Cathy Pill, Kipling et Weekend

Un it bag exclusif pour Weekend, trois sacs pour Kipling et une collection ressourcée montrée à Paris. Cathy Pill a des idées à revendre. Quand la jeune créatrice belge sourit, un saint se damne. Rencontre.

Un it bag exclusif pour Weekend, trois sacs pour Kipling et une collection ressourcée montrée à Paris. Cathy Pill a des idées à revendre. Quand la jeune créatrice belge sourit, un saint se damne. Rencontre.

Dans une ruelle perpendiculaire à la rue Dansaert, au centre éponyme, à Bruxelles, Cathy Pill occupe un bureau inondé de soleil, quand il y en a. Deux pièces qu’elle a investies il n’y a pas si longtemps, dans un joyeux désordre. Une table étalonnée jusqu’à 149 centimètres, des lés de tissus, des sacs en nappa avec imprimé cathypillien, sa collection automne-hiver 2008-2009 prête pour un rangement au rayon archives. Plus loin, son bureau, un grand miroir posé à même le sol, au mur, une affiche, celle de son défilé en juillet dernier, au coeur de la Semaine de la haute couture à Paris, pour une collection printemps-été 2009 intitulée « Source ». Comme un retour aux sources ? Cathy confirme. Elle ne porte pas de bijoux, juste une tunique bleue pétrole, une paire de jeans et des bottes qui en ont vu d’autres, siglées Marc Jacobs tout de même. Au bras, puis déposé à même le sol, le prototype de son sac Fashion Weekend Bag Black Cathy Pill by Kipling, « un fourre-tout que l’on porte tous les jours » et qu’elle teste in vivo. Elle l’ouvre, écarte les bords aimantés, raconte la doublure, les « deux imprimés qui se superposent, avec des jeux d’illusions, de transparences ». Elle aime son grand format, né « comme ça, comme une évidence », Cathy ne lésine pas sur ses envies.

Une fille, un sac

C’est grâce à Weekend que Cathy Pill a rencontré Isabelle Cheron, vice-présidente de Kipling. Elle se souvient d’un très beau lunch, il y a plusieurs mois déjà, et d’une envie de travailler ensemble. L’idée infuse, une inspiration « vague au début » et puis plus précise, Cathy est prête : pourquoi pas un sac ? Mais à sa façon, « quelque chose qui me ressemble tout à fait ». Weekend et Kipling lui donnent carte blanche. A l’époque, elle est plongée jusqu’au cou dans sa collection printemps-été 2009. Puisqu’elle tâte de l’accessoire pour la première fois, « naturellement », elle décide de le concevoir comme ses vêtements. « J’ai fait des toiles que j’ai travaillées comme un drapé, parce que toute la collection était construite comme ça. J’ai ensuite remis tout à plat, pour le dessiner. Et puis les imprimés sont arrivés. Je voulais du cuir absolument, très mou, je ne sais pas pourquoi… » Elle se reprend. En réalité, elle avait cette idée de cuir, de souplesse, d’imprimé depuis longtemps en tête. Et que cela soit traduit à la perfection, Cathy ne transige pas avec ses désirs.

Un défilé, des sacs

En juillet 2008 donc, Cathy Pill défile au Loft Sévigné, Paris IIIe, dans cet esprit « zen » qu’elle désirait tant. Avec de la lumière, « très forte », une verrière et chance, le soleil brille. Avec des mannequins de haut vol, malgré l’absence de Hanne Gaby, sa top fétiche, déjà bookée ailleurs, chez Chanel et Christian Lacroix. Avec un make-up presque nude signé Inge Grognard et les pieds des mannequins subtilement peints jusqu’aux chevilles, « j’ai tout fait pour que ce soit parfait ». C’est à ce défilé qu’on a vu, pour la première fois ses sacs Drybag Cathy Pill pour Kipling, les petits frères du Fashion Weekend Bag Black. Quand on feuillette l’album photo de ce catwalk-là, une silhouette accroche le regard, « c’est quoi, ce point rose ? » C’est le sac small de sa collection capsule pour Kipling, porté sous l’épaule, même imprimé, on le croirait partie prenante de la robe. Elle affirme, lumineuse : « c’est gai quand tout forme une unité ». Elle a touché au cuir, elle y a drôlement pris goût. Idem pour les accessoires, d’ailleurs, elle se verrait bien dessiner des chaussures. Mais, prudente, elle n’ignore pas que chi va piano… Cathy ne méprise pas la concordance des temps.

Une collection, un ressac

Elle avait l’impression, Cathy, quand il s’est agi de préparer le printemps-été 2009, de se « perdre », « ne plus avoir de recul », d’être « un peu dépassée » – « il y a tellement de choses à faire dans ce métier ». « J’ai pris le temps de réfléchir, de me demander « Qui suis-je ? », « Qu’ai-je envie de faire dans mes collections ? » » Un retour aux sources, comme un ressac. Une volonté certaine d’être sincère avec elle-même. Sans rien renier pour autant – « certaines choses dit-elle, vous ressemblent parfois plus que d’autres… » Donc, revenir à l’essence de son travail. Avec un regard différent, comme lavé, débarrassé de tout fatras. Cathy Pill se remet alors à créer comme avant, quand elle était encore étudiante à La Cambre mode(s) il y a une petite poignée d’années. Elle prend des photos, presque compulsivement, de tout. « Une tache sur un mur, des imperfections, des choses qui ont vécu avec moi, autour de moi toutes ces années… De là sont venus mes imprimés… » Elle photocopie ses clichés, les agrandit, les superpose, les tripatouille, n’en dit pas plus, secret de fabrication, on saura juste qu’elle n’avait « pas envie que l’on reconnaisse ce que c’était », qu’elle voulait de « l’abstraction », que « ressortent la couleur, le mouvement, l’énergie ». Pareil dans les formes et les coupes. Cathy se laisse aller à ce qu’elle fait le mieux et qui l’avait fait remarquer dès sa première collection printemps-été 2006 : des jeux de drapés, de mouvements, une tentative, réussie, de « garder les choses les plus pures, les plus sincères possible ». Elle n’a presque rien dessiné, pour mieux « revenir au jeu », « s’amuser avec la matière », du jersey, beaucoup, et « récupérer un peu de simplicité dans la coupe ». Désormais, Cathy Pill a trouvé une nouvelle voie, la sienne. Juste un peu plus mature, peut-être un brin plus dénudée.
Il faut dire, c’est elle qui le précise, que depuis qu’elle a déménagé, dans ce même centre Dansaert, mais trois mètres plus loin, dans le bureau d’à côté, c’est Byzance. Derrière son dos, un grand mur blanc, sur lequel elle affiche ses essais de prints, ses photocopies, ses bidouillages. Elle rit, comme seule Cathy sait rire. « Depuis que j’ai ce mur, ma vie a changé ! Avant, j’étalais tout par terre, alors j’oubliais… Là, chaque matin, cela change, cela évolue, des choses s’ajoutent, d’autres s’enlèvent, jusqu’à ce que je voie une unité et que les couleurs me plaisent. » Depuis l’été passé, Cathy Pill ne se gêne plus pour « partir » dans les couleurs et enfoncer le clou des imprimés, « c’est ce qui me va ». On dirait qu’elle a des ailes.

Anne-Françoise Moyson

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