Delphine Kindermans
« Maman au boulot, papa fait du gâteau ? »
Si le fait d’avoir des marmots est un handicap pécuniaire pour les mamans, il semble être un avantage pour les pères.
Toutes choses équivalentes par ailleurs, de la formation au poste occupé en passant par le nombre d’heures prestées, une mère gagnerait 76 cents pour chaque euro encaissé par un homme. Un constat accentuant encore la disparité salariale » ordinaire » puisque, on le sait, aujourd’hui en Belgique et dans la plupart des pays occidentaux – avec un bémol en Scandinavie -, la rémunération d’une femme est toujours de 4 à 10 % inférieure à celle de son homologue masculin.
Ce rabotage de 24 centimes ressort de deux enquêtes publiées dans le New York Times et mettant en évidence que l’injustice ne s’arrête pas là : si le fait d’avoir des marmots est en effet un handicap pécuniaire dans le chef des unes, il semble au contraire être un avantage pour les autres en termes d’embauche et d’opportunités de carrière. Ainsi, pour les besoins d’une des études, l’université de Stanford a envoyé de faux C.V. à des centaines de patrons. Certains des curriculums faisaient référence à l’appartenance du ou de la pseudo-candidat·e à l’association des parents d’élèves. Là aussi, les résultats furent sans équivoque : les mamans ont été deux fois moins recontactées que les papas. En cause ? Une vision archaïque des employeurs, qui estiment que ceux-ci sont » plus stables et plus investis dans leur travail » que les célibataires, analyse la sociologue Michelle Budig dans le quotidien américain. A l’inverse, leurs compagnes ayant une famille à charge sont perçues comme » facilement distraites et moins performantes « .
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Une conception rétrograde de la parentalité qui, malheureusement, est loin de se limiter à la sphère professionnelle. » Même dans les couples qui se déclarent en faveur de l’égalité, l’arrivée d’un enfant est un moment-clé qui provoque un retour vers des modèles plus classiques « , confirme Laura Merla, professeur à l’UCL et auteure d’une thèse sur les pères au foyer. Pas étonnant dès lors que, sauf dans des circonstances particulières comme la perte d’un emploi ou le cas précis des expats qui suivent leurs épouses, ces paternels-là restent si peu nombreux. D’autant que, le salaire de madame étant moins élevé, s’il faut réellement qu’un des deux renonce à son job pour assumer la garde des bambins, ne fût-ce qu’à temps partiel ou momentanément, ce sera plus confortable pour tout le monde qu’elle s’y colle. Sans politique volontaire pour instaurer des changements de paradigmes, simultanément et à plusieurs niveaux de la société, le cercle vicieux n’est donc pas près de se rompre…
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