John Galliano au parfum
Le directeur artistique de Dior depuis 1997 lance son premier parfum. Interview.
En 2009, il fêtera les 25 ans de la marque à son nom. En attendant, le couturier, également directeur artistique de Dior depuis 1997, lance son premier parfum.
« Quelque chose de très couture, à la fois moderne et Belle Epoque, avec une touche de curiosité enfantine. Le parfum de poudre d’une fille qui se maquille, mêlé à l’odeur musquée d’un flacon ancien, à l’exubérance glamour et feutrée des coulisses d’un défilé », dit le parfumeur Christine Nagel de la première fragrance signée Galliano, qui sort ce mois-ci. Une évocation olfactive de l’univers de Juan Carlos Antonio Galliano, né en 1960 à Gibraltar d’un père plombier et d’une mère au foyer partis s’installer six ans plus tard dans le sud londonien. Conteur insatiable, qui enchaîne les collections, avec en prime, cette rentrée, des bijoux et une ligne pour enfants. Interview.
Comment résumer votre univers féminin ?
En créant ce parfum, c’est comme si j’avais capturé dans une bouteille l’essence de la femme qui m’inspire. Je voulais donner l’impression qu’elle a quitté la pièce il y a cinq minutes, j’ai laissé des indices sur sa personnalité… Cette muse imaginaire m’accompagne depuis mes débuts. Elle apparaît saison après saison d’une façon différente et elle disparaît à chaque fois comme un papillon… Et c’est cette quête qui me fait avancer.
Pour rester dans les sensations, quelles seraient les musiques qui évoquent cette « Galliano girl » ?
Les sons d’un violon et d’un piano qui s’échappent d’une pièce en fin de soirée ou très tôt le matin, ou des valses qui enivrent.
Comment s’est passée la création du parfum ?
C’est un procédé complexe et fascinant qui a pris plus d’un an. Il y a eu 336 essais sur le papier, la peau, différentes femmes de mon entourage… Il fallait que je fasse attention à éviter mes moustaches, sinon c’était fichu pour la journée ! J’ai senti des essais partout où c’était possible, mais jamais dans un bureau ! On m’en a apporté backstage lors des défilés, sur les séances photo et même pendant un voyage en Thaïlande. Tout était très passionné. J’avais en tête une fragrance romantique, avec une rose très anglaise et une note poudrée. Son nom de code était au départ « Cocotte » et, après toutes ces étapes, on est finalement revenu à cette idée.
Le processus créatif est-il proche de celui de la mode ?
Il est similaire, mais dans un rapport différent au temps, plus long. On a commencé comme une collection, avec une histoire, une muse dont j’ai imaginé la garde-robe et la vie le jour et la nuit. J’ai préparé des tableaux d’inspiration, pour comprendre de quelle façon les coupes et les jeux de transparence de mes vêtements pouvaient être interprétés dans l’architecture du flacon. J’ai beaucoup parlé de la marquise de Casati peinte par Giovanni Boldini (1842 – 1931), mon tableau favori, qui a inspiré mes recherches sur le biais. D’où ce dégradé métallisé inédit du flacon, qui exprime mon idée de la lumière et du mouvement. J’ai chiné des flacons anciens, parce que je voulais un objet qu’on puisse exposer dans la salle de bains, ce qui n’est pas vraiment la tendance du marché ! Pour le packaging, j’ai retranscrit mon goût des collages, parce qu’ils sont un reflet de la vie et de mes voyages réels ou imaginaires. Le col allongé du flacon évoque ma collection de fin d’études sur les Incroyables, en 1984, avec la rose que j’utilise toujours et le « G » gothique de Galliano au sommet.
Propos recueillis par Anne-Laure Quilleriet
Découvrez l’intégralité de l’interview de John Galliano dans Weekend Le Vif/L’Express de ce vendredi 3 octobre.
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