« Dans le secteur du luxe, il y a un manque d’éthique considérable »

© Alexis de Moffarts

La créatrice belgo-libanaise Charlotte Mounzer a récemment lancé la marque éco-responsable Emsé Studio. Elle présentera sa nouvelle collection aux Brussels Fashion Days, qui se dérouleront les 11, 12 et 13 octobre prochain, à Tour & Taxis.

Quel est le concept d’Emsé Studio?

C’est une marque basée sur le principe d’économie circulaire et de zéro déchet. Mon but était de créer une enseigne qui associe des matières luxueuses, des finitions haut de gamme et des prix abordables. Tous les tissus que j’utilise sont exclusivement issus de grandes maisons de couture, principalement parisiennes, ce qui explique que mes collections sont limitées en quantité.

Qu’est-ce qui vous a poussée à développer cette griffe?

Lorsque j’ai travaillé à Paris, dans le secteur du luxe, j’ai remarqué un manque d’éthique considérable, notamment en ce qui concerne le gaspillage de tissus. Quand on collabore avec un directeur artistique, on passe notre temps à faire en sorte qu’il soit satisfait. On assure nos arrières en tant que stylistes; pour chaque choix d’étoffe, on va toujours en présenter plusieurs. Souvent, ce sont des rouleaux entiers qui sont commandés et qui se retrouvent à la cave. J’étais toujours celle qui levait la main pour dire: « Ah! Moi je veux bien reprendre ça! » Et je me suis rapidement retrouvée avec mon petit studio rempli de cuir, de perles et de plumes. Ce monde-là ne correspondait toutefois pas à mes valeurs personnelles, c’est pourquoi j’ai décidé de lancer ma propre marque.

D’où vient le nom de votre label?

Emsé, ce sont simplement mes initiales inversées: donc Em pour le M de Mounzer et Sé pour le C de Charlotte. Je ne voulais pas utiliser mon nom en entier. Le but n’était pas de me mettre moi en avant mais bien mes procédés de production.

D’où vous vient cette fibre écologique?

Tout d’abord de mes parents qui, depuis toujours, détestent jeter. Mon père est né au Liban et vient d’une famille très modeste qui a connu la guerre. Il ne supporte donc pas le gaspillage alimentaire. Ma maman, elle, était très attachée à l’artisanat et à la borderie. Elle n’acceptait pas de se débarrasser des rebuts textiles, aussi petits soient-ils, et se disait qu’ils pourraient toujours servir. Inconsciemment, ils m’ont transmis tous deux cette haine du gâchage.

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