Clio Goldbrenner, créatrice énergique et solaire
En sept ans, ses sacs ornés d’un morceau de cotte de maille en guise de logo sont devenus de véritables objets de désir. Frénétique, la créatrice belge lance une ligne de sandales, avant d’ouvrir, prochainement, une deuxième boutique, à Gand. Rencontre.
On pourrait la surnommer Madame 100 000 volts, tant Clio Goldbrenner déborde d’énergie. Un côté solaire et optimiste aussi, qui l’aide certainement à déplacer des montagnes. Après avoir lancé sa griffe de sacs en 2011, à 25 ans à peine, la Bruxelloise affiche désormais un peu plus de 3 millions d’euros de chiffre d’affaires au compteur pour 2017, une équipe d’une petite dizaine de personnes, une boutique à Anvers et, dès juillet prochain, l’ouverture d’un nouveau point de vente, à Gand. Question actu, il y a également sa ligne de sandales, qui décline matières et couleurs de son printemps-été 2018. Sans oublier sa récente Box, qui permet à ses abonnées de se faire livrer tous les mois des pièces griffées Clio Goldbrenner, sélectionnées selon leurs envies et leurs goûts. Les adeptes de la marque n’ont pas attendu pour sonner au portillon et ont même droit à un entretien téléphonique avec la fondatrice de la maison pour clarifier leurs envies.
Des projets et un succès qui ne se sont pas construits par hasard. Car sous ses airs de girl next door bien dans ses baskets, au caractère peps et à l’esprit » bonne copine « , Clio cache une ambition et une motivation de taille. Etudes à l’ICHEC, option finances, début de carrière chez L’Oréal, section marketing, entreprise formatrice par excellence. L’idée de lancer sa marque d’accessoires naît, comme un déclic, lors d’un voyage à Chicago. La jeune femme porte alors une grande chapka en fourrure et s’étonne du nombre de regards et de compliments qu’elle reçoit. » Je me suis rendu compte à quel point un accessoire bien construit peut générer un effet incroyable « , se souvient la créatrice. Fonceuse, elle démissionne pour aller au bout de son idée. Certains la jugent folle de tout plaquer en pleine période de crise. D’autres, comme ses parents, actifs dans le secteur de la mode, ou celui qui deviendra ensuite son mari, la poussent à se lancer.
Son business plan n’est peut-être pas totalement ficelé, mais l’entrepreneuse en herbe a en tête les grandes lignes de son projet. » En Belgique, les femmes n’avaient pas forcément l’habitude d’acheter plusieurs sacs, pour compléter leurs looks. Sur le segment maroquinerie, il y avait clairement un créneau à prendre. Je voulais une marque forte et reconnaissable. » Peu adepte des logos, la voici qui imagine le signe distinctif de la cotte de maille dorée, référence à son nom de famille, signifiant orfèvre. Son prénom, qu’elle ne cesse de revendiquer avec fierté depuis l’enfance – » Clio, non pas comme la voiture, mais comme l’une des neuf Muses de la mythologie grecque » – achèvera de construire l’histoire autour de la griffe : chacun de ses modèles sera ainsi baptisé du nom de l’une de ces déesses.
En résultent des produits et une histoire, authentique, qui suscitent rapidement l’engouement. Il est beaucoup question de travail, de feeling également, mais surtout de désirabilité. » J’ai toujours veillé à ne sélectionner que des points de vente correspondant à mon image de marque, au risque de refuser certaines commandes de taille. »
Depuis deux ans, un associé se charge de l’aider à faire davantage connaître le label sur nos terres. Une ligne de sneakers vient également compléter la gamme, sans compter la nouvelle aventure des ouvertures de boutiques en propre, imaginées en collaboration avec l’architecte Lionel Jadot. » J’avais envie que nos clientes découvrent totalement notre univers, qu’elles se sentent chez elles dans nos points de vente. C’est un défi neuf pour moi, au même titre que notre présence sur le digital « , se réjouit la jeune femme qui ne cesse, plus que jamais, d’avoir envie de faire grandir sa marque, dans l’univers de l’accessoire.
Une créatrice qu’elle admire
» Je ne m’inspire pas forcément d’autres créateurs pour imaginer mes collections. Mais certaines carrières me motivent à aller de l’avant. Il y a des parcours que je trouve merveilleux, comme celui d’Isabel Marant. Elle a commencé de rien, elle a tracé sa voie et a fini par s’imposer face à tous ceux qui avaient débuté en même temps qu’elle. J’aime la façon dont elle envisage son image de marque, son produit. Et quand je lis des interviews d’elle, j’aime la fille. Elle paraît tout à fait juste et authentique dans ce qu’elle fait. Elle ne semble pas inatteignable ou imbue de sa personne, et pourtant elle est impressionnante. Le fait qu’il s’agisse d’une femme me plaît encore plus. J’ai très rarement l’occasion de suivre des formations, mais j’aime apprendre, au détour d’une rencontre. S’enrichir d’une expérience, capter des éléments intéressants, qui me font écho. Cela m’inspire, me redonne un boost et génère, à chaque fois, de nouvelles idées. »
Une ville qui la fait vibrer
» Il y a plein de destinations qui me plaisent. J’adore changer d’endroits, varier les plaisirs. Mais c’est vrai que Tel-Aviv me tient particulièrement à coeur. C’est une ville enivrante, qui dégage une telle énergie. C’est la fête, la nuit, dehors. On la sent vivre. Et elle est extraordinaire avec les enfants. Il y a des plaines de jeux à tous les coins de rue, ou presque. J’adorerais y habiter un jour. Cet été, nous partons dans les Pouilles. Je n’y suis jamais allée et j’ai hâte de découvrir cette région. Mais ce que j’adore plus que tout dans un voyage, c’est le fait de prendre le temps, se poser, se recentrer sur l’essentiel. Etre ensemble, en famille, juste à nous quatre. Des moments primordiaux, dont j’ai besoin. C’est toute ma vie. »
Son style vestimentaire
» Je n’aime pas les artifices. Je peux mettre une jolie robe, mais je ne me sentirai pas plus belle si j’ai un grand décolleté et des talons hauts. Ce n’est pas moi. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai lancé une collection de sneakers, il y a un an et demi. Parce que je ne porte que cela et que cela me ressemble. On peut être tout aussi élégante et belle avec un jeans bien coupé, un tee-shirt blanc, de belles chaussures, un sac et un tout petit peu de rouge à lèvres. C’est cette fille-là que j’ai en tête, quand je crée. Quelqu’un de naturel, qui bosse, qui a des enfants et qui n’a pas forcément le temps d’élaborer un look sophistiqué. J’imagine des sacs qui vivent. »
Un sac, parmi tous
» Le Clio, c’est la muse de toute l’histoire. Quand j’ai commencé à créer ma première collection, il y avait des modèles qui fonctionnaient, d’autres qui n’étaient pas encore totalement aboutis. Mais j’ai rapidement senti un engouement autour du Clio. A l’époque, je faisais moi-même le tour des boutiques pour les démarcher, en embarquant ma valise de prototypes, à bord de ma petite voiture. Cela me semble loin, quand j’y pense. Mais ce Clio est un sac qui traverse le temps. Il était là dès le début. On le renouvelle régulièrement, mais indéniablement, s’il ne fallait en retenir qu’un, ce serait celui-là, c’est certain. Même Sharon Stone l’a porté, un an à peine après son lancement ! La plus belle récompense pour moi est d’apercevoir une fille au loin, de lui trouver un chouette look, et puis de remarquer qu’elle porte un de mes sacs. La première fois que j’ai croisé une de mes clientes, je n’ai pas pu m’empêcher de l’aborder, tellement j’étais heureuse. »
Sa source d’inspiration
» Mes sources d’inspiration sont diverses. Les voyages, mais aussi toutes les femmes que je vois en rue. Leur dégaine, la façon dont elles portent leur sac. Je m’attarde beaucoup sur les matières. Je construis progressivement un moodboard, qui détaille les différentes textures. Puis, je rassemble le tout dans un thème, pour donner de la cohérence à l’ensemble. Cet été, place à un univers fleuri, très frais, avec des teintes bleues et rouges en dominance, par exemple. »
Une odeur dont elle ne peut se passer
» J’aime bien mon parfum, Blanche de Byredo. J’ai commencé à le porter quand j’étais enceinte de ma première fille. Une odeur que j’adore ! Cela m’évoque le linge propre. Ce n’est pas sirupeux. C’est juste frais et doux. La preuve, cela fait dix jours que je n’en ai plus, et cela me perturbe de ne plus sentir cet effluve… »
Un mantra qui la porte
» Le proverbe » Qui ne tente rien n’a rien » me parle particulièrement. D’office, tu vas tester des trucs, tu vas te planter, on va te fermer des portes… Mais il faut tellement essayer. Je suis comme cela, une fonceuse ! Et si on m’envoie bouler, tant pis, ce n’est pas grave. »
Un bijou qui ne la quitte pas
» Mes bijoux représentent chaque moment important de ma vie. J’ai ma bague de fiançailles, des bagues Thea où sont inscrites les dates de naissance de mes filles ou la date de notre mariage. Mais je possède aussi d’autres accessoires, comme ce bracelet, avec ces coeurs sur cordelette, offert il y a plus de dix ans par mon mari. J’alterne parfois, mais il y a des pièces que je n’enlève jamais. »
Un objet qu’elle garde précieusement
» Ce sont les premiers pyjamas de mes filles, avec leur petit bonnet blanc, que je conserve précieusement dans une commode. Deux modèles Petit Bateau roses, tout simples. Mes deux filles, aujourd’hui âgées de 1 et 4 ans, ont changé ma vie. La maternité remet les choses en perspective. Les voir évoluer est mon plus beau spectacle : passer du temps avec elles, jouer, dessiner, câliner… C’est hyper émouvant ! Je prends le temps pour elles, c’est élémentaire. Sinon, rien n’aurait de sens. Le plus important est de les protéger, les faire grandir, qu’elles soient heureuses et épanouies. Je les pousserai dans ce qu’elles ont envie de faire. Je veux qu’elles tracent leur voie, qu’elles fassent leur vie, qu’elles découvrent plein de choses, qu’elles soient ouvertes sur le monde. «
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