Siré Kaba, créatrice: « Quand on pense Afrique, il y a souvent beaucoup de négatif, et j’ai envie d’apporter une correction »
Siré Kaba, créatrice d’Erratum Fashion, a ouvert une boutique à Bruxelles. Elle y privilégie le 100% belge tout en mettant en lumière ses racines africaines. Entre un voyage à Dakar, au sein de la mission économique princière qu’elle habille allègrement, et un shooting, elle répond à nos questions sur le vif.
La question qu’on vous pose le plus souvent?
«Pourquoi «Erratum»?» Et je retourne la question: «Pour vous, ça veut dire quoi?» On me répond toujours: «Erreur». Pour moi, cela signifie «la correction des erreurs». Quand on pense Afrique, il y a souvent beaucoup de négatif. J’ai envie d’apporter une correction et d’amener les gens à se questionner sur le regard qu’ils portent.
Le sport que vous pratiquez… en pensée?
La pole dance. Il faut avoir confiance en soi et lâcher prise, pas sûr que j’y arriverais.
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L’endroit dont vous n’êtes jamais revenue?
Dar es Salam en Tanzanie. Mon père y était diplomate. Nous y avons vécu de mes 9 à mes 12 ans. Une parenthèse enchantée. On avait une maison près d’un temple hindou. Je me souviens de ces effluves, entre l’Inde et l’Afrique, et des musiques. C’était la mode de la rumba congolaise et de Tshala Muana, une chanteuse diva qui symbolisait la liberté.
La personne qui vous influence le plus?
Mes filles, Fatim, 15 ans, et Fily, 6 ans. Elles portent un regard vif sur le monde et elles croquent la vie à pleines dents, c’est un bonheur d’observer ça. Tout est encore possible, tout en vaut la peine et elles y croient.
Le plat qui vous ramène en enfance?
Le Tô, qu’on trouve en Guinée, au Mali, au Burkina Faso. Il se mange rarement au restaurant car il demande du savoir-faire et du temps. C’est une pâte de farine de mil et maïs, accompagnée d’un plat en sauce, à base de poudre de gombo, de légumes verts assez gluants, de poisson… Ce n’est pas ragoûtant mais c’est le plat amour. Ma mère le cuisinait à merveille, cela fait plus de vingt ans que je n’en ai pas mangé, depuis qu’elle n’est plus.
La chose la plus folle que vous ayez faite?
En fait, je suis sage. Le seul truc dingue que j’ai peut-être fait, c’est de me retrouver seule au fin fond de Lokeren pour voir mon groupe préféré. J’étais étudiante à Bruxelles et j’étais groupie d’Orishas, trois beaux gars qui faisaient du rap en espagnol mélangé avec la musique cubaine. J’étais raide dingue, je les ai suivis dans leur tournée en Belgique.
Un métier que vous auriez pu exercer?
Ecrivaine. Raconter des histoires, créer des personnages, faire revivre certaines personnes de ma famille et les rendre immortels.
Ce qui vous saoule vraiment?
Les discriminations. Et les personnes qui ne se remettent pas en question, qui ont trop d’ego ou qui se prennent trop au sérieux.
Un mot pour vous décrire?
Généreuse.
Votre achat le plus bizarre?
Une paire d’escarpins en cuir tressés dorés. Ils sont trop petits. Je les ai achetés parce qu’ils ressemblaient à ceux que ma mère mettait.
Une idée concrète pour un monde meilleur?
Eduquer à la solidarité. Et améliorer l’éducation, c’est un socle… J’essaie d’apprendre à mes filles de ne pas avoir peur de questionner l’autorité et l’ordre établi. Il n’y a rien de pire que de créer des moutons.
Ce que vous aimeriez faire, là, tout de suite?
Aller au bord de la mer avec mes filles. Mais je ne peux pas car je dois habiller la princesse Astrid pour la réception belge de ce soir – l’ambassade belge à Dakar invite toute la délégation pour une réception au Musée des civilisations noires. Je suis tout excitée.
Erratum Fashion, 7, rue Saint-Christophe, à 1000 Bruxelles, erratum.fashion
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