6 choses à savoir sur le liège, la matière tendance
Cette matière naturelle confirme son retour au premier plan et pourrait bien s’imposer comme une tendance durable, dans les deux sens du terme.
UN PETIT BOUT D’HISTOIRE
Bien que présent sur d’autres essences, le liège se retrouve avant tout dans l’écorce du Quercus suber, communément appelé « chêne-liège ». Si sa présence sur Terre remonte à plusieurs millions d’années, les premières traces d’utilisation humaine sont situées aux alentours de 3 000 ans av. J.-C. De la Chine à l’Egypte en passant par la Perse, l’homme a rapidement su tirer parti de ses étonnantes propriétés, et l’utilisa de façon très variée : revêtements, chaussures, bouées de sauvetage, meubles ou éléments de toiture, sans oublier des bondes et bouchons en quantités astronomiques. Mais finalement, de quoi s’agit-il exactement ? Un matériau logé dans l’écorce d’un arbre, qui le protège du froid et des parasites tout en lui permettant de respirer, grâce à une texture percée de minces canaux appelés lenticelles.
DE NOMBREUX AVANTAGES…
Petit miracle de la nature, le liège possède un nombre incroyable de qualités. On s’en sert depuis longtemps pour son élasticité et sa flottabilité hors pair ou ses propriétés d’isolation acoustique et thermique. Grâce à son enveloppe protectrice, le chêne-liège est l’un des seuls arbres capables de résister aux feux de forêt, il se régénère et vit de 150 à 250 ans, permettant jusqu’à une quinzaine de levées. Ressource éminemment renouvelable, il ne génère presque pas de déchets lors de son exploitation. Mieux, il constitue un remarquable puits de carbone, contribuant ainsi à réduire la quantité de CO2 atmosphérique, et l’utilisation que nous en faisons n’entrave pas ses vertus écologiques. Au contraire : bien entretenu, il absorbera jusqu’à deux fois plus de gaz carbonique. Au cours des siècles, il fut l’objet d’adaptations et d’applications toujours plus innovantes, dont la plus célèbre est le linoléum de l’Ecossais Frederick Walton – obtenu après l’avoir mélangé à de l’huile de lin, en 1860.
... ET QUELQUES INCONVÉNIENTS
Revers de la médaille, le chêne-liège prend son temps avant de livrer ses bienfaits. L’écorçage répond à un certain nombre de règles assez strictes et la première couche n’est extraite que lorsque le spécimen atteint l’âge respectable de 35 ans ; l’opération sera renouvelée tous les neuf à douze ans, une période durant laquelle il ne pourra en aucun cas être endommagé. Tout au long de son existence, il devra faire face aux assauts répétés de champignons et d’insectes en tous genres. D’un côté plus pratique, le liège est naturellement antistatique et ne retient donc pas la poussière, mais s’avère particulièrement sensible aux taches de vin ou de café. Un détail plutôt gênant quand on songe à l’utiliser pour du mobilier, que des traitements peuvent heureusement corriger.
UNE SPÉCIALITÉ PORTUGAISE…
On pense souvent que le chêne-liège est une essence endémique du bassin méditerranéen. Or, si on ne le retrouve effectivement que dans une poignée de pays d’Europe du Sud et d’Afrique du Nord, c’est plutôt face à l’Atlantique qu’il se sent véritablement chez lui. Le Portugal abrite un tiers des suberaies du globe, et fournit à lui seul plus de la moitié de la production mondiale. Sans surprise, certaines entreprises lusitaniennes se sont fait une spécialité de sa transformation et le place au centre de leur production, comme les éditeurs, CorkWay et BlackCork, ou les marques d’accessoires de mode Corkdesign ou Pelcor – oui, « cork » signifie « liège » en anglais.
… QUI INSPIRE AUSSI AILLEURS
Si à peu près 80 % de sa production, dans le monde, est destinée aux bouteilles de vin, le liège revient également dans nos intérieurs, après être un peu tombé en désuétude, sous forme de bouchon de champagne géant chez XLBoom, en chaise longue pour D’Arc.Studio ou en suspensions chez Seletti. Il a inspiré les plus grands designers, et particulièrement Jasper Morrison, qui eut recours à l’écorce pour ses tables Stick (Cappellini) et son tabouret Cork (Vitra). Kork, c’est encore le nom que, chez nous, le studio liégeois Twodesigners a donné à sa collection de rangement multifonction pour Linadura, tandis que le tout premier canapé dans ce matériau, des oeuvres de la designer Lucie Koldova, fut commercialisé par la marque courtraisienne Per/Use.
BIENTÔT EN VEDETTE CHEZ IKEA…
Lors de ses Democratic Days, qui se déroulèrent du 11 au 13 mai dans son fief smalandais d’Almhult, Ikea a présenté ses nouveautés pour l’année à venir à la presse mondiale. Bien que déjà montrée lors du Salon du meuble de Milan, en avril dernier, l’une des collections les plus remarquées fut sans conteste Sinnerlig, disponible en août prochain. Elaborée avec la designer londonienne Ilse Crawford, elle a la particularité de proposer des assises et plateaux de table en liège. Présente en Suède pour l’occasion, la créatrice a accepté de nous en dire un peu plus sur ce choix : « J’ai toujours adoré cette matière, pour de nombreuses raisons, à la fois techniques et affectives. Elle est chaude et naturelle, elle m’évoque plein de souvenirs. Le liège sent bon, on a toujours envie de le toucher, ses propriétés acoustiques sont fabuleuses… Quand j’ai suggéré cette idée à Ikea, ils ont d’abord hésité, avant de réaliser l’énorme potentiel industriel. La filière du liège a dû trouver une réponse à la baisse du marché des bouchons de vin et d’investir énormément dans la recherche et le développement. Grâce aux progrès réalisés, nous avons pu faire de ce projet une réalité. Sinnerlig inspire une importante connexion physique et émotionnelle, qui selon moi renforce l’impression de se sentir chez soi. »
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