Etre bordélique, le nouveau cool
Et si être bordélique était la nouvelle manière d’atteindre le bonheur et d’être définitivement cool. C’est le credo de ce livre qui tombe à pic quand les sirènes de l’annuel et redondant Grand ménage de printemps – auquel vous auriez déjà dû vous adonner si la procrastination ne vous seyait si bien – retentissent pour couvrir le chant matinal des oiseaux.
Etre soi-même dans un monde qui cherche en permanence à vous transformer est le plus grand accomplissement.
Adepte des nouvelles méthodes de développement personnel, voici un livre qui va vous plaire, ainsi qu’ à bon nombre d’entre vous/nous. Et qui permettra de faire autre chose que d’essayer de s’astreindre à une discipline d’home organizer. Ou encore de ne plus perdre de temps à culpabiliser. Parce qu’avec toute la bonne volonté dont on fait preuve, la tâche parait bien trop fastidieuse à accomplir, la révolution intérieure impossible à mettre en oeuvre.
Ledit livre s’intitule De la joie d’être bordélique, et est signé Jennifer McCartney, canadienne établie à Brooklyn, auteur de best-sellers salués par le New York Times, elle écrit elle-même pour la presse (Vice, Teen Vogue) ainsi que pour la BBC, Autant dire une femme adoubée par de hautes instances de la hype anglo-saxonne.
A travers cet ouvrage, la jeune femme se pose en anti Marie Kondo, archi célèbre consultante en organisation et auteur à succès d’une thérapie par le rangement. Et par la même, tord le coup à toutes les blogueuses et consultantes en domesticité qui essaient, en vain, de nous dresser depuis des années. Car pour Jennifer, cette tyrannie du être bien par le rangement et par le vide n’a que trop duré. Son credo rejoint celui d’Eric Abrahamson, docteur en philosophie, professeur de management à l’université de Columbia et auteur d’un savoureux ouvrage intitulé A perfect mess.pour qui du désordre naît la créativité.
A travers De la joie d’être bordélique, Jennifer McCartney épingle tous nos travers, qu’elle s’approprie et les pousse à leur paroxysme, pour mieux nous les faire avaler, assumer.
Ce livre ne vous aidera pas à diagnostiquer ni à traiter de véritables problèmes médicaux, bien-sûr. Ce n’est qu’un bouquin. Pas un site web consacré à la santé. Si vous avez besoin de médicaments, prenez-en. Ou buvez du vin. Mais le fait est que cette anxiété et cette culpabilité latentes font dépenser de l’énergie intellectuelle d’une manière franchement ennuyeuse. Mais vous pouvez vous en débarasser. Et je peux vous montrer comment.
Et surtout pour que l’on lâche l’affaire sur ce désir d’aseptiser notre quotidien, de coller aux exigence des clichés d’Instagrameuses aux tons pastels et aux intérieurs épurés. En cette saison de grand ménage, cette parodie met à mal la tyrannie du contrôle et de l’ordre dont nous sommes les victimes consentantes. A mettre entre toutes les mains obsédés du chiffon en microfibre et des boîtes de rangement pour relever le challenge.
De la joie d’être bordélique, Jennifer McCartney, éditions Mazarine, 10 euros.
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