Trois manières un peu déjantées de pimper son sapin de Noël
Faut-il absolument orner son arbre de Noël de grosses boules rouges scintillantes et de loupiotes clignotantes? Epineuse question! Ces trois foyers ont tranché et imaginé leur propre tradition.
C’est une coutume: depuis qu’ils sont ensemble, Anneke Verheyen et Bram Verheyen achètent une boule de Noël spéciale, chaque année, et n’accrochent rien d’autre à leur sapin, à part des guirlandes lumineuses. Au fil du temps, leur collection a bien grandi.
Il y a quelques années, alors qu’ils se promènent dans la Kloosterstraat, à Anvers, durant les fêtes, Anneke et Bram passent devant une vitrine garnie de boules de Noël très particulières. Ils tombent sous le charme. « Tout le magasin était rempli de décorations les plus folles qu’on puisse imaginer, se remémore Anneke, graphiste de formation. Après dix minutes, Bram et moi avons décidé qu’on pouvait en choisir une comme cadeau de Noël. C’était une boule en forme de tête de dinosaure. On a très vite décidé que ça deviendrait une tradition chaque année pour pouvoir revenir dans cette boutique. » Pragmatique, Bram – menuisier et garnisseur de métier – complète sa compagne: « Ces boules étaient aussi un peu trop chères pour en acheter directement dix. Certaines coûtent autour des 30 euros, en fonction de leur taille et des détails. On trouvait ça quand même exagéré de dépenser directement 300 euros pour le sapin. Anneke peut en choisir une chaque année, mais elle me demande toujours mon avis. »
Le choix s’avère-t-il difficile? La jeune femme avoue que, même si cela ne provoque pas de désaccord, elle et son amoureux doutent souvent avant de se décider. « La deuxième année, par exemple, on a hésité très longtemps entre un grille-pain et une vache avec des escarpins rouges, rigole-t-elle. Finalement on a choisi le premier mais en sortant, je l’ai tout de suite regretté. L’année suivante, on est restés seulement trente secondes parce qu’on savait déjà qu’on achèterait la vache. J’ai attendu ça douze mois. » Bram poursuit, complice dans cette tradition festive des plus originales: « On a eu de la chance que la boule y soit encore, parce que la dame vend uniquement des pièces qui sont faites par des artisans de toute l’Europe. Aussi à sa demande. Il y a même des boules cheval Bayard, pour lesquelles les clients viennent spécialement de Termonde. C’est tout à fait unique. Chaque année, Anneke se marre en voyant une boule en forme de sweat-shirt blanc avec « I Love Tennis » écrit dessus. Elle est toujours là, donc c’est peut-être un peu, eh bien, trop spécial pour le client moyen. »
Reste qu’on se demande tous quel a été le dernier craquage de ce couple? « Une boule en forme de billets de 500 euros. Le véritable esprit de Noël: tout tourne autour de l’argent », répond du tac-au-tac Anneke, non sans humour.
Une déco avec les moyens du bord: Katrien De Groef et Frederik Sonck accrochent à leur arbre une foule d’objets qu’ils trouvent dans la maison. Cela va de stilletos… à des figurines Playmobil.
Il y a quatre ans, alors que Frederik et Katrien s’apprêtent à monter ensemble, pour la première fois, le sapin qui ornera leur logis en décembre, cette dernière se rend compte qu’elle a perdu une partie de ses décorations pendant son dernier déménagement. Le couple de trentenaires se retrouve devant son conifère, avec beaucoup moins de boules et guirlandes que prévu… « Nous avions déjà commencé à garnir l’arbre et à un moment, je me suis endormie dans le fauteuil, se souvient Katrien. C’est alors que Frederik a eu cette idée… » Son compagnon poursuit le récit: « Je voulais lui faire une surprise. La déco devait être terminée avant qu’elle ne se réveille. Je me suis servi un verre de vin et je m’y suis mis. C’est ce qui explique que c’est devenu un sapin un peu particulier. J’ai cherché dans la maison toutes sortes d’objets que je pouvais ajouter: des cintres, des cartes postales, une Fiat 500 miniature – sa voiture préférée… Au départ je pensais que ça me prendrait dix minutes, mais, en fait, j’y ai passé plusieurs heures. »
Quelle n’est pas la surprise de la jeune femme, lorsqu’elle se réveille et découvre, pendue à une branche, une de ses chaussures argentées Dries Van Noten! « Plus tard, on s’est aperçu qu’elle était placée trop près d’une des lampes et qu’elle avait brûlé. Scandaleux! (Rires) Pour une fois que j’ose acheter une paire à un prix fou, elles sont foutues. Cet accessoire est devenu un incontournable que nous replaçons chaque année! »
Désormais, lorsque les fêtes de décembre pointent le bout de leur nez, le tandem – qui dans la vie professionnelle gère une société de production pour le cinéma et la télé – prend un malin plaisir à parcourir sa jolie demeure des années 70 à la recherche de nouveautés à accrocher… Noeud papillon, barrettes pour les cheveux, cartes de Noël reçues de la famille et même des personnages Playmobil, tout y passe, au point que les deux dénicheurs de déco ne se souviennent plus toujours de ce qu’ils ont sélectionné. « C’est peut-être une comparaison ridicule, mais c’est comme si on réalisait un tableau, décrit Frederik. On essaie des choses et on déplace les objets jusqu’à ce qu’on ait trouvé le bon équilibre. »
Cette fois, une figurine d’E.T., qui se trouve normalement sur le bureau du maître de maison, a fait son entrée dans la collection. Tout comme une photo de la fille du duo, Max, 3 ans. « Je trouve ça chouette de regarder notre arbre avec un oeil neuf tout au long des fêtes, conclut Katrien. On peut l’observer pendant une demi-heure et découvrir encore de nouveaux éléments. »
La fête de Noël, Nadine Habig y pense trois cent soixante-cinq jours par an. Si elle déploie des trésors d’inventivité pour que chaque 25 décembre soit différent du précédent, le clou de sa déco ne change jamais: un sapin suspendu au plafond, comme en lévitation.
Bien que Noël reste avant tout un moment privilégié pour se retrouver en famille, difficile de nier que toute la déco que l’on y associe est importante aussi – « et même très importante! », insiste Nadine Habig. Prof de math à la retraite, elle a toujours mis un point d’honneur à ce que l’ambiance festive confère à ces moments le petit plus qui fait tout. Même quand elle passait les fêtes à la montagne, pas question de trouver une excuse pour y célébrer le réveillon en mode mineur, Nadine embarquait tout, de la déco aux feux d’artifice, et mettait les petits plats dans les grands. Forcément, cela demande une certaine organisation, mais ne comptons pas sur elle pour laisser quoi que ce soit au hasard, « car dans les villages suisses, on ne trouve pas ce qu’on peut trouver à Bruxelles », explique-t-elle d’expérience.
Ne risque-t-elle pas que le stress de bien faire ne prenne le pas sur le plaisir? Pas vraiment, car si elle reconnaît volontiers se mettre une sacrée pression – « celle de ne jamais faire autrement, et jamais comme les autres » – elle ne craint pas de s’enfermer dans une perpétuelle surenchère, qui finira un jour par la laisser vidée de toute inspiration. « Ça ne risque pas d’arriver parce que dès l’instant où je démonte tout, je commence déjà à penser à l’année d’après. C’est mon truc, ça m’occupe – il faut m’occuper, il paraît », s’amuse-t-elle.
Dès que je démonte tout, je commence déjà à penser à l’année d’après.
Nadine Habig
Venons-en à la pièce maîtresse de son installation, son fameux sapin suspendu au plafond. « Je ne sais même plus où j’ai vu ça, admet-elle. Mais c’était en Suisse, en France ou en Belgique, dans une rue commerçante. J’avais trouvé ça génial; les boules pendent dans le vide, on les voit beaucoup mieux. » Lors de sa première tentative, elle écume les rayons d’Ikea afin de trouver un stratagème pour accrocher l’intrépide conifère. Par la suite, en s’installant dans une nouvelle maison, Nadine prévoira dès l’emménagement un système qui lui permet de s’adonner à son exercice annuel de haute voltige. « Quand on a déménagé, j’ai aussi acquis un garage, mais ce n’était que pour stocker tout mon brol – j’ai une minuscule voiture, tout le reste, ce sont des boîtes remplies de boules de formes et de couleurs différentes. Et, forcément, pour combiner les couleurs, il faut se renouveler presque chaque année », confesse celle qui, toute l’année, guette soldes et promo, achetant parfois deux ans à l’avance, sous le regard de Monsieur qui, en presque 50 ans de mariage, « a eu le temps de s’habituer ».
Une dernière question nous démange, celle de savoir si cet usage si particulier des propriétés géométriques du conifère ne sont pas finalement une réminiscence de ses années d’enseignement. « Difficile à dire, hésite-t-elle. Mais, pour être honnête et même si j’adore donner cours, plutôt que prof de math, j’aurais préféré faire du stylisme, ou même l’architecture. Mais à l’époque, ce n’était pas des études universitaires, et mon père ne l’aurait jamais accepté. Je ne regrette rien, mais j’ai toujours eu une petite voix qui me disait: « Un jour, tu auras le temps de faire ce dont tu as envie ». » La petite voix avait vu juste, ce temps est venu, et Nadine met tout en oeuvre pour en tirer parti.
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