Accusé de viols sur mineur, l’ancien agent de mannequins Jean-Luc Brunel retrouvé mort en détention
Pilier déchu du monde de la mode, l’ancien agent de mannequins français Jean-Luc Brunel, proche du milliardaire américain décédé Jeffrey Epstein et incarcéré depuis fin 2020 à Paris pour plusieurs « viols sur mineur », a été retrouvé mort dans sa cellule dans la nuit de vendredi à samedi.
Une source proche du dossier a indiqué que M. Brunel s’était suicidé par pendaison. Le parquet de Paris a seulement confirmé sa mort. Une enquête a été ouverte sur les causes de la mort, a indiqué la source.
Figure de la jet set internationale et ami des puissants, Jeffrey Epstein avait été inculpé en juillet 2019 aux Etats-Unis pour l’organisation, de 2002 à 2005 au moins, d’un réseau de jeunes filles exploitées sexuellement. Il s’est suicidé dans sa prison new-yorkaise début août 2019.
Accusé de viols par plusieurs anciens top models, ce qu’il contestait, Jean-Luc Brunel avait été mis en examen fin juin 2021 pour « viol sur mineur de plus de 15 ans » concernant une femme, après une première mise en cause en décembre 2020 pour « viols sur mineur de plus de 15 ans » et « harcèlement sexuel » concernant deux autres femmes.
Sa mort signifie l’extinction de l’action publique dans ce dossier, sauf si d’autres personnes devaient être mises en cause.
« Sa détresse était celle d’un homme de 75 ans broyé par un système médiatico-judiciaire sur lequel il serait temps de s’interroger. Jean-Luc Brunel n’a cessé de clamer son innocence. Il a multiplié ses efforts pour en faire la preuve », ont réagi samedi ses avocats, Mathias Chichportich, Marianne Abgrall et Christophe Ingrain.
Accusations multiples
Jean-Luc Brunel avait été interpellé en décembre 2020 à l’aéroport à Paris alors qu’il s’apprêtait à prendre un vol pour Dakar. Incarcéré après sa mise en examen, il avait été remis en liberté pendant quelques jours fin 2021, « puis il a été réincarcéré dans des conditions indignes », selon ses conseils, sur décision de la cour d’appel de Paris.
« Sa décision n’a pas été guidée par la culpabilité mais par un profond sentiment d’injustice », d’après ses avocats.
M. Brunel a été accusé d’avoir joué le rabatteur pour Jeffrey Epstein, en faisant miroiter une carrière dans le mannequinat à des jeunes filles de milieux modestes.
Le nom de Jean-Luc Brunel, fondateur en 1978 de la prestigieuse agence Karin Models, parti aux Etats-Unis lancer MC2 Model Management, apparaît dès la première enquête sur Jeffrey Epstein, en 2007-2008.
Des messages troublants ont été retrouvés par la police de Floride, dont celui-ci, en 2005 après un coup de fil de « Jean-Luc » : « Il a une prof pour vous, pour vous apprendre à parler russe. Elle a 2×8 ans, pas blonde ».
Virginia Giuffre, une des principales plaignantes de l’affaire Epstein et qui vient de conclure un arrangement financier avec le prince Andrew, a par ailleurs affirmé avoir été forcée à des rapports sexuels avec Jean-Luc Brunel.
La mort de Brunel « marque la fin d’un autre chapitre » a écrit Mme Giuffre sur Twitter. « Je suis déçue de ne pouvoir l’affronter dans un procès pour qu’il rende des comptes, mais heureuse d’avoir pu témoigner l’année dernière pour le faire emprisonner. »
« Frustration et amertume »
Alerté sur l’existence potentielle de victimes françaises de Jeffrey Epstein, propriétaire d’un appartement avenue Foch, l’une des avenues les plus huppées de Paris, le parquet de Paris avait lancé des investigations en août 2019.
Avec le retentissement du scandale, plusieurs anciens mannequins étaient sorties du silence pour accuser aussi directement Jean-Luc Brunel de viols.
Me Anne-Claire Le Jeune, avocate des parties civiles, a évoqué samedi la « frustration et l’amertume de ne pas pouvoir obtenir justice, comme pour les victimes d’Epstein ».
« Ca a demandé tellement de courage de pouvoir prendre la parole, être entendu par les services de police et les juges d’instruction, c’est assez terrible pour les victimes », qui selon elle ont le « sentiment qu’il part avec un certain nombre de secrets ».
Selon des sources concordantes, l’Office central de répression des violences à la personne (OCRVP), chargé de l’enquête, avait réalisé plus d’un demi-millier d’auditions.
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