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Vaut-il mieux investir dans un sac à main qu'à la banque? Getty Images

Investir dans un sac à main plutôt que des placements, la tendance qui rapporte

15X20 cm de cuir et aussi cher qu’une petite voiture: le sac à main de luxe est devenu en quelques années un objet si convoité qu’il a donné naissance à un marché parallèle et transformé l’accessoire en placement financier.

Signe des temps, dans les journaux féminins, il n’est d’ailleurs plus question, depuis deux ans environ, « d’avoir », de « porter », « d’acheter » tel ou tel sac à main mais plutôt de choisir dans lesquels « investir ». Et parfois, « certains sacs valent plus chers une fois passée la porte de la boutique », explique à l’AFP May Berthelot, influenceuse spécialiste de la seconde main de luxe et directrice produit chez Vinted.

« Investir, cela veut donc dire tout simplement le porter (ou pas, ndlr) et le revendre en récupérant a minima sa mise », ajoute la Parisienne qui a commencé par quelques besaces fanées. Étudiante, elle s’intéresse à des lots de vieux sacs adjugés chez Drouot, se faisant guider « par des mamies de 80 ans », apprend à les réparer, les porte à la faculté de Versailles « en passant pour une clocharde » mais commence à étendre ses achats et reventes à l’étranger. Et sur internet, les comptes dédiés au sac à main en tant « qu’investissement » essaiment, attirant notamment des jeunes femmes avec une accessibilité réduite aux placements classiques.

Jeu dangereux

Mais ces placements ne sont pas sans risque, rappelle Léa Lejeune, fondatrice du média français d’éducation à l’investissement pour femmes, Plan Cash, qui recommande par exemple de ne pas assister à la vente le jour J pour ne pas prendre le « risque d’être prise au jeu ».

Les maisons de vente misent sur cette spirale juteuse, tout autant que sur les tableaux de maître. Christie’s a ainsi remplacé son département mode par un département accessoires et a dégagé sur ce secteur en 2023, 35,8 millions de dollars (33,5 millions d’euros) de chiffre d’affaires.

« La demande est tellement importante, que cela devient un segment à la croissance exceptionnelle », explique à l’AFP sa responsable, Lucile Andreani, qui note que 61% des clients de son secteur sont des millenials, âgés de 25 à 35 ans et plus de la moitié poussent pour la première fois la porte réelle ou virtuelle de la maison d’enchères.

Ce marché compte quelques valeurs sûres: « le sac Birkin ou Kelly de la maison Hermès, les éditions limitées de sacs Speedy ou des malles anciennes Louis Vuitton ou encore les sacs Chanel en peaux exotiques qui ont vu leurs prix et leur demande fortement augmenter depuis l’annonce de la maison de l’arrêt de l’utilisation de ce type de peaux », explique Sara Bennani, responsable du département maroquinerie chez Collector Square, une plateforme spécialisée fondée par des anciens d’Artcurial.

Investir dans un sac à main, le « luxe ultime »?

De leur côté, Christie’s et Collector Square proposent à l’enchère des sacs Birkin au prix de départ de 100.000 euros, pour un prix final qui peut avoisiner le demi-million d’euros. Car les marques orchestrent avec soin le jeu de l’offre et de la demande: Hermès ne vend son Birkin que sur liste d’attente, créant une économie parallèle avec chasseurs, concierges et ventes record via les plateformes.

Lassés d’attendre, deux Californiens ont assigné la marque française en justice, lui reprochant d’avoir mis en place un système incitant les consommateurs à acheter quantité d’accessoires, dans l’espoir d’acquérir un statut suffisant pour gagner le droit d’acheter un Birkin. Chez Chanel, le 2.55, la célèbre pochette matelassée à chaîne, était vendu 1.500 euros en 2005 pour dépasser en 2024 les 10.000 euros, avec une augmentation de 20% en seulement un an.

« Les matières répondant à nos exigences sont de plus en plus difficiles à trouver et subissent les effets de l’inflation », a répondu à l’AFP la maison parisienne interrogée sur cette hausse. Chanel répond aussi « vouloir continuer à incarner le luxe ultime », refusant de « céder à la tentation d’augmenter les volumes de vente ». Mais pas à celle d’augmenter les prix…

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