Découverte de l’intérieur plein de surprises de la galeriste belge Sarah Vanwelden

Le salon et la salle à manger de Sarah Vanwelden. © Piet-Albert Goethals

Pas d’intérieur muséal pour la galeriste Sarah Vanwelden, mais un cocon vibrant où chaque détail raconte une histoire. Couleurs franches, objets inattendus, œuvres d’art… Un terrain de jeu pour l’imagination.

Une historienne de l’art belge, un artiste espagnol et un architecte américain se rencontrent par un heureux hasard dans un Airbnb à Barcelone : on dirait presque le début d’un film. « Pourtant, c’est là que commence toute ‘l’origin story’ de Newchild », raconte Sarah Vanwelden. Elle parsème régulièrement ses phrases de mots anglais, ce qui n’a rien de surprenant : pendant huit ans, elle a travaillé à Londres pour la maison de ventes Christie’s, avant de fonder, avec Diego Castaño et Chandler Noah, la galerie Newchild à Anvers. « Travailler pour Christie’s a été une expérience fantastique. Mais déjà avant ce jour à Barcelone, j’avais le sentiment qu’il était temps de passer à autre chose. »

Faire entrer l’international en Belgique

Le trio se concentre principalement sur des artistes internationaux qui n’ont encore jamais exposé à Anvers ou en Europe. Et ils avaient leurs raisons de ne pas s’implanter à New York, Barcelone ou Londres, explique-t‑elle. « Chez Christie’s, j’ai appris que, si l’on regarde les différents profils de collectionneurs, c’est en Belgique que l’on trouve toujours la plus forte concentration, qu’il s’agisse de bande dessinée, d’art africain ou d’antiquités classiques. Il n’est pas nécessairement question des collections les plus prestigieuses, mais bien du nombre de personnes qui possèdent une collection d’une taille significative. »

Je voulais un endroit qui me rende instantanément heureuse, avec beaucoup de surprises.

L’appartement qu’elle possédait déjà, tout près de la Nationalestraat et du KMSKA, offrait une base idéale. Et lorsque le salon de coiffure du rez-de-chaussée s’est libéré, toutes les pièces du puzzle se sont imbriquées. « À Londres, New York ou Barcelone, nous aurions dû faire des concessions commerciales depuis longtemps pour survivre, explique Sarah. Ici, cela fait cinq ans que nous pouvons tout simplement faire les choses à notre manière. »

Le salon. © Piet-Albert Goethals

De l’ordre, de la chaleur et du ludique

À l’époque, Chandler Noah s’était chargé de l’aménagement de la galerie : un espace muséal, fortement inspiré par le travail de Vincent Van Duysen et d’Axel Vervoordt. « Mais pour mon propre appartement, j’avais envie de quelque chose de whimsical », se souvient Sarah à propos de l’une de ses premières rencontres avec les architectes d’intérieur Sam Peeters et Toon Martens.

Le duo derrière Contekst a transformé le duplex situé au-dessus de la galerie. « Je voulais une sorte de maximalisme ordonné, chaleureux et ludique, avec beaucoup de surprises ; un endroit qui me mettrait instantanément de bonne humeur. »

Le couloir qui dessert les pièces. © Piet-Albert Goethals

Sur le plan spatial, tout est resté globalement en l’état, à l’exception de l’aménagement : on aurait dit qu’il sortait tout droit des années 1990, avec son imprimé zébré autour du foyer, ses accents métalliques omniprésents et son éclairage bleu : c’était un peu trop.

Imbriquer les pièces ensemble

L’étage, lui, se présentait comme un puzzle de pièces séparées uniquement par des portes coulissantes qui offraient à peine de l’intimité. Seuls l’escalier hélicoïdal, l’imposante baie vitrée qui relie les deux niveaux et la cuisinière industrielle ont été conservés. « Avec ce grand espace ouvert, l’appartement a quelque chose d’un loft, explique Toon. Pour guider les visiteurs dans la pièce, nous avons dessiné un îlot de cuisine qui est bien plus qu’un simple poste de cuisson : c’est un point de rencontre, un comptoir pour l’apéritif ou un dîner informel. »

La cuisine et son îlot magistral. © Piet-Albert Goethals

La structure d’origine de la hotte, massive, a été dissimulée en la revêtant de miroirs, ce qui la fait presque disparaître visuellement dans l’espace. En vis-à-vis, un meuble mural en bois de poirier courant sur toute la largeur de la pièce apporte de la chaleur. C’est là que se cache une première surprise : un bar en émail rose, avec cave à vin réfrigérée intégrée et verres de Nienke Sikkema pour RiRa Objects.

Le bar caché. © Piet-Albert Goethals

Encore une surprise

La deuxième surprise se trouve à l’étage. Toon peine à cacher son enthousiasme : « C’est peut-être la partie la plus cool de toute la rénovation ! Sarah voulait une baignoire dans la chambre, mais parfois aussi ne pas l’avoir. Il a donc fallu chercher un peu la bonne solution. »

La chambre avec la salle de bains. © Piet-Albert Goethals

Elle a pris la forme d’une cloison rotative de quinze centimètres d’épaisseur, qui semble flotter juste au‑dessus de la baignoire. Celle-ci est installée à un angle de 45 degrés, de façon à pouvoir y entrer aisément par les deux côtés. « Nous ne voulions absolument pas de grandes plaques de marbre en miroir, raconte Toon. Ce serait trop classique, trop chic. Nous avons préféré un patchwork de carreaux roses. »

J’ai vraiment l’impression de dormir ici chaque jour dans la plus belle suite d’hôtel du monde.
La chambre. © Piet-Albert Goethals

D’une légère pression, la cloison pivote et la salle de bains apparaît, comme une pièce secrète. La lumière douce, le parfum du savon et ce mouvement serein donnent envie d’enfiler un peignoir et de faire couler un bain. « J’ai vraiment l’impression de dormir ici chaque jour dans la plus belle suite d’hôtel du monde », confirme Sarah.

Des meubles uniques

Des tableaux aux murs jusqu’au dérouleur de papier toilette qu’elle a déniché via une galerie à Los Angeles : tout, dans l’appartement de Sarah, respire l’art. Elle mêle sans effort artistes contemporains et formations de grès préhistoriques, dessins du XVIIᵉ siècle et vases de l’Antiquité classique – autant de souvenirs de ses années chez Christie’s.

La table basse. © Piet-Albert Goethals

La table basse, c’est une histoire à part. « Je ne trouvais nulle part ce que je cherchais, pas plus qu’un couple d’amis. Nous avons donc lancé un projet commun que nous avons baptisé Awe Antwerp, raconte‑t‑elle. Cette table basse en est le premier résultat. Le dessin de Sam et Toon est parfait, raison pour laquelle nous en avons d’emblée fait fabriquer dix exemplaires. » Elle montre comment, grâce à deux ouvertures, on peut faire glisser la table par‑dessus ses jambes, idéal pour une partie de jeu de société ou un dîner télé à deux. Sous le plateau se cache en outre un espace de rangement supplémentaire. « J’aime le jeu du cacher‑dévoiler, sourit‑elle. Et de voir les gens s’exclamer: ‘Ah, ça, je ne m’y attendais pas.’ »

La table à manger. © Piet-Albert Goethals

Sur le buffet, sous un tableau de Fred Bervoets hérité de son grand‑père, trône une table de mixage. Sarah avoue qu’il lui arrive de se muer en DJ la nuit, récemment encore au club gantois Wintercircus. « C’est quelque chose que j’ai gardé de mes années londoniennes, s’amuse-t-elle. J’ai longtemps eu du mal à concilier cela avec le sérieux d’une galeriste, mais aujourd’hui je l’assume tout simplement. » Ça, encore une fois, nous ne l’avions pas vu venir.

Qui est Sarah Vanwelden?

© Piet-Albert Goethals
  1. Elle a étudié l’histoire de l’art. Après un master complémentaire à la Vlerick Business School, elle a travaillé pendant huit ans pour la maison de ventes Christie’s à Londres.
  2. En 2020, elle a fondé la galerie anversoise Newchild avec l’artiste espagnol Diego Castaño et l’architecte américain Chandler Noah, qui partagent leur temps entre New York et Barcelone.
  3. Newchild fait venir à Anvers principalement des artistes confirmés et émergents qui n’ont encore jamais exposé en Europe ou en Belgique.
  4. À partir du 5 décembre, la galerie accueillera la première exposition personnelle en Europe de Cheung Tsz Hin. Le travail de cet artiste hongkongais est très prisé des collectionneurs asiatiques.
  5. Elle vit dans un appartement situé au‑dessus de la galerie, aménagé par Contekst, le studio de Sam Peeters et Toon Martens.

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