Une villa seventies entourée d’eau, comme dans un bateau
Après vingt ans passés en mer, Tinne et Geoffrey ont décidé de reposer le pied à terre dans cette villa des seventies, un havre de lumière, de chaleur… et d’eau. Montez à bord!
Parmi les tendances vintage qui reviennent en force dans les intérieurs, on retrouve notamment le conversation pit, cet espace semi-enterré garni de nombreux coussins moelleux où, un jour, l’on pourra faire éclater sa bulle et à nouveau se détendre en compagnie de sa famille et de ses amis. Depuis plusieurs années, les architectes sont sollicités afin d’imaginer des fosses seventies comme celles-là, dont le côté cosy répond parfaitement à nos envies de cocon, particulièrement présentes en temps de confinement.
Les habitants de cette villa des années 70 se sont aussi laissés prendre au jeu d’un tel espace pour une autre raison: Tinne et Geoffrey, bateliers passionnés, sont restés en mer pendant plus de vingt ans. L’an dernier, ils ont définitivement reposé le pied à terre, avec leurs deux enfants. Entouré d’eau, le coin salon leur rappelle subtilement les années passées à bord de leur bateau.
Ondes positives
Bien entendu, la petite famille n’a pas choisi d’investir les lieux uniquement pour ce salon. Cette maison de caractère située en province d’Anvers offre bien d’autres possibilités. « Quand nous l’avons visitée, nous lui avons trouvé beaucoup de charme et de convivialité. Elle témoignait également d’un grand savoir-faire, explique Tinne. Le propriétaire initial, un dessinateur technique, a conçu les plans lui-même. La disposition était parfaite, l’habitation n’était pas trop grande et les pièces semblaient toutes reliées entre elles, ce qui nous a énormément plu après des années de vie commune intensive. »
Néanmoins, la demeure dans son entièreté était recouverte d’une épaisse couche de poussière. La lumière pouvait à peine y pénétrer. Sans parler de la moquette! Il y en avait partout, même sur les murs des toilettes. Et, comme si cela ne suffisait pas, le marron était la couleur dominante. Il était ainsi plus que nécessaire de rafraîchir et alléger l’endroit; une mission confiée à Elke Van Goel, du bureau anversois Tenarchitects. « La maison dégageait de bonnes ondes, décrit-elle. Et nous appréciions les éléments de style existants. Nous pouvions adopter une attitude discrète tout en restaurant le caractère original de manière contemporaine. » La première intervention fut l’agrandissement des baies. Lorsque l’on a vécu à l’extérieur pendant des années, on recherche de toute évidence un maximum de lumière et de nature. A l’arrière, la maison est prolongée par un auvent surmonté d’un dôme rond. En outre, de grandes fenêtres en accordéon s’ouvrant entièrement créent une continuité entre la maison et le jardin. La cuisine – l’endroit le plus utilisé par la famille – n’est plus une pièce séparée et sombre, mais désormais une extension du séjour, tout ensoleillée.
Les moquettes noires, les murs en briques brunes et les carreaux sombres ont également été remplacés par des murs recouverts d’une peinture texturée et des sols revêtus d’un micro-ciment de couleur sable. « Nous avons uniquement conservé les plafonds typiques en cèdre, qui ont été méticuleusement restaurés, poursuit l’architecte. Néanmoins, pour les éléments sur mesure, nous avons opté pour le noyer. Un bois plus chaud et plus contemporain. Nous avons choisi ensemble un tronc d’arbre au dessin particulier, dont nous avons sélectionné les morceaux, afin d’être sûrs que tous dégageaient le même calme. »
Un Martini svp
A l’heure où l’on est tous connectés en permanence, il est devenu plus facile d’échanger avec son architecte et de lui envoyer toutes ses idées, doutes ou autres pensées via WhatsApp, par exemple. C’est ainsi que les habitants ont discuté tissus, accessoires, luminaires et oeuvres d’art. « Geoffrey et moi nous promenions en ville lorsque nous sommes tombés sous le charme d’un tableau, raconte Tinne. Dans une telle situation, il est très agréable de pouvoir vérifier si le coup de coeur est justifié. Mon mari et moi avions, dès le départ, une idée précise de l’atmosphère que devait dégager notre maison. Il est difficile de travailler avec un architecte qui ne peut pas transformer cette idée en réalité. Avec Elke, nous étions immédiatement sur la même longueur d’onde. »
Ainsi, l’architecte qualifie la rénovation de la villa de véritable cocréation. De nombreuses pistes ont été suggérées par le couple, comme le plan d’eau encerclant une partie de l’habitation. Ils se sont inspirés des villas californiennes des années 70, mais également de leur propre passé de bateliers. Puisque le conversation pit se trouve au même niveau que l’eau, l’espace se transforme instinctivement en cabine. De plus, la lumière se reflète superbement sur les flots, ce qui crée, à l’intérieur, un motif fluide et élégant.
La paix et le minimalisme, mais aussi la chaleur et la douceur auxquelles aspiraient les propriétaires, sont perceptibles autant à l’intérieur qu’à l’extérieur. « La palette de couleurs subtiles est en harmonie avec l’environnement naturel, tout comme les formes arrondies, développe Elke Van Goel. Mais au-delà du tableau d’ensemble, c’est une série de détails qui créent l’atmosphère: les tableaux en lin de la chambre, par exemple, la salle de bains rose pâle, la jardinière avec de la berce ou encore les courbes de la cheminée. En raison de leur grande implication dans le processus de création, le lieu dégage l’âme de ses habitants: des personnes douces, gentilles et créatives. »
Pourtant, cette touche à la Grace Jones que possédait la villa a été joliment préservée. L’éclat doré des carreaux de verre a inspiré la nuance luxueuse reprise notamment dans les robinets de la salle de bains. Sans oublier les auvents, qui sont eux aussi de couleur or. L’élément de la maison qui fait le plus parler de lui? Sans aucun doute le panneau de commande dans l’accoudoir du canapé. Cette pépite de domotique avant-gardiste a été restaurée avec brio. En appuyant sur un bouton au hasard, l’on s’attend presque à se voir servir un Martini…
En bref: Elke Van Goel
Elle a étudié l’architecture à l’Institut Henry Van de Velde d’Anvers.
Entre 1994 et 2002, elle a successivement collaboré avec Luc Buelens, Driesen-Meersman-Thomaes, Vincent Van Duysen et Gert Voorjans.
Elle est à la tête de Tenarchitects depuis 2016. Elle se concentre sur divers projets, de la conception de meubles aux rénovations (historiques), aux nouvelles constructions et aux espaces commerciaux, dont les restaurants Cedric à Knokke et Gustav à Anvers.
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