Visite du pied-à-terre cosy et coloré, aux airs de boudoir, de l’architecte d’intérieur Kim Verbist
L’architecte d’intérieur Kim Verbist s’est aménagé un petit pied-à-terre à Ixelles, où elle passe quelques jours par semaine. Elle s’y est fait plaisir, mêlant couleurs audacieuses, matières variées et tous les objets qu’elle affectionne vraiment.
Quand on pénètre dans ce grand immeuble de logements ixellois des années 70 aux lignes strictes, on est loin d’imaginer ce que l’on va trouver onze étages plus haut. Une fois la porte de l’appartement de Kim Verbist passée, on est en effet plongé dans un tout autre univers, des plus chaleureux. Le cocon que l’architecte d’intérieur bruxelloise s’est aménagé, pour elle et sa compagne, explose de couleurs et de matières. De nombreux objets, en tous genres, captent l’attention. Mais le plus impressionnant est la vue sur la capitale qu’offrent les larges baies vitrées du séjour. « Nous avons acheté cet appartement sans même le voir, nous confie la maîtresse de maison. Nous connaissions l’architecte de ce bâtiment, Jacques Wybauw. Il a construit un building où nous avons habité précédemment, l’école européenne de Mol où j’ai passé mon adolescence et l’école Decroly où notre fille a étudié. Nous pressentions que ce serait un pied-à-terre agréable. »
Il faut dire que la créatrice apprécie particulièrement ce coin de la ville. En vingt ans, le couple a déménagé plusieurs fois mais a toujours tourné autour du parc Tenbosch. « Il abrite tellement d’arbres différents. C’est un véritable jardin botanique », se réjouit Kim qui adore jardiner et a rempli son nouveau boudoir de quantité de végétaux. Ses préférés? Les plantes grasses, « qui, avec le temps, deviennent comme des membres de la famille ». Ces touches vertes donnent encore plus de cachet à son bijou d’aménagement.
Le plaisir du détail
Pourtant, l’espace initial était loin de laisser présager un tel résultat. L’endroit était très cloisonné et mal entretenu. Seuls quelques mètres carrés des parquets du hall et du séjour avaient été conservés, le reste étant couvert de moquette. « Nous avons cassé tous les murs et ouvert la cuisine, résume la conceptrice. Nous avons aussi refait le sol en bois sur la base de ce qu’il en restait. Le parqueteur a fait des merveilles, on ne voit pas la différence entre neuf et ancien… Par contre, l’architecte avait dès le départ bien pensé les plans du bâtiment. Il y a seulement 85 m2 mais les deux chambres ont leur sanitaire et sont séparées par le séjour. C’est confortable quand on reçoit: nos amis ont un lieu à eux et nous aussi. Toutes les pièces sont orientées vers la vue et bénéficient de la douce lumière du sud-est. En hiver, le matin, c’est un réel bonheur. »
Chaque centimètre carré a été rentabilisé pour rendre le lieu parfaitement fonctionnel, tout en étant accueillant. La surface réduite de l’appartement a cependant obligé le couple à se défaire de plusieurs meubles et ne garder que ses préférés. Les chaises Thonet, la table d’Eero Saarinen et un tapis de salle à manger venu de Turquie qui suit Kim depuis toujours sont de ceux-là. Le coin salon est, lui, garni de deux fauteuils de la marque allemande e15. Ils ont été couverts d’un tissu bleu turquoise de Designers Guild qui contraste joliment avec l’audacieux vieux rose des murs. « Le chantier s’est déroulé pendant le confinement, j’ai tout suivi via WhatsApp. J’avais choisi cette teinte murale sur un tout petit échantillon, en accord avec mon tapis fétiche. A mon arrivée le jour du déménagement, je me suis dit que c’était complètement raté, nous confie Kim. Mais désormais, les choses sont mises en place et je trouve que cela convient parfaitement. Il faut oser et, en tant qu’architecte d’intérieur, il y a un réel plaisir à travailler pour soi-même ; on se permet des choses qu’on ne ferait jamais pour un client. »
D’audace, il en est aussi question pour la moquette de la chambre principale: l’architecte a opté pour un motif floral excentrique signé par le label néerlandais Moooi. Son intention était de donner un côté « suite » à l’endroit. Elle comporte donc une douche qui donne directement dans la pièce, séparée du lit par un miroir sans tain. Le lavabo est intégré dans une tablette en granito, une matière que Kim affectionne beaucoup. Elle se rend d’ailleurs elle-même chez son fabricant pour y choisir les petites pierres du mélange. Plus largement, elle apprécie par-dessus tout passer du temps sur chantier – même si, dans ce cas, ce fut virtuellement à cause de la pandémie – pour pouvoir discuter avec les corps de métier. « Je suis assez informelle, et relativement mauvaise pour tout ce qui est administratif, s’amuse-t-elle. Mais je discute beaucoup sur chantier, et je suis fidèle à mes artisans. Cette démarche me permet d’aboutir au résultat espéré. »
Un objet, une place
Les bibelots et oeuvres qui décorent ce petit écrin raffiné sont eux, pour la plupart, des souvenirs de voyages ou ont été dénichés, au fil des ans, en brocantes, chez des antiquaires ou des artistes. Comme ces bustes avec leurs éponges de mer faisant office de chevelure posés sur l’étagère sur mesure du salon: ils viennent de Sorrente, en Italie. La petite desserte vintage de la salle à manger, elle, a été trouvée online et envoyée de Suède, et le vaisselier en métal et verre vient d’Anvers. « J’aime le fait qu’il soit abîmé, ça lui donne une âme », explique Kim. Quant aux éclairages, ils sont pour la plupart de récup’. La créatrice préfère en effet les lumières halogènes ou incandescentes, même si elle est consciente qu’elle devra, pour des raisons écologiques évidentes, passer un jour au LED. « L’éclairage est un thème qui me tient à coeur, précise-t-elle. J’apprécie les bons vieux abat-jour, mixés à des lampes basses. Cette combinaison permet de multiplier les points lumineux et de varier les ambiances. »
L’impression que laisse l’endroit? Celle d’un lieu scénographié pour un tournage de film, tant chaque chose y a une place précise. Rien n’est laissé au hasard et Kim ne pense pas que l’appartement évoluera beaucoup. « Généralement, une fois que les choses sont installées, à part un petit vase, je ne bouge plus rien, car quand les objets ont trouvé leur endroit, ils y sont bien », estime-t-elle. Un décor pensé avec précision et explosant de créativité, parfait pour ces deux citadines, qui depuis près de dix ans ne passent plus que quelques jours par semaine à Bruxelles. Le reste du temps, elles vivent dans les polders, à Cadzand aux Pays-Bas, dans une maison « très campagne, très dégagée, très slowlife ». « C’est un peu comme si nous venions en citytrip dans la capitale. Nous ne cuisinons pas beaucoup, nous profitons de l’ambiance de la ville, de son énergie, de la multitude des nationalités qui s’y croisent. Un peu comme dans une chambre d’hôtel. » Dépaysement garanti.
En bref: Kim Verbist
Elle est née en 1968, à Anvers, a grandi en Campine et a étudié l’architecture d’intérieur à La Cambre au milieu des années 80.
Elle a travaillé pour des groupes hôteliers avant de se mettre à son compte en 2012. Désormais, elle se limite à quelques projets à la fois, résidentiels ou de bureaux.
Après ses études, elle s’est installée à Bruxelles, mais depuis 2014, elle passe la moitié du temps à Cadzand aux Pays-Bas.
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