De la brebis aux intérieurs, la laine au coeur d’un projet « zéro fausse note »

This photograph taken on October 10, 2018, shows the flock of ewes of Cyrielle Martin in Etreval, eastern France. - Martin is one of thirteen sheep farmers supplying wool to "Laine en rêves" for the manufacturing of mattresses, pillows and braids. (Photo by JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP) © AFP

Valoriser la laine de brebis en fabriquant des matelas, oreillers, sur-matelas, couettes ou canapés: à Allain (Meurthe-et-Moselle), treize éleveurs lorrains ont créé une coopérative dynamique, qui emploie déjà quatre anciens chômeurs de longue durée.

Les tout premiers matelas sont sortis de l’atelier de la coopérative, baptisée « De laine en rêves », en juin. Depuis, le carnet de commandes ne désemplit pas.

Lors de l’inauguration des locaux, installés dans une zone d’activité à Allain, les éleveurs ont été surpris par les produits confectionnés avec les toisons de leurs bêtes. « Ils ont été enchantés par la vitesse à laquelle évolue ce projet et la gamme que nous sommes déjà capables de présenter », se réjouit Philippe Boyaux, gérant de la coopérative et qui a été tondeur de moutons pendant trente ans.

C’est une certaine fierté de se dire que des gens dorment sur la laine de mes brebis et sur des matelas de qualité

Le projet, soutenu par la communauté de communes du Pays de Colombey-les-Belles et du sud Toulois, est né en 2017 de la volonté de valoriser en circuit court la laine des brebis lorraines. Sa concrétisation a nécessité 124.000 euros.

Traditionnellement, la laine est récupérée par des grossistes pendant la période de tonte, d’octobre au printemps. « On ne discute pas le prix » avec les négociants, explique Cyrielle Martin, éleveuse de 400 brebis Texel sur les hauteurs d’Etreval, dans le sud du département.

Cyrielle Martin
Cyrielle Martin© AFP

La coopérative lui paie 1,50 euro le kilo de laine et prévoit d’augmenter le tarif. Auparavant, l’agricultrice ne touchait qu' »autour d’un euro le kilo les bonnes années, et 60 centimes le kilo l’an dernier », détaille-t-elle. « C’est une certaine fierté de se dire que des gens dorment sur la laine de mes brebis et sur des matelas de qualité », sourit-elle. Seule contrainte pour les treize éleveurs associés: trier la laine, une fois tondue, et la stocker.

La toison des brebis – Texel, Suffolk, Hampshire et Romane, des races rustiques au pelage gonflant – est collectée auprès des éleveurs dans un rayon de 50 km entre la Meurthe-et-Moselle, la Moselle et les Vosges. Six tonnes ont été ramassées cette année et l’objectif est d’atteindre 15 tonnes. Les ballots de laine sont ensuite acheminés dans une laverie en Belgique, située à 300 kilomètres. « On passe la frontière, mais on reste en local. On aimerait « internaliser » le lavage pour gérer toutes les étapes de fabrication », précise M. Boyaux.

Philippe Boyaux au travail
Philippe Boyaux au travail© AFP

Projet « zéro fausse note »

Une secrétaire commerciale et trois agents de production, âgés de 22 à 59 ans, ont été embauchés en CDI dans le cadre du dispositif Territoire zéro chômeur de longue durée.

Pour apprendre la technique du garnissage, l’équipe a bénéficié d’un apprentissage sur mesure à l’association pour la formation professionnelle des industries de l’ameublement à Liffol-le-Grand (Vosges).

Devenue agent de production, Cosette Larcher, mère de deux enfants, avait initialement postulé pour être… secrétaire. « J’ai pu me découvrir lors de la formation. Je suis plus épanouie (…), j’aime travailler la matière », dit-elle, en passant de l’emballage d’un matelas à la préparation de toiles. « On part d’un tissu et on finit avec un matelas d’un beau gabarit », ajoute-t-elle, fière du résultat de son travail.

De la brebis aux intérieurs, la laine au coeur d'un projet
© AFP

Ici, tout est confectionné à la main: la découpe des toiles en lin ou en coton, la couture des bords, le garnissage etc. La coopérative a acheté trois machines à coudre et une capitonneuse d’occasion. Un matelas demande une journée et demi de travail. « Quand ils seront aguerris, ils mettront un jour », espère Philippe Boyaux.

« Ce projet a zéro fausse note: on aide quelques éleveurs, on fabrique des produits de qualité et on crée des emplois », souligne le gérant de la coopérative. « Et on rend un peu de noblesse à la brebis », renchérit Cyrielle Martin.

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