Au coeur et à la bouche, c’est le rendez-vous furieux qui approche maintenant. Béa trompe son mari, c’est prévu, décidé, elle n’en peut plus de son corps qu’il ne touche plus, des lustres !
L’accomplissement de l’amour, par Eva Almassy, éditions de l’Olivier, 109 pages.
Des lustres à se demander ce qu’elle fiche avec lui, tout en restant, inerte et triste, tout à côté. Il l’aime mal mais la veut et leur lien est tissé, ainsi, en fil de possession, en cordelette de dépendance. Elle rencontre un autre homme par le biais d’Internet.
Challenge pour l’écrivain, avec un pareil thème, de réussir à oeuvrer de façon littéraire. Et là, quelle poésie ! Eva Almassy serait-elle donc capable d’écrire le mot » sms » et qu’il devienne sexy ? Pour dire combien la femme rêve de se faire prendre, elle use de sa langue, et de ses dents avec. Dans sa voiture, en route pour la gare vers Paris, nous partageons l’attente. Elle contient tous les rêves, renforcés par les craintes.
Comme elle, nous guettons l’homme. Chacun de ses soubresauts, chacune de ses paupières, ce qu’il cache dessous ou ce qui se trame derrière. Livre court, aussi bref que le temps qu’il faut pour dire oui, non, mais à l’effet durable, comme après un oui, un non.
Eva Almassy reprend dans son ouvrage une nouvelle de Robert Musil qu’elle a lu à seize ou dix-sept ans, avide d’y découvrir, en plus du personnage féminin, tous les fantasmes des hommes de l’époque. L’époque a changé, les fantasmes ont évolué et la voilà qui nous raconte, à sa manière cette fois, et dans son énergie, ce qu’il en est de l’amour aujourd’hui. A-t-il des ailes ? Toujours. Mais le plomb guette, dans l’ombre. Voici l’ » happy pendant » comme elle-même le nomme, plutôt que l’happy end.
En un court roman, elle nous donne aussitôt l’envie de s’y remettre : à quoi ? A courir, à conduire, à rêver, à toucher, à aimer, à prendre rendez-vous, à oser, à sentir, à crier. A lire.
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