Delphine Kindermans

L’heure de l’imperfection est arrivée

Delphine Kindermans Secrétaire de rédaction au Vif

L’obligation de résultat, valeur normative de notre société ultracompétitive, aurait-elle des ratés ? Le règne de l’excellence serait-il en train de chanceler sur ses bases ?

Sans aller jusque-là, il semblerait qu’un vent de rébellion souffle sur nos vies trop souvent guidées par la quête de la perfection. Ou à tout le moins un doux parfum de mutinerie. Et, dans ce domaine comme dans d’autres, quelques traits d’humour et d’autodérision font souvent mieux qu’un pompeux discours.

On en veut pour preuve ce petit opus jubilatoire qu’est La femme parfaite est une connasse !, de Anne-Sophie et Marie-Aldine Girard (J’ai lu), devenu best-seller en quelques mois à peine. Aucune prétention littéraire dans ce guide potache à l’usage des filles ordinaires complexées par les madames-nickel. Juste quelques conseils bien sentis pour nous rappeler que ce n’est pas un drame si on adore les comédies romantiques/ne fait pas un 34/se donne en spectacle quand on a bu/sait à peine réchauffer une tortilla au micro-ondes… (la liste s’étend sur 159 pages).

A coup sûr, sorti en salles en janvier dernier, surfe sur la même vague déculpabilisatrice. S’il ne marquera pas l’histoire du cinéma, loin s’en faut, le premier film de Delphine de Vigan à au moins le mérite de remettre en question cette course à la performance sexuelle que certaines femmes ont faite leur, quitte à parler d’orgasme dans des termes qui tiennent plus du jargon marketing que du vocabulaire amoureux. Quant à Girls, la série télé devenue phénomène, elle met en scène des héroïnes quelconques – y compris dans leurs mensurations – confrontées à des problèmes de la vraie vie. Signe des temps, l’édition américaine du glamourissime Vogue consacre ce mois-ci sa couverture à Lena Dunham, qui l’a créée et y joue un des personnages principaux. On est loin des beautés sculpturales qui trustent habituellement les magazines de mode…

Même le maquillage semble cette saison se jouer des conventions. Certes, le smoky eyes donne encore le ton mais dans une version savamment négligée. Le top du top ? Donner l’impression de ne pas s’être démaquillée avant d’aller se coucher – youpi, on va pouvoir assumer sans rougir nos beauty faux pas. Et si on n’a pas eu le temps de soigner le sourcil, c’est encore mieux : celui-ci s’affiche à nouveau broussailleux, merci Cara Delevingne d’avoir ringardisé cet instrument de torture nommé pince à épiler. Encore un petit effort, et nous serons presque imparfaites ! Delphine Kindermans

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