L’Indien Balkrishna Doshi reçoit le Pritzker Price 2018

© Isopix

Balkrishna Doshi est devenu, à 90 ans, le lauréat le plus âgé et le premier Indien à emporter le prix Pritzker, la plus prestigieuse récompense d’architecture au monde.

Disciple du Français Le Corbusier, Balkrishna Doshi s’est illustré par son architecture moderniste, qui tranchait avec une Inde encore très traditionaliste, mais intégrait néanmoins les aspects de la culture du pays et ses traditions.

Il est aussi connu pour son engagement en faveur d’une architecture durable et pour des logements peu coûteux.

Parmi ses réalisations figure notamment l’ensemble Aranya, à Indore, dans l’Etat indien du Madhya Pradesh.

Il s’agit d’un projet gigantesque, ensemble de bâtiments d’un étage au plus construit dans les années 80 pour répondre à une crise du logement dans la région.

Aujourd’hui encore, quelque 80.000 personnes vivent dans l’une des 6.500 habitations construites dans le cadre de ce projet.

Balkrishna Doshi a pensé l’architecture comme une extension du corps humain, empreint d’une volonté d’harmonie avec son environnement, qu’il s’agisse du climat, du paysage ou de l’urbanisme.

Les réalisations de Balkrishna Doshi « respectent la culture orientale tout en améliorant la qualité de vie en Inde », selon le communiqué publié mercredi par le jury du Pritzker.

Comme s’il rajeunissait

« Je dois ce prix à mon gourou, Le Corbusier », a commenté le lauréat 2018, cité dans le communiqué, au sujet du Pritzker, souvent considéré comme l’équivalent du prix Nobel en architecture.

Ironie du sort, Charles-Edouard Jeanneret, dit Le Corbusier (1887-1965), n’a jamais reçu le prix Pritzker, attribué uniquement à des architectes vivant depuis 1979.

Le Premier ministre indien Narendra Modi a félicité l’architecte sur son compte Twitter, estimant qu’il s’agissait de la « juste reconnaissance de son oeuvre extraordinaire, qui s’étale sur des décennies et a constitué une contribution notable à la société ».

« Il est l’un des rares architectes à avoir travaillé sur l’ensemble du spectre » de l’architecture, a commenté à l’AFP Rajeev Kathpalia, associé au sein du cabinet de Balkrishna Doshi, dont il est le gendre.

Rajeev Kathpalia a expliqué que le lauréat du prix Pritzker était aujourd’hui un « mentor » pour le cabinet, qui travaille à plusieurs projets de campus universitaires, notamment celui de l’université de Nalanda, qui « le passionne ».

Ce dernier projet est l’un des plus importants d’Inde. La reconstruction de la mythique université de Nalanda, détruite il y a plus de 800 ans, est espérée depuis des siècles par les intellectuels indiens. « Il se passionne pour tout ce qui est vivant », a expliqué son associé depuis près de 23 ans. « Son nom signifie l’enfant Krishna et, comme un enfant, il est toujours curieux de tout. C’est comme s’il rajeunissait à mesure que nous vieillissons. »

C’est à Ahmedabad, dans l’Etat indien du Gujarat, où il a établi son studio et où il vit toujours, que son travail est le plus visible. Il y a réalisé de nombreux bâtiments, des résidences, un centre universitaire où il a enseigné (CEPT University) et des espaces artistiques.

En évoquant cette ville et ses réalisations, Doshi a souligné le rôle que pouvait jouer l’architecte, susceptible d’influencer la vie quotidienne des habitants, mais aussi leurs aspirations et le développement économique de la région.

« Au fil des années, Balkrishna Doshi a toujours créé une architecture sérieuse, jamais tape-à-l’oeil ou inscrite dans des tendances », a expliqué le jury du Pritzker.

« Doshi est très au fait du contexte dans lequel sont situées ses réalisations », a ajouté le jury. « Ses solutions prennent en compte les dimensions sociale, environnementale et économique et, de ce fait, son architecture est complètement en prise avec la notion de durabilité ».

Ce choix témoigne de l’orientation du jury, qui avait déjà récompensé, l’an dernier, le trio du cabinet catalan RCR Arquitectes, célébrant leur travail mêlant innovation et respect de l’environnement.

Au fil des dernières années, le Pritzker récompense systématiquement des architectes en prise avec la réalité et la société, notamment le Chilien Alejandro Aravena, primé en 2016 et connu, entre autres, pour ses logements sociaux.

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