ba&sh, (petite) marque entre amies

Leur complicité, qui date de plus d’un quart de siècle, a donné naissance à leur griffe parisienne. Depuis 2003, elles signent ba&sh en duo. C’est beau, l’amitié.

Le duo quasi gémellaire de ba&sh
Le duo quasi gémellaire de ba&sh© DR

Le « You make me happy » sérigraphié sur le tee-shirt de la blonde ne laisse aucun doute sur son état d’esprit. Ce que l’on ignore par contre, c’est son destinataire. Et si c’était la brune à ses côtés, tout bêtement ? Elle la tient enlacée, signe intangible de l’amitié teintée de sororité.

Barbara Boccara et Sharon Krief sont copines, c’est un fait, nul besoin de prendre la pose pour que cela vous saute au visage : elles dégagent un truc de jumelles, mais dizygotes, elles tchatchent, ping-ponguent à vive allure, secouent leur crinière pareil et offrent quelques belles lettres de noblesse à l’adjectif « complice », qu’elles incarnent jusqu’au bout des ongles.

Elles sont mêmement fringuées, talons élancés, jeans seconde peau lacérés et rires dégainés fissa parce qu’on n’est pas là pour se faire engueuler, que la vie est trop courte et qu’elles savent qu’elles ont de la chance, le dire, c’est déjà s’en réjouir. Est-il besoin de préciser que l’une commence une phrase et l’autre la termine ? Cela risquerait de sonner cliché, ce n’en est pas un, souvent, elles prononcent le même mot en même temps.

« On a fait nos études, on s’est mariées, on a eu nos enfants, on est devenues mères au foyer, on a fini par s’ennuyer, on s’est dit qu’il fallait qu’on crée quelque chose ensemble, un salon de thé, pourquoi pas ? »

Barbara Boccara et Sharon Krief se sont trouvées ados, juste avant le bac, elles se sont reconnues, sont parties en vacances ensemble, « au Club Med, à Porto Petro dans les Baléares » et ne se sont plus quittées. Cela fait un quart de siècle et des poussières, « c’est beau », résume Barbara, à moins que ce ne soit Sharon. « On a fait nos études (le journalisme et le droit), on s’est mariées, on a eu nos enfants, on est devenues mères au foyer, on a fini par s’ennuyer, on s’est dit qu’il fallait qu’on crée quelque chose ensemble, un salon de thé, pourquoi pas ? »

Ce sera plutôt une marque de vêtements à qui elles offrent, en guise de label, les premières lettres de leur prénom, réunies par une esperluette, c’est plus joli. Et puis, « bash » en anglais, ça veut dire « coup de poing », elles trouvaient ça « punchy ». A leur image, ce qu’est aussi leur garde-robe – car à l’époque, en 2003, elles n’ont rien à se mettre, traduit en langage non-fille : « On piochait à droite à gauche, il y avait soit des marques très cheap soit de luxe, et au milieu pas grand-chose… »

En reines du feeling, elles démarrent avec une collection d’une centaine de pièces, des robes, des broderies, de l’ethnique, « c’était dans l’air du temps », mais pas fashion addict pourtant, pas leur genre, et surtout, sans prétention. « On ne rêve pas de défiler, ce n’est pas notre vocation du tout, on ne se prend pas pour des grandes créatrices. Notre idée, c’était juste de pouvoir nous habiller, d’habiller les femmes et qu’elles se sentent jolies. »

Leur premier lookbook, elles le shootent sur des cintres, elles n’ont pas le budget qui leur permettrait de s’offrir un mannequin, pour le deuxième, elles choisissent Lara Stone, qui promet déjà, mais n’est pas encore la top qu’elle est aujourd’hui, elles ont du flair. Et elles savent ce qu’elles veulent, ou pas.

Au 124 de l’avenue Louise, dans la boutique bruxelloise flambant neuve qu’elles sont venues baptiser à coups de petits fours, d’interviews et de coupes de champagne, elles remarquent en choeur tout ce qui ne va pas, en un clin d’oeil, elles sont parties dans leur monde, se parlent comme si plus rien d’autre n’existait, « tu vois, là, il y a des petits trucs à changer, cela manque un peu de chaleur, et le « ba&sh » sur le tapis, il n’y est pas… » Où l’on apprendra que Sharon, dite Sha, est plus perfectionniste que Barbara, dite Barb – « je suis plus dans le détail », « et moi, dans l’allure », « un beau mix, non ? »

S’il leur arrive de ne pas être d’accord, « cela ne dure jamais plus de cinq minutes » car ces soeurs de coeur, qui préfèrent travailler au soleil, ont décidé, au bureau, de « parler d’une seule voix », la force est avec elles.

BIO EXPRESS

1987. Rencontre officielle à 17 ans.

2003. Création de leur label ba&sh, collection printemps-été 2004.

2004. La top Lara Stone pose pour leur deuxième lookbook.

2015. Année de l’expansion internationale, entrée de LVMH dans le capital.

2016. Lancement de la collection de chaussures.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content