Visite d’une maisonnette restaurée en loft rustique dans la campagne flamande

Dries et Pieter ont transformé une vieille maisonnette avec une remise attenante sur le point de s’écrouler, et installée sur une chaussée très fréquentée, en un loft… des plus rustiques.

Une petite maison sur une chaussée très fréquentée, flanquée d’une remise tombant en ruine. Sincèrement, ça semblait mal parti pour ce bâtiment. Et pourtant, Dries et Pieter ont fait une offre lors de la vente publique, qui s’est avérée gagnante. « En fait, les propriétaires ne voulaient pas la céder pour ce prix-là, mais personne n’a surenchéri », se souviennent Dries et Pieter. Ce jeudi après-midi de 2016 a marqué le coup d’envoi du marathon de la rénovation… Mais après les efforts est venu le réconfort. Quand on entre, on ne peut qu’être agréablement surpris. Le couple a créé une ambiance de loft, très ouvert, sans perdre le côté rustique. On oublie l’artère animée dans cette atmosphère chaleureuse de bois de chêne, de brique et de fer forgé. Le tout parachevé avec un poêle à bois qui crépite, une peau de mouton XXL et une longue table à laquelle il y a toujours de la place.

Malgré son aménagement contemporain, le lieu respire l’atmosphère d’antan. Autour de la table Kops de Van Rossum, des chaises Wishbone de Hans Wegner. Le luminaire Gilda est d’Ann Demeulemeester pour Serax. © Luc Roymans


Le duo sait recevoir. Quand il nous propose un café, c’est dans une jolie tasse, sur un plat de service avec un assortiment de biscuits et de chocolat. Même si on est lundi. Pas étonnant quand on sait qu’ils gèrent avec un autre couple le restaurant très couru De Zwaan à Wannegem-Lede, à 500 mètres de leur maison – « Lorsque nous avons repris le restaurant, nous habitions encore à Gand. Nous avons déménagé parce que les trajets commençaient à nous peser. »

L’espace de vie avec double hauteur donne sur les deux terrasses et le jardin. Le divan, les tables de salon et le fauteuil noir à l’arrière viennent de chez Serax et ont été respectivement conçus par Vincent Van Duysen, Bea Mombaers et Marie Michielsen. L’armoire murale est griffée HiFive. © Luc Roymans

Le bon compromis

Un logis campagnard mais avec des lignes strictement minimalistes : c’était le compromis que Dries et Pieter recherchaient. Ce dernier rêvait d’un loft épuré. « Notre vie est très chargée. Quand je rentre à la maison, je veux du calme. Et cela signifie pour moi de la sobriété », explique-t-il. « Alors que pour moi, ça doit être plus chaud et plus cosy, rétorque Dries. C’est pour cela que nous avons choisi des matériaux chaleureux et naturels comme le bois et la brique, associés à une mise en forme dépouillée. Nous avons tous les deux une formation d’architecte d’intérieur et nous avions beaucoup d’idées pour l’aménagement. Nous voulions par exemple conserver le côté brut de la remise. Mais pour le look extérieur et pour les problèmes d’espace comme le déplacement de l’escalier, nous avions besoin de quelqu’un pour nous aider. Nous avons choisi l’architecte Jao Smet, de i/o architecten : notre ancien professeur à Sint-Lucas. »

En guise de table pour la cuisine, les habitants utilisent la table d’extérieur Dine Out de Cassina. Les chaises Elle viennent de chez MS&Wood ; la lampe Muffin, de chez Brokis. © Luc Roymans


Comme souvent dans les rénovations, les travaux ont pris plus d’ampleur que prévu, retrace Dries. « La maison en soi n’est vraiment pas grande. Trop étroite pour qu’on puisse y vivre confortablement. Donc on voulait y connecter la remise comme salon. Notre idée était de percer une grande fenêtre dans la façade arrière, poser un fauteuil et c’est tout. Mais a posteriori, c’était bien trop optimiste », dit-il en riant. Finalement, l’abri a été complètement détruit et à sa place a été construite une nouvelle annexe avec une grande lucarne. Le bâtiment a été également été dénudé, rénové et doté de nouveaux éléments techniques. Dans ses plans, Jao Smet a copié le volume existant de la remise, mais il l’a fait glisser contre la maison pour que le passage entre l’ancien et le nouveau soit plus fluide. Une grande lucarne a été installée au-dessus, qui fait entrer énormément de lumière et d’espace, avec de la place pour un coin bureau offrant une vue panoramique spectaculaire sur les champs.

« Nous avons récupéré quasiment tous les matériaux. »

La coupole – que Dries et Pieter surnomment affectueusement le cube – est une intervention radicalement contemporaine. Mais avec le zinc qui s’est patiné, elle se fond malgré tout dans l’architecture campagnarde. « Nous avons longtemps eu des doutes sur l’habillage en zinc. Parce qu’initialement, ça brillait comme un miroir. Nous avions suggéré du bois ou de l’ardoise, mais l’architecte n’a pas cédé. Heureusement, parce qu’il avait raison : le matériau a pris une jolie patine et se conjugue aujourd’hui très bien avec les autres matériaux. »

Le volume en zinc s’est progressivement patiné et se conjugue bien avec les autres matériaux rustiques de la maison. © Luc Roymans

Une remise devenue sol

La rénovation a pris trois ans. « Ça aurait pu aller bien plus vite si nous avions travaillé avec un entrepreneur général, avance Dries, mais c’était impayable pour nous. Nous avions la vingtaine et nous venions de reprendre le restaurant. » La solution : mettre les mains dans le cambouis. Dès qu’ils ont eu les clés, ils ont emménagé. Et ont commencé à casser. « On trouvait la cuisine tellement laide qu’on l’a tout de suite mise en vente en ligne. Après, on a cuisiné pendant des années sur des tréteaux », s’amuse Dries. Une fois la remise abattue, ils ont récupéré quasiment tous les matériaux. Avec les briques, ils ont posé eux-mêmes plus tard le sol de la cuisine – même le chauffage par le sol en dessous a été installé de leurs mains. « Au total, nous n’avons eu que deux containers de débris. On ne trouvait pas ça très éthique de d’abord faire partir dix containers de décombres et puis d’en faire venir dix autres chargés de nouveaux matériaux. »

Les briques du sol ont été récupérées de l’ancienne remise. Pieter et Dries les ont posées eux-mêmes dans la cuisine, dont le mobilier vient de chez Sistem. © Luc Roymans


Ils ont échangé les tuiles du toit contre un lot de tuiles anciennes qu’ils trouvaient plus belles. Un ami entrepreneur est venu chaque lundi et mardi pour la construction, soit les jours de fermeture du restaurant, pour que Dries et Pieter puissent l’aider.

« Nous avons cherché à arriver au look souhaité sans payer le plein tarif. »

« Nous avons cherché des manières créatives d’arriver au look que nous voulions sans payer le plein tarif. Les grandes portes en acier, nous les avons par exemple achetées dans une vente en ligne, avant même que le chantier ne commence. Et la clôture en fer forgé qui sépare le jardin avant de la chaussée, nous avons pu aller la chercher gratuitement dans une villa qui était démolie. »

Une percée a été créée de l’espace-bureau vers la salle de bains. Par l’ouverture on peut voir les champs depuis la baignoire. © Luc Roymans

Plus jamais ça

Leur créativité, leur persévérance et leur patience leur ont permis d’arriver au bout et de jouir d’une maison confortable et agréable pour eux et leurs deux chiens, à proximité de leur travail. Le cumul intense de leur propre affaire, de leur rénovation et du fait d’habiter un chantier semble avoir été digéré depuis. « Maintenant on peut en rire, mais on s’est souvent dit : plus jamais ça ! lâche Pieter. Il y a beaucoup d’amour dans cette maison. Mais aussi un peu de frustration. » Un autre atout du lieu ? L’intimité. Leur terrasse est complètement isolée de la rue, car construite entre la remise, la maison et le garage. L’architecte a ajouté un nouveau mur au jardin, qui le protège encore plus. Le garage a de ce fait perdu sa fonction, mais Dries et Pieter ont déjà une solution : à terme s’y installeront un atelier de céramique et une terrasse couverte. Autrement dit, encore pas mal d’amour et de frustration en perspective.


Pieter (à gauche) et Dries ont pas mal mis la main à la pâte dans cette rénovation. Deux jours par semaine ils ont aidé leur entrepreneur, notamment pour construire cette remise. © Luc Roymans

Bio express Dries Blomme et Pieter Braqué

Ils ont tous les deux étudié l’architecture d’intérieur à Sint-Lucas à Gand.

Depuis 2015, ils gèrent avec un autre couple l’auberge De Zwaan à Wannegem-Lede. Ils partagent leur maison avec Madeleine et Pierre, leurs braques de Weimar.

Bio express Jao Smet

Il a terminé en 2002 ses études d’architecte à Sint-Lucas à Gand.

Il a lancé en 2005 son propre bureau à Sint-Niklaas, i/o architecten (pour input/output). Il conçoit principalement des habitations privées mais a aussi rénové une brasserie Art déco
à Tielrode.

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