Les architectes Farrell et McNamara récompensées par le prix Priztker 2020
Les architectes irlandaises Yvonne Farrell, 69 ans, et Shelley McNamara, 68 ans, ont reçu le prix Pritzker, parfois considéré comme le Nobel d’architecture, a annoncé mardi le jury du prix, saluant leur « capacité à être cosmopolites tout en respectant l’unicité de chaque lieu dans lequel elles travaillent ».
Les deux femmes, qui sont le premier duo féminin récompensé par le Pritzker, ont co-fondé leur cabinet, Grafton Architects, en 1978 et réalisé plusieurs bâtiments universitaires, notamment la Toulouse School of Economics ou le nouvel ensemble de l’Institut Mines-Télécom de Paris-Saclay.
Le duo succède au Japonais Arata Isozaki, couronné l’an dernier.
Le jury a salué des « pionnières dans un domaine historiquement dominé, jusqu’à ce jour, par les hommes ».
La Japonaise Kazuyo Sejima avait été co-lauréate avec son collègue Ryue Nishizawa, en 2010, et Carme Pigem figurait parmi le trio du cabinet catalan RCR Arquitectes, récompensé en 2017, mais l’anglo-irakienne Zaha Hadid reste à ce jour l’unique femme à avoir reçu seule le prix.
Yvonne Farrell et Shelley McNamara ont développé une architecture aérée, qui utilise des matériaux très divers, de la brique au béton, en passant par le bois.
A Toulouse, elles ont choisi la brique, intimement liée à l’histoire de la ville, pour la School of Economics. A Dublin, pour les bureaux du ministère irlandais des Finances, c’est le calcaire local qui a été retenu.
Certains de leurs bâtiments, à l’allure très minérale, comme l’Universidad de Ingenieria y Technologia de Lima, au Pérou, ou la School of Economics de la prestigieuse Universita Luigi Bocconi (Milan), rappellent Le Corbusier, même s’ils ne constituent qu’un aspect de leur travail.
« Les architectes sont des traducteurs », avait expliqué Yvonne Farrell dans une interview pour l’université espagnole IE University, en 2015. « Nous traduisons les besoins des gens et leurs rêves en réalité. »
« Leurs réalisations mettent en valeur et améliorent la cité »
Mettre en valeur la cité
Le cabinet Grafton se veut le véhicule d’une architecture citoyenne, à l’écoute de ses futurs utilisateurs et de son environnement. « Leurs réalisations mettent en valeur et améliorent la cité », a souligné le jury.
Les jurés ont aussi rendu hommage à une architecture « honnête », marquée par une attention au projet d’ensemble mais aussi aux détails, qui peuvent faire la différence, « en particulier pour des bâtiments construits avec un budget modeste ».
La School of Economics de la Universita Luigi Bocconi, à Milan, achevée en 2008 est l’un de leurs projets les plus renommés. Il leur a valu le prix du bâtiment mondial de l’année au festival international d’architecture, la même année, à Barcelone.
« Nous avons souvent eu du mal à trouver un espace pour exprimer des valeurs comme l’humanisme, l’artisanat, la générosité et le lien culturel entre chaque lieu et le contexte dans lequel nous travaillons », a expliqué Shelley McNamara, citée dans le communiqué.
« Il est donc extrêmement gratifiant de recevoir cette reconnaissance du travail que nous avons produit sur de nombreuses années », a-t-elle ajouté.
Les deux architectes ont cherché à transmettre leur vision de l’architecture par l’enseignement, en donnant des cours dans plusieurs écoles, à Dublin, mais aussi à Lausanne, à Yale et à Harvard. En 2018, Yvonne Farrell et Shelley McNamara ont été conservatrices de la Biennale d’architecture de Venise.
Pour Yvone Farrell, interviewée en 2015, avec l’accélération de l’exode rural et l’importance de plus en plus marquée des villes, « l’architecture est plus importante que jamais ». « L’architecture n’est pas la construction », avait expliqué Yvonne Farrell dans un entretien au site Dezeen, en 2018. « Il s’agit de trouver les ingrédients qui font passer quelque chose de passable à une chose de valeur. »
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