Dans les coulisses des créateurs de mode : visite de l’atelier de Toos Franken (1/3)

Dans l atelier de Toos Franken
Dans l'atelier de Toos Franken © Jef Jacobs
Anne-Françoise Moyson

Entrer dans l’atelier d’une créatrice de mode, c’est un peu pénétrer dans son intimité. Visite privée chez Toos Franken, à Mol.

C’est le parfait alignement des planètes, qui voudrait y voir un hasard? Toos Franken a baptisé sa collection printemps-été Tabula Rasa alors qu’il lui fallait faire de l’ordre, parfois le vide, pour cause de déménagement. Elle avait son bureau à Anvers, son studio dans sa maison campinoise, la logistique coinçait, elle a tout rassemblé. A la fin de l’été, elle a emménagé dans son nouvel atelier, sur la Gompelbaan à Mol, dans un loft de 500 mètres carrés et deux étages, avec vue plongeante sur un petit viaduc et derrière, le canal Dessel-Kwaadmechelen.

Ce «middle of nowhere» inspire ses créations. Sur ces pages blanches, elle peut imaginer une garde-robe contemporaine à la hauteur de ses exigences. L’ordonnancement de ce bel espace noir et blanc vous plonge illico dans un monde calme et serein. Qui se reflète dans son vestiaire parfaitement pensé, poétique et confortable, aux volumes généreux, inspiré cette saison par l’artiste Megan Rooney et les questions qui traversent les femmes bataillant pour leurs droits.

Créer sans compromis

Car la créatrice tient aux récits qui innervent ses vêtements avec supplément d’âme. Et si elle porte Toos Franken, c’est comme une seconde nature, elle dessine, patronne, coupe et coud ce qui lui ressemble et qui par ricochet plaît à d’autres – c’est bien, une femme qui crée pour les femmes.

Chez Toos Franken. Copyright : Jef Jacobs © Jef Jacobs

Tout dans son parcours est basé sur des choix sans compromis: Toos étudie la mode à l’Académie royale des beaux-arts d’Anvers, elle y découvre son amour pour les patronages, apprend à travailler et à recommencer surtout jusqu’à atteindre la perfection. Elle n’ira pas au bout du cursus, «pas de regrets», elle a 22 ans, elle donne naissance à son premier enfant, c’est tout réfléchi, elle élèvera son petit, et plus tard un deuxième, sans rien abandonner de ses rêves.

Elle pose alors les fondements de sa marque qui prendra réellement son envol en 2017. Admirez comme le timing est parfait, cinq ans plus tard, la voici prête à un nouveau départ, allégée mais solide et parfaitement épaulée, à la tête de sa maison 100% indépendante, c’est suffisamment rare pour le souligner. Consciente de ses forces et ses qualités, elle analyse simplement: «Tout doit être juste. J’ai le sentiment quand je regarde mes collections que je suis à nouveau au plus près de moi. C’est comme une libération.»

Rôles multiples

Ainsi ajustée, elle a ajouté à sa palette perpétuelle, ses blancs, ses noirs et ses midnight blue, un print, des rayures et des carreaux, une exception printanière. Avec elle, tout se marie. Et dans la vie aussi: elle n’a jamais cloisonné les rôles qu’elle a voulu embrasser. Dans un coin du studio, derrière un voilage blanc, on découvre une cabane en carton construite par ses gamins ingénieux, un dessin éclaboussé de couleurs, un bricolage de mercredi après-midi…

«J’ai appris l’efficacité avec mes enfants, dit-elle, forte de cette aventure-là. Quand je suis auprès d’eux, je le suis vraiment.» Ne vous étonnez pas dès lors de la voir fermer la porte de son atelier et avec eux, monter sur un skateboard, enfourcher un BMX ou s’offrir une promenade en famille dans le petit bois qui longe le canal placide.

Chez Toos Franken. Copyright : Jef Jacobs © Jef Jacobs

Toos Franken ouvre son atelier au public et organise un «Studio Shop» les 17 et 18 mars, de midi à 18 heures, 209, Gompelbaan, à 2400 Mol. Plus d’infos.

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