait un chouette jardin, on faisait des courses d’escargots et on donnait des prénoms aux oiseaux. » Elle s’imagine d’abord fleuriste mais, très vite, se rend compte qu’elle peut élaborer des bouquets à l’aide de ses crayons… Petit à petit, elle intègre ses autres points d’intérêt à ses esquisses. « C’est marrant parce que tout ce que je dessine à l’heure actuelle, c’est tout ce que je désirais faire en étant gamine. J’ai voulu être vétérinaire, architecte, styliste… Et quelque part, mon métier actuel regroupe ces passions-là. » Son nom d’artiste, Pupa, lui vient également de sa jeunesse: « Mon tonton m’appelait comme ça parce que j’ai deux grosses joues rouges. Je suis italienne d’origine et il a dit: « Ma che carina la pupa! » – « mais qu’elle est mignonne cette poupée. » Et c’est resté. »

u003cstrongu003eJ’ai voulu u0026#xEA;tre vu0026#xE9;tu0026#xE9;rinaire, architecte, styliste… Et quelque part, mon mu0026#xE9;tier actuel regroupe toutes ces passions-lu0026#xE0;u003c/strongu003e

Coiffée d’un épais ruban, la designer salue ses nombreuses connaissances en sirotant avec nous sa limonade et en retraçant son parcours. Sa carrière a démarré avec le lancement de l’Appartement, une galerie nomade ouverte à de nombreux créateurs. Formés en ASBL, ils décorent désormais ensemble des appartements, des lofts, organisent des événements (1)… « Au début, quand j’ai voulu exposer, j’ai été refusée, on m’a fermé plein de portes », justifie-t-elle.

D’humeur très speed, Pupa a toujours plein de projets sur le feu. Ainsi, elle développe actuellement de petites collections de fresques, présentées sous forme de « magazines », à proposer à ses clients afin que la réalisation soit moins onéreuse. Le sur-mesure est en effet plus coûteux car il demande plus de travail. A côté de ça, Pupa collabore aussi avec des commerçants et de grandes marques présentes dans sa ville. Notamment, elle ébauche une peinture sur moulures, pour le bureau de l’architecte de Romain Thiry dont l’ouverture est prévue en septembre.

Elle va également travailler avec Decathlon qui développe un hub créatif. Un endroit où on ne vendrait plus uniquement du matériel de sport, mais où la clientèle pourrait boire un café, s’entraîner… Sans oublier que, cet été, elle assurera des live paintings durant lesquels le public pourra voir et même participer à la réalisation d’une oeuvre (2). Une expérience déjà réalisée pour Ikea en 2018: « Les gens pouvaient customiser des feuilles. Ils étaient tout fous de voir le résultat et de se dire « J’ai participé à ça ». Ça donne lieu à des belles rencontres. »

Pour s’assurer une certaine stabilité financière, l’artiste travaille par ailleurs depuis peu, deux jours par semaine, pour F.A.R., le réseau des femmes actives en Belgique. Un job auquel elle a vite pris goût: « J’adore entreprendre et dans ce groupe, j’ai l’impression d’être ma propre patronne. » Au passage, elle revient sur le métier de fromagère, qu’elle assumé pendant deux ans… Sur tous les fronts et toujours accompagnée de son sourire et de ses marqueurs Posca, elle garde en tête une phrase de Nelson Mandela: « Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j’apprends. » Avec l’accent liégeois, ou pas.

(1) www.bypupa.be

(2) Ce 21 juin, pour 4000 Sessions, au Pôle Image, à Liège, et le 4 août dans le cadre d’Envol d’artistes, à Thimister-Clermont.

Bio express

1988 Naissance à Liège.

2005 Rencontre avec son compagnon, son pilier dans l’artistique.

2016 Ouverture du magasin de vins, bières et spiritueux de son compagnon, dans lequel elle s’est beaucoup investie.

2017 Premier contact avec Posca, marque de marqueurs dont elle est ambassadrice.

2018 Formation chez CreaPME, programme d’accompagnement à la création d’entreprises.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content