Créateur belge, une place à part

En mode, l’esthétique belge, cela ne veut rien dire, ça n’existe pas. Mais les créateurs belges, ça oui.

L’un entre au musée à Paris (Dries Van Noten), l’autre s’affiche sur les murs et dans les vitrines du grand magasin Le Printemps (Jean-Paul Lespagnard), la troisième habille de jaune la reine Mathilde (Veronique Branquinho), tout ceci est à ranger sans coup férir dans la catégorie « lettres de noblesse ».

Si leurs univers respectifs n’ont rien à voir entre eux, ils ont cependant une place à part sur le grand échiquier modeux, et reconnaissable entre toutes. Leurs points communs ? Des inspirations jamais littérales. Et une incroyable façon, avec leurs vêtements, de raconter une histoire, provoquer des émotions, faire montre d’un certain pragmatisme, doublé d’une belle constance.

Dries Van Noten (Anvers, 1958) en est la preuve admirable. L’homme, formé à l’Académie royale des beaux-arts de la ville portuaire, expose dès ce 28 février ses Inspirations au musée des Arts décoratifs à Paris, où il met en résonance ses créations et les oeuvres d’art, ou de mode, qui ont marqué son âme, donc ses collections depuis ses débuts à son nom, en 1986. Pour préparer cette expo, il a consulté ses archives, avec son équipe créative, la surprise, « certains n’étaient même pas nés quand ces pièces ont été conçues, c’était une expérience… » Il avoue son étonnement à découvrir que plusieurs ont « vieilli », que d’autres sont « encore pertinentes » mais il sait que cela dépend aussi de ce que sa maison a conservé : « Au début, surtout les premières années, nous n’avions pas le budget pour constituer nos archives, celles que l’on possède aujourd’hui sont celles que l’on a gardées par coïncidence, plus que par choix – à l’époque, on voulait tout vendre pour gagner de l’argent et pouvoir investir dans la saison suivante. J’ai retrouvé trois réalisations de ma collection de fin d’études à l’Académie. Le thème ? Les vêtements religieux… On y épingle déjà des éléments, très visibles, que j’ai continué à travailler dans la même idée. »

Oui, à sa manière, Dries Van Noten est bien l’archétype du créateur made in Belgium. Lequel se distingue aussi par sa détestation atavique pour le show-off et son sens inné du décalage. Dont acte dans ce numéro Mode c’est belge.

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