Les abeilles, vaillantes sentinelles de l’écosystème à protéger… absolument!
Les abeilles ne servent pas qu’à fabriquer du miel, butiner et assurer la pollinisation. Ce sont aussi d’excellents partenaires de veille environnementale, comme le clame BeeOdiversity, récemment nommée meilleure entreprise sociale belge et en lice pour obtenir le titre au niveau mondial.
Dans les alentours de Spa, elles sont désormais plus de 400 000 abeilles à bourdonner de fleur en fleur. En sous-sol, coulent les eaux minérales qui viendront remplir les bouteilles en plastique bleues et rouges, sur lesquelles un Pierrot joue à saute-mouton.
Une matière précieuse pour la société Spa Monopole, qui protège dès lors amoureusement les 13 000 hectares de surface de cette zone naturelle, véritable écrin de pureté. Depuis plus de 125 ans, celle-ci a mis en place un programme de protection de l’environnement et de ses ressources hydriques. Mais encore fallait-il pouvoir en mesurer les effets…
Avec l’aide de l’entreprise sociétale BeeOdiversity, des colonies d’abeilles ont été placées sur le site, il y a deux ans. L’objectif ? Leur donner le rôle de sentinelles, capables d’évaluer la qualité de l’écosystème.
» Elles vont butiner à un kilomètre et demi de leur ruche, en moyenne. Cela fait donc une superficie de 700 hectares, sur lesquels elles vont chercher du pollen et du nectar, résument Michaël van Cutsem et Bach Kim Nguyen, deux des fondateurs de ce projet.
C’est un magnifique partenaire ! Notre innovation consiste à travailler avec l’insecte pour recueillir des échantillons de milliards de fleurs. Nous les analysons, pour dresser un état des lieux de la situation : déceler les manques de biodiversité, surveiller la présence et l’origine de polluants et de pesticides… »
Pour Spa, les résultats ne se sont pas fait attendre. » Près de 500 paramètres différents ont été testés, explique Jean-Benoît Schrans, directeur de la communication de Spadel. Et les premières analyses étaient excellentes.
La biodiversité dans cette zone est deux fois plus importante qu’en milieu rural. Autre élément positif : les colonies se développent très bien, depuis leur installation. » Un signal encourageant, quand on sait que la problématique de leur extinction est mondiale. »
Plus de 30 % des colonies d’abeilles disparaissent en moyenne par an, en Belgique, à cause du manque de biodiversité, de maladies et de pesticides. Il y a une dizaine d’années, c’était de l’ordre de 10% « , calcule Bach Kim Nguyen, diplômé en agronomie et ingénierie biologique, dont la thèse de doctorat était exclusivement consacrée à l’étude des causes de mortalité de l’abeille domestique.
C’est un excellent indicateur de la menace qui pèse sur les pollinisateurs de manière générale, qu’il s’agisse d’abeilles, mais aussi de papillons, de coléoptères, etc. »
Sur le long terme
Une triste réalité qui n’est pas seulement limitée à l’environnement. » Cela nous concerne également au premier plan, insiste Michaël van Cutsem. La diversité alimentaire est ainsi en péril, puisque 30 % de notre nourriture dépend directement des pollinisateurs ; c’est le cas des fruits, des cultures maraîchères (cornichons, concombres, melons…), des production de semences (carottes, salades…) ou d’huile (colza, tournesol…)
Et les deux associés d’avancer certaines études qui estiment qu’en cas de disparition de l’abeille, le taux d’importation alimentaire augmenterait de 20 à 40 % en Belgique avec des impacts évidents sur l’économie, la consommation énergétique, la santé…
Actuellement, BeeOdiversity gère une soixantaine de projets sur plus de 50 000 hectares de surface. Mais sa mission ne s’arrête pas au monitoring, loin de là. Sur la base des résultats obtenus, les experts proposent et implémentent des mesures d’amélioration, telles que planter des graines spécifiques ou réduire l’utilisation de pesticides.
Tout cela se fait en collaboration avec les parties prenantes, qu’elles soient issues du secteur privé, public ou associatif.
Un travail de longue haleine, qui se révèle payant. BeeOdiversity a ainsi reçu récemment le prix de meilleure entreprise sociale belge de l’année et est en compétition pour le titre planétaire.
Organisé par Chivas, ce concours international les verra affronter 29 autres sociétés du genre, en juillet prochain, à Los Angeles. A la clé : le partage d’un fonds de un million de dollars.
Mais surtout, une belle manière de rentrer en contact avec d’autres entrepreneurs passionnés et de faire connaître son projet par-delà les frontières. Tout bénéfice, quand on sait que la jeune start-up belge ambitionne d’explorer d’autres pays en Europe, sous peu…
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