Deuxième vie, la folle reconversion d’Alain Gilles

© Lydie Nesvadba

Il a rompu avec la finance pour vivre sa passion pour le design. Avec succès. D’un atelier à l’abandon, il a fait un loft-studio plein de vie. Avec brio. Alain Gilles nous invite chez lui, un 500 m2 où la récup se love dans les couleurs vives. Avec bonheur.

Schaerbeek, rue des Ailes. Le saviez-vous ? Les imposantes maisons de ville de cette artère qui va de la chaussée de Haecht à la place du Pavillon dissimulent tout un patrimoine industriel datant du début des années 1920. Et c’est ici, dans ce quartier aux façades classiques, mais en prenant le parti des arrière-cours qu’Alain Gilles, une des valeurs montantes du design made in Belgium, s’est établi.

Un cachet d’autrefois…

Après des formations en sciences politiques et en marketing, Alain Gilles a évolué dans le monde de la finance… avant de s’initier au design industriel, en France. Il a commencé par assister Xavier Lust, le surdoué du minimalisme, dans ses créations, mais a finalement été embauché par l’agence Quinze & Milan avant d’avoir terminé ses études. Il a ainsi bossé pour le célèbre talent protéiforme Arne Quinze pendant deux ans et demi en tant que designer, pour des architectes comme des éditeurs, avant d’ouvrir son propre studio fin 2007 afin de concrétiser ses rêves et développer son approche personnelle dans la conception de produits, de mobilier, mais également dans la direction artistique et l’architecture d’intérieur. Depuis, il collabore avec plusieurs labels internationaux, comme Qui est Paul ?, Urbastyle et Bonaldo.

 » Quand j’étais dans la finance chez JP Morgan, je savais déjà que je voulais changer de voie et que je devais trouver un studio « , confie Alain Gilles. La chance lui sourit lorsqu’il prend part à un Parcours d’artistes, exposition d’art collective, qui le conduit à cet atelier, où l’on confectionnait autrefois des manteaux en fourrure, à l’abandon depuis quinze ans. En 2002, quand il acquiert le site, il projette de n’y travailler que quelque temps… Mais, rapidement, germe l’idée d’y vivre.  » Ce grand espace ouvert m’a permis de jouir d’une liberté de pensée et d’inspiration. À l’époque, de nombreux bâtiments désaffectés étaient simplement plâtrés puis décorés comme des maisons ordinaires. Cette âme historique et industrielle, c’est au contraire ce que je voulais garder. Les contraintes liées au patrimoine incitent à trouver des solutions créatives. « 

… Et d’autres possibilités

Un large portail en bois ouvre sur une cour intérieure dans laquelle se trouve l’accès au sweet home de la famille Gilles : entre-temps Alain a rencontré Rama et le couple a eu deux enfants, Oscar et Ora. Quand on pénètre dans ce bel ensemble – le total habitable des trois étages est de 500 m2 au sol – en empruntant un escalier en acier rouge, on découvre d’abord une immense pièce faisant office de séjour avec cuisine.

Alain Gilles a conservé l’ancien parquet, les poutres en bois et les murs en brique rouge. Les nouveaux châssis en acier, peints en gris vert confèrent à l’immeuble industriel un cachet très authentique. Mais leur coût a englouti une grosse partie du son budget. Aussi, pour mener à bien son projet, le designer a-t-il dû trouver la parade. Le logement a été agrémenté avec des meubles d’occasion des années 1950 et 1960, souvent chinés à l’Armée du Salut ou simplement trouvés dans la rue… La contribution de Rama dans cette rénovation inventive, elle, s’illustre dans le choix des couleurs vives, des matériaux et du mobilier.

 » Le loft est si vaste que nous avons bien marqué la distinction entre le studio et la zone d’habitation et nous avons aménagé des îlots, chacun avec son atmosphère et sa personnalité.  » Dans le séjour, déclinant plusieurs ambiances, on se croirait dans le salon d’un hôtel international. La cuisine, avec son comptoir en acier inoxydable, ses tabourets et son éclairage industriel, est très conviviale et il règne, là aussi, beaucoup d’effervescence. Seules les chambres bénéficient d’une atmosphère intime et tamisée.  » Oscar et Ora dorment dans cette « petite maison » séparée, au milieu du grand espace blanc. À l’origine, leur chambre était notre dressing ! Au fur et mesure, les pièces s’adaptent à l’évolution de la vie de notre famille. Les enfants en grandissant perçoivent les infinies possibilités du loft. Ils font même du vélo autour du comptoir de la cuisine…  » Fun !

Carnet d’adresses en page 128.

PAR MARC HELDENS

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