Mères nouvelle génération, parfaitement imparfaites

Doris Lessing est une vieille dame. En 93 ans, elle en a vécu des choses. Et vu la société évoluer. Et son statut de femme changer. Mais l’auteure britannique, nobélisée en 2007, est aussi une visionnaire.

Dans son roman Les grand-mères (Flammarion) – dont l’adaptation au cinéma par Anne Fontaine, Perfect Mothers, est sortie début avril dans les salles -, elle raconte le drame de deux amies de toujours tombant sous le charme de leurs fils respectifs, devenus jeunes hommes.

En troquant leur statut parental contre celui d’amante cougar, les inséparables copines remettent en cause leur devoir maternel au profit de leur plaisir personnel, bousculant les codes, dérangeant les esprits bien-pensants. En filigrane apparaît une réflexion très actuelle sur la position que doit occuper le sexe qu’on a longtemps dit faible dans la vie de la famille, sur ses droits, ses devoirs, ses envies, ses fantasmes aussi.

Depuis plusieurs décennies – Le ras-le-bol des superwomen de Michèle Fitoussi sorti en 1987 en parlait déjà ! -, beaucoup de femmes ambitionnent d’être sacrées meilleure maman de tous les temps sans pour autant renoncer à leurs rôles d’employée modèle, de séduisante épouse et de copine la plus sympa du monde. Mais cette quête de perfection absolue s’avère souvent utopiste, culpabilisatrice, voire destructrice puisque menant à l’oubli de soi-même.

C’est pourquoi se dessine peu à peu, dans la gent féminine, un autre spécimen qui, à l’image des (Z)imparfaites Nancy Coulombe et Nadine Descheneaux, deux mères blogueuses, revendique avec délectation le fait d’être nulle, ou en tout cas pas à la hauteur des clichés qu’on lui colle à la peau.

L’idée fait le buzz sur la Toile et pas un jour ne passe sans que de nouveaux posts de mamans décomplexées circulent, défendant cette philosophie de materner plus cool, où s’octroyer du temps libre rien qu’à soi est plus que recommandé. Au chapitre maternité, l’imparfaite perfection poursuivie par la génération baby-boom et toutes celles qui ont suivi se voit donc peu à peu détrônée par un besoin de parfaite imperfection. La limite à cette imperfection ? Doris Lessing ne la donne pas. Tout juste esquisse-t-elle un débat. Finalement, à chacune ses choix. Bonne fête, en tout cas !

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