Les desserts animés d’Alexandre Dubosc pour pupilles gustatives (vidéo)

Ce réalisateur passionné de food a inventé un nouveau genre : les desserts animés. Grâce à une caméra et un jeu optique emprunté aux pionniers du cinéma, il revendique un art du bricolage, poétique et sucré.

Il est déconseillé de goûter les douceurs d’Alexandre Dubosc sous peine de faire la grimace.

Cet appétissant nappage ? De la pâte à modeler. Ce cake plus vrai que nature ? Itou. Mais alors à quoi servent les créations de ce faux pâtissier de 41 ans ? A ravir les pupilles. Par l’intermédiaire du stop motion, une technique de prises de vue image par image qui fait fureur sur le Net, le Français filme et donne vie à ses sculptures simili glucosées.

Son hommage au cinéaste Tim Burton, visible sur Youtube (ci-dessous), est l’un des exercices qui ont fait sa réputation. Ce court-métrage d’une minute trente met en scène une pièce montée en clin d’oeil au réalisateur de L’étrange noël de monsieur Jack. On y recense des lapins, des yeux, des chauve-souris, une bouche, des tibias miniatures, des spirales et autres motifs géométriques que l’on jurerait en sucre glace et en chocolat, le tout disposé sur trois étages, façon gâteau de mariage. Une fois placé sur un plateau tournant, tout ce petit monde s’anime comme par enchantement…

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Les lapins cavalent, les yeux s’écarquillent, le paysage tourbillonne dans des axes contraires.  » Il n’a aucun trucage, c’est un phénomène purement optique qui remonte au praxinoscope, l’un des ancêtres du cinématographe. »

Un procédé qu’Alexandre Dubosc décline avec humour et poésie dans une collection de petits films faits de bric et de broc.  » J’ai longtemps conçu des images de synthèse pour la pub et les longs-métrages. Jusqu’à en faire un rejet. La 3D c’est une surabondance d’aseptisation visuelle. Ce que je fais aujourd’hui, c’est l’exact contraire. »

A la manière du réalisateur américain PES, surdoué du stop motion, Dubosc fait partie de ces créateurs qui puisent leur inspiration davantage chez Méliès, le pionnier du 7e art, que chez Pixar.  » Mes gâteaux sont plein d’imperfections : il y a des traces de doigts, des surépaisseurs et l’animation n’est pas tout à fait régulière. Je prends plaisir à élaborer les choses avec du réel, il y a un côté  » roue voilée, c’est charnel, c’est humain ; les gens le ressentent ».

Comme nombre de ses contemporains, cet artisan  » low-tech  » qui, avoue-t-il,  » n’a même pas vu le film Avatar « , finance ses expériences cinétiques par le biais de ses fans et du crowdfunding en vogue sur la Toile.  » Je n’ai pas besoin de beaucoup d’argent mais il me faut du temps « , précise-t-il sous la verrière d’un atelier qu’il partage avec trois autres créatifs, à Montreuil, près de Paris. C’est là qu’il réalise avec de la colle, des ciseaux et un simple appareil photo ses gâteaux puis ses courts formats qui font les beaux jours des galeries d’exposition et des festivals de cinéma.

Marqué durant ses années d’étude par la découverte de Dimensions of Dialogue, un effrayant classique de l’animation, signé Jan ¦vankmajer, basé sur l’ingestion et la régurgitation, Dubosc y voit l’origine de son attrait pour l’alimentaire.  » Mais je fais très attention à ne pas gaspiller, peut-être parce que je viens d’un milieu modeste où l’on m’a souvent répété que l’on ne jouait pas avec la nourriture ».

Sa volonté de coller au plus près de la réalité avec le minimum d’artifices se manifestera bientôt par la création de véritables desserts  » animés « , en collaboration avec un chef pâtissier parisien de renom.  » Grâce à un éclairage stroboscopique, mes gâteaux s’animeront et pour la première fois ils seront comestibles ». La revanche de l’estomac sur la rétine, dent pour dent, oeil pour oeil.

Par Antoine Moreno

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