La chronique de Grégoire Polet: 1685, mouchoir de poche

Toutes les deux semaines, l’écrivain Grégoire Polet nous dévoile ses coups de coeur et coups de griffe.

Je m’émerveillais, récemment dans ces pages, que Chopin, Schumann et Liszt soient nés dans un mouchoir de poche du Temps : 1810, 1810, 1811.

En réalité, pour les musiciens baroques, c’est encore plus fou. Ils naissent tous en 1685… À croire que le mouchoir du Temps est un mouchoir de magicien. Le 23 février : Haendel (il est Poisson); le 31 mars: Bach (il est Bélier); et le 26 octobre : Scarlatti (Scarlatti est Scorpion, scar-scor, exactement comme le réalisateur Martin Scorsese, également scorpion). En 1685, de modestes sages-femmes ont donc tenu, chacune de son côté et sans se douter de rien, les petits corps gluants des plus grands musiciens d’Allemagne, de Grande-Bretagne et d’Espagne. Pas si mal.

Au fait : Britannique, Haendel ? Certes, le petit Georg Friedrich Haendel est né à Halle, près de Leipzig. Mais, n’y trouvant pas son bonheur, il se fit la malle et débarqua en Grande-Bretagne, où il devint de Leurs Majestés le musicien préféré. D’où vient que les plus beaux oratorios de ce Hallois célèbrent la langue de Shakespeare, et que l’oeuvre la plus souvent jouée de ce Poisson soit la Water music.
Et Scarlatti, musicien espagnol ? Oui, aussi, puisque, né à Naples, dans cette partie de l’Italie qui appartenait à l’Espagne, il y fut maître de musique d’une infante portugaise, laquelle, épousée plus tard par l’héritier de la couronne d’Espagne, l’emmena dans ses bagages, à Madrid où, avec le fameux Farinelli, il fit pendant de longues années le bonheur particulier de la cour. (Dans l’annuaire de Madrid, on peut encore trouver le numéro de téléphone de M. et Mme Scarlatti, ses discrets descendants : c’est en faisant cette anodine découverte téléphonique que le savant américain Ralph Kirkpatrick est parvenu à compléter la biographie de l’énigmatique compositeur.)

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