Delphine Kindermans
Les faims de Lou
C’est comme si elle avait enfin assumé d’être multiple, sans paradoxe aucun. A 36 ans, elle a évité l’écueil du mannequin devenu chanteuse ou de l’actrice qui dessine à l’occasion, et inversement.
Mieux, elle a contourné les obstacles d’une famille brillante mais surmédiatisée, nantie et généreuse, cérébrale mais créative, qui aurait pu lui valoir une étiquette de » fille de » ou placer la barre tellement haut qu’elle n’aurait jamais osé se lancer. Aujourd’hui, Lou Doillon ne réfute pas un seul de ces qualificatifs, ni une once de l’héritage transmis par sa constellation si singulière. Elle sait qu’elle est un peu tout cela à la fois, que ça fait partie d’elle de manière inclusive, avec un curseur personnel qu’elle module au fil de ses envies ou des périodes de sa vie, en ne mettant rien sur off.
u003cstrongu003eJ’u0026#xE9;tais devenue un sapin de Nou0026#xEB;l, u0026#xE0; force de porter tous les bijoux que je trouvais, je n’aimais que l’oversized ou le trop petit, c’u0026#xE9;tait du pru0026#xE9;-Yohji ! u003c/strongu003e
Pour l’heure, elle vient de sortir Soliloquy et sera en concert chez nous, au Botanique, en avril prochain. Un troisième album qui habille ses textes et sa voix grave de sonorités plus rock et électro, parfois même punk, que les précédents. Mais ça ne l’empêche pas de prendre la pose pour quelques photos stylées de ce numéro Black, qui revêt lui aussi un nouveau look, pour vous offrir encore davantage de plaisir de lecture. Un shooting exclusif, au cours duquel cette longue liane à la tignasse et au sourire reconnaissables entre mille a pris le temps de se confier. Y compris sur sa tribu – quatre soeurs, un frère, le réalisateur Jacques Doillon pour père, Jane Birkin pour maman, Serge Gainsbourg jamais très loin, ça laisse forcément des traces – et sur la nécessité de se positionner, dès ses 5 ans, à contre-courant du trio jeans-baskets-tee-shirt dont ils avaient fait leur quotidien. » J’étais devenue un sapin de Noël, à force de porter tous les bijoux que je trouvais, s’amuse-t-elle. Je n’aimais que l’oversized ou le trop petit, c’était du pré-Yohji ! » En restent un sens de l’élégance, un goût affirmé et un amour de la mode, qui le lui rend bien.
Alors que le secteur s’affranchit des codes dédiés aux vestiaires masculin et féminin pour proposer des défilés mixtes donnant à voir des collections axées sur la » gender fluidity « , sorte de floutage entre les deux sexes, on ne s’étonnera pas que Lou Doillon ait été choisie par Alessandro Michele, un des fers de lance du postulat, pour incarner Gucci, la griffe ultratendance dont il est le directeur artistique. Dans l’édition de décembre 18-janvier 19 de Vogue France, qui mettait à l’honneur » Le clan Birkin « , elle avouait d’ailleurs désormais » accepter qui je suis : un peu mec et un peu fille, avoir parfois besoin de séduire et d’autres fois non « . Unique en son genre.
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