Abd Al Malik : Grand prince

S’il préfère le slam au slim, le petit fils black de Brel n’est pas de ces gens-là qui s’enferment dans une posture. Alors qu’il s’apprête à remplir l’AB pour défendre son album Château Rouge, Abd Al Malik a accepté de prendre la pose en exclu pour le Vif Weekend. Coulisses.

Par Baudouin Galler
Le ciel est si bas qu’un canal s’est pendu. Il débarque bonnet vissé sur le crâne, sourire frigorifié dans son blouson col fourrure. Première impression : vlà du mec. C’est rassurant : le Steve McQueen de Bullit en tête, on a choisi un karting comme décor de ce shooting qu’on veut viril, très viril, en miroir d’une saison qui consacre la fin des minets. Visage dessiné à la serpe, regard puissant, Abd Al Malik n’a pas besoin de rouler des mécaniques pour en imposer.

Un refus, d’emblée : pas de short. Pas sa personnalité. Car si l’auteur de Gibraltar joue le jeu de la production de mode sans broncher, pas question de corrompre sa dégaine. Lui à 100%, à temps plein, Abd Al Malik se donne mais n’est « pas à vendre ». Il explique ça avec une douce fermeté. Point de caprice de diva, juste qu’il ne veut pas se sentir déguisé : « J’aime les fringues, c’est un langage en soi, je me montre donc comme je suis, car on dit beaucoup sur la manière dont apparaît aux autres ». Une évidence pour ce Congolais d’origine, grandi à Brazzavile, capitale de la sape, religion de l’allure bling à l’africaine. « C’est mon enfance, je connais. Mais je ne suis pas dans ces excès. Les sapeurs abandonnent tout pour des signes extérieurs, c’est parfois dramatique ».

Homme posé, le verbe régulièrement spirituel, Malik ne voit pas de contradiction radicale entre l’exercice du jour et le combat qu’il mène en tant que musulman pour « un mieux vivre ensemble ». Cet après-midi, on passe d’une discussion sur la déliquescence du lien social dans les banlieues à une pose fashion en complet Martin Margiela. Paradoxe ? Proverbe africain à la rescousse : « trop sérieux n’est pas très sérieux ». One point. « Il ne s’agit pas d’être sentencieux, c’est impossible de s’indigner sans arrêt, la vie est complexe et multiple. Vous savez, un de mes films favoris, c’est Nuit Blanches à Seattle. » Un goût pour la gentille daube lacrymale qui ne fait pas de lui une gonzesse. A l’évidence.

Abd Al Malik sera en concert le 15 mars prochain à l’Ancienne Belgique à Bruxelles.

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