Visite d’une maison anversoise aux allures de palmeraie urbaine
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Davantage de lumière et une plus belle vue… Deux missions confiées par un couple d’Anversois à Ono architectuur pour la rénovation de leur maison de ville. Un défi relevé avec brio grâce notamment à quatre palmiers de l’Himalaya.
«Un architecte doit pouvoir avoir carte blanche. On choisit quelqu’un en fonction d’une certaine esthétique, nous ne voulions pas imposer à Gert et Sara d’Ono architectuur notre moodboard ou liste de souhaits. Nous avons discuté en profondeur, nous nous sommes attardés sur les associations de couleurs plutôt que sur le type de bois que nous tenions absolument à utiliser.»
Musicologue, Maarten Quanten sait à quel point il est important d’avoir de l’espace et de recevoir la confiance en tant que créatif: «Je n’ai hésité qu’une seule fois. L’interaction entre les cadres de fenêtres et les poteaux en bois dans la cuisine m’a d’abord semblé trop chaotique. Aujourd’hui, je pense que la polyrythmie — pour employer un terme de pro — est tout simplement très réussie.»
Son épouse, Elisabeth Lecok, se souvient également de la collaboration avec les architectes. «Un jour, Gert avait enfilé une chemise d’une couleur particulière parce qu’il voulait expérimenter l’effet dans notre espace. C’est vraiment le dévouement qui s’exprime», s’amuse-t-elle. Cette médecin généraliste connaissait le duo par le biais de son cabinet. Lorsque le couple est allé visiter cette maison, elle a demandé à Gert et Sara de l’accompagner. «Elisabeth était notre médecin de famille, confie Gert Somers. Nous sommes devenus leur médecin… de maison!»
Des voisins heureux
Il en faut de l’audace pour miser sur une réduction de l’espace habitable. Pourtant, Maarten et Elisabeth étaient tout de suite sur la même longueur d’ondes: l’extension arrière composée de deux étages de leur maison de ville anversoise pouvait disparaître, afin de créer plus d’espace extérieur et faire entrer la lumière. «C’est assez particulier quand les habitants osent se projeter au-delà de leur propre parcelle, raconte Sara Verleye. En supprimant des volumes et en accentuant la verdure, ils ont fait une faveur à leurs voisins dans cette zone densément bâtie.»
Dans la maison principale, un couloir serpente le long d’un patio jusqu’à la construction arrière abritant la cuisine, qui est désormais l’endroit préféré des résidents. Sur la droite, se niche un deuxième jardin. «Nous avons donné aux deux volumes un caractère différent, explique Gert Somers. Les deux marches vous permettent littéralement de quitter la maison de ville et de vous rendre dans la résidence secondaire.» Cet endroit, avec sa cuisine bleu cobalt, ses murs doux en bois de bouleau, ses menuiseries vert mat et son revêtement extérieur en aluminium naturel reflétant les plantes, ressemble effectivement à une maison de vacances.
Du couloir, la vue sur l’extérieur est chaque fois différente. «La structure de ce type d’habitations est simple, avance Elisabeth Lecok, mais pour nous, la maison classique avec jardin n’était pas nécessaire. En construisant entre les deux jardins, on a moins l’impression de vivre en rangée.» Les extérieurs, dont le motif en clinker est remarquable, ont été conçus par Jan Minne. Le paysagiste a imaginé des plantations luxuriantes qui, avec le temps, tapisseront également les murs, créant ainsi un cocon de verdure.
Outre le néflier du Japon, ce sont les quatre palmiers de l’Himalaya qui attirent le regard et qui, par leur taille, donnent une impression de jardin en hauteur. Le nouveau volume du bâtiment a également été doté d’un toit vert, de sorte que les étages supérieurs offrent une vue sur encore plus de nature. Un aspect que Vincent Van Gogh aurait certainement apprécié. Le peintre a en effet vécu dans ce quartier pendant un certain temps, et louait une chambre donnant sur une mosaïque de façades arrière, dont celles de Maarten et Elisabeth. Le tableau Arrière-cours de vieilles maisons d’Anvers dans la neige montre que la nature n’était pas très présente ici en 1885.
Histoires multiples
Ono architectuur a prêté une attention toute particulière aux détails, que le couple qualifie de «petites œuvres d’art». Ainsi, la nouvelle rampe est entrelacée dans l’ancienne, par exemple. Chaque fois qu’ils montent l’escalier, ce lien rappelle aux habitants les histoires qui se mêlent dans cette maison. C’est aussi le cas pour le dôme carré de la cuisine, qui a été doublé de miroirs, laissant entrer plus de lumière et reflétant la verdure du toit. Et puis il y a les cheminées. Les anciens manteaux sont souvent conservés tels quels lors d’une rénovation, mais ils sont purement ornementaux. Ici, les architectes les ont transformés en corps de chauffe en installant des convecteurs derrière une paroi en aluminium.
Quant à la salle de bains, elle a bénéficié d’une vision originale de la part des architectes. «L’importance de cet endroit s’est considérablement accrue au fil du temps, concède Sara Verleye, mais il s’agit aussi d’une pièce où l’on ne fait que passer. Donc nous avons positionné les éléments sanitaires de manière distincte dans la pièce.» Le lavabo est suspendu à la cheminée et devient un meuble, la douche possède un rideau tout ce qu’il y a de plus classique et les toilettes sont cachées derrière une cloison en acier. Tous ces éléments pourront être retirés un jour si nécessaire.
Ce minimalisme s’étend au choix des meubles du couple, où les trouvailles d’occasion côtoient le design, comme l’éclairage raffiné en céramique de Moebe au-dessus de la table en bois et son banc assorti ou les rideaux bleu ciel derrière le canapé jaune de Jaime Hayon pour Fritz Hansen. Le couple se rend parfois au-delà des frontières pour dénicher la perle rare, mais plus régulièrement, il fait un saut chez l’antiquaire Aboli Bibelot et au Studio Helder, un studio de design anversois. A l’occasion, ils frappent aussi à la porte de Sara et Gert pour leur demander conseil. «Même s’il s’agit de notre maison, je me sens responsable de peaufiner leur travail. En cas de doute, même pour du mobilier, nous les écoutons volontiers.» Le duo d’architectes est néanmoins confiant. «Au cours d’un processus aussi intense, conclut Gert Somers, un certain lien se développe et se poursuit.»
EN BREF
Maarten Quanten (42 ans) et Elisabeth Lecok (38 ans)
Maarten est musicologue et travaille comme professeur au Conservatoire royal de Bruxelles et comme programmateur au Muziekcentrum de Bijloke à Gand. Elisabeth est médecin généraliste. Le couple vit à Anvers et a une petite fille, Agatha.
Ono architectuur
Gert Somers et Sara Verleye, ainsi que Jonas Lindekens, sont associés au sein d’Ono architectuur. Leur travail va des scénographies, des missions d’intérieur et des habitations à du logement à plus grande échelle, des bâtiments publics, des projets de réutilisation et du patrimoine protégé. ono-architectuur.be
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