L’année écoulée nous a privés de plusieurs grands noms. Ces icônes de la mode nous ont quittés en 2025. Retour sur leurs carrières.
1. Rosita Missoni
Rosita Missoni, la femme qui a élevé le tricot à motif zigzag au rang de haute couture, est décédée au début de l’année 2025. La matriarche de l’empire Missoni s’est éteinte paisiblement à son domicile le 2 janvier, selon sa famille. Elle avait 93 ans.
Rosita Jelmini est née dans une famille d’artisans du textile près de la ville nord-italienne de Varèse. Elle a étudié les langues modernes, un parcours qui la ramènera indirectement vers le textile. Lors d’un voyage à Londres en 1948, destiné à perfectionner son anglais, elle rencontre en effet Ottavio «Tai» Missoni, alors athlète spécialisé dans le 110 mètres haies et participant aux Jeux olympiques dans la capitale britannique.

À l’époque, Tai confectionnait lui-même ses tenues d’entraînement en maille, notamment des pantalons dotés de fermetures éclair afin de pouvoir être enfilés par-dessus des chaussures de sport. « Quand je me suis mariée, quatre machines à coudre sont arrivées avec mon mari », racontait Rosita dans une interview accordée à l’agence AFP en 2016. Leur romance allait donner naissance à un véritable empire du tricot.
En 1953, Rosita et son époux Ottavio Missoni fondent leur propre entreprise de maille, d’abord sous le nom de Maglificio Jolly. Ensemble, ils développent une marque qui se distingue par ses vêtements tricotés colorés aux motifs géométriques et aux rayures, dont le célèbre zigzag — le fiammato — deviendra la signature.

2. Giorgio Armani
Il Signor Armani n’est plus. Le 4 septembre 2025, le monde de la mode a fait ses adieux à Giorgio Armani, l’un des créateurs les plus influents des XXᵉ et XXIᵉ siècles. L’Italien est décédé à l’âge de 91 ans dans sa chère Milan, après une carrière de plus de cinq décennies qui a profondément redessiné les contours de la mode.
Armani n’a jamais été un adepte des tendances éphémères. Il a au contraire bâti une vision immédiatement reconnaissable, fondée sur le confort, la simplicité et un tailoring raffiné, libérant hommes et femmes de conventions rigides.

Ses costumes souples, aux coupes plus fluides, sa palette de couleurs discrètes et son attention portée à la portabilité ont fait de lui un pionnier du prêt-à-porter moderne et ont propulsé le style italien au sommet de la scène internationale.
Avec la fondation de sa propre maison en 1975, Armani a inscrit l’élégance milanaise sur la carte mondiale. Il a étendu son empire aux accessoires, aux parfums, aux cosmétiques et aux produits lifestyle, incarnant une vision du luxe à la fois sophistiquée et fonctionnelle.
Jusqu’à la fin, Armani est resté étroitement impliqué dans son entreprise et a symbolisé un ethos de la mode qui plaçait le style au-dessus du spectacle. Son héritage perdure — non seulement à travers des silhouettes iconiques toujours portées aujourd’hui, mais aussi dans sa conception de la mode comme une forme d’expression personnelle, affranchie des modes passagères.

3. Marina Yee
Marina Yee a succombé à un cancer le samedi 1ᵉʳ novembre 2025. Elle avait 67 ans. La créatrice faisait partie des Six d’Anvers. Le groupe de designers qui, à la fin des années 1980, a placé Anvers sur la carte internationale de la mode.
Marina Yee a étudié la mode à l’Académie royale des beaux-arts d’Anvers. Là, elle a côtoyé Walter Van Beirendonck, Dries Van Noten, Dirk Van Saene, Ann Demeulemeester et Dirk Bikkembergs. Elle s’y est distinguée par son sens aigu du style et son talent indéniable pour le dessin.

Après l’obtention de son diplôme, elle fait ses premiers pas dans le monde de la mode en travaillant pour des marques belges telles que Gruno & Chardin et Bassetti. De 1986 à 1990, elle se fait un nom avec son propre label, « Marie », au sein des Six d’Anvers. Elle s’éloigne ensuite de la scène de la mode pour se consacrer à l’enseignement. D’abord à Saint-Luc à Tournai, puis au KASK de Gand et à la KABK de La Haye. Elle n’a toutefois jamais cessé de créer, dans la discrétion de son atelier, tant comme styliste que comme artiste.
Yee a toujours continué à concevoir, souvent de manière anonyme, avant de lancer son propre label en 2021. Dès le départ, elle a misé sur la slow fashion et la durabilité. L’an dernier encore, elle a remporté le Jury Prize lors des Belgian Fashion Awards 2024. Outre la mode, elle a également créé des costumesde théâtre, des peintures, collages, objets, projets d’intérieur et œuvres graphiques.

4. Paul Costelloe
Le créateur de mode irlandais Paul Costelloe est décédé à Londres le 21 novembre 2025, à l’âge de 80 ans. Figure emblématique des scènes britannique et irlandaise, il fut notamment le couturier personnel de Diana, princesse de Galles.
Né à Dublin, il était le fils d’un entrepreneur prospère spécialisé dans la fabrication d’imperméables. Après des études à la Grafton Academy of Fashion Design, il s’installe à Paris. Il y suit une formation à la Chambre Syndicale de la Haute Couture.

En 1979, il fonde sa propre griffe, Paul Costelloe Collections. Il présente ses collections lors de la London Fashion Week, mais aussi à Paris, Milan et New York. Il est surtout connu pour ses créations à destination de la famille royale. En 1983, il est en effet nommé couturier personnel de Diana, princesse de Galles. Une collaboration qui se poursuivra jusqu’à la mort de celle-ci en 1997.
Costelloe a souvent intégré des tissus et textiles irlandais traditionnels dans ses créations, comme le lin irlandais et le tweed. En 1998, il essuie de vives critiques après avoir déclaré que les femmes irlandaises n’avaient pas de style. « Les femmes irlandaises ont des difficultés avec le style parce que ce n’est pas dans leur nature. Ce n’est pas le cas des Italiens », affirmait-il à l’époque. Dans une interview accordée cette année à la radiotélévision publique irlandaise RTÉ. Il a toutefois estimé que l’Irlande était devenue plus européenne qu’elle ne l’était dans les années 1990.
Il restera dans les mémoires comme un créateur attaché à l’élégance classique et à l’excellence artisanale, et comme un passeur essentiel entre la mode irlandaise et la scène internationale.

5. Pam Hogg
Pam Hogg, créatrice de mode écossaise, est décédée le 26 novembre 2025 à Londres. De son vivant, elle est toujours restée mystérieuse quant à son âge exact, mais selon son avis de décès, elle avait 74 ans.
Pam Hogg s’est imposée au début des années 1980 à Londres avec un style radical et brut, mêlant sans effort punk, fétichisme et performance. Latex, catsuits, couleurs éclatantes et silhouettes extrêmes constituaient sa marque de fabrique. Elle ne concevait pas une mode rassurante, mais des vêtements qui mettaient à l’épreuve le corps, l’attitude et l’identité.

Son travail a séduit de nombreux musiciens et performeurs. Björk, Siouxsie Sioux, Rihanna, Lady Gaga, Kylie Minogue ou encore Debbie Harry ont porté ses créations. Pam Hogg est ainsi devenue une figure culte entre mode, musique et culture.
Jusqu’à la fin, elle a travaillé de manière indépendante et sans compromis, indifférente aux tendances comme aux attentes commerciales. Elle n’a jamais connu de véritable percée grand public comparable à celle de sa grande amie Vivienne Westwood. Pam Hogg laisse derrière elle une œuvre aussi provocante qu’influente, qui confirme son statut de l’une des voix les plus singulières de l’histoire de la mode britannique.

6. Martin Parr
Le photographe britannique Martin Parr est décédé le 6 décembre 2025, à l’âge de 73 ans, à son domicile de Bristol, après une longue lutte contre le cancer. Parr n’était en rien un photographe de mode classique: il avait entamé sa carrière dans la photographie documentaire.
Il fut l’un des premiers photographes documentaires à adopter des couleurs vives. Ce choix qui valut à ses images un accueil d’abord mitigé. Il se fait connaître en 1986 avec son travail controversé The Last Resort, une série de photographies de vacanciers issus de la classe ouvrière à New Brighton, dans le Merseyside. Grâce aux couleurs saturées et à l’éclairage au flash qui deviendront sa signature, il capture les foules résilientes de la Grande-Bretagne de l’ère Thatcher.

Parr élargit par la suite son champ d’action à la photographie de mode et éditoriale. Il travaille pour des maisons telles que Louis Vuitton et Jacquemus, et collabore étroitement avec Alessandro Michele durant le mandat de celui-ci chez Gucci, à travers une série de campagnes et de livres. En 2020, il signe une couverture pour British Vogue et, plus récemment, il photographie l’actrice Kathy Burke chez elle à Londres pour le numéro de novembre du magazine.
L’une des contributions majeures de Parr à la photographie de mode est l’ouvrage Fashion Faux Parr (2024). Il s’agit du premier volume de référence réunissant l’intégralité de son travail de mode en un seul livre.
Le titre lui-même — Fashion Faux Parr — repose sur un jeu de mots. Un clin d’œil à l’expression faux pas (les impairs ou ratés vestimentaires), tout en suggérant le regard subversif et conscient de lui-même que Parr portait sur la photographie de mode.
Le travail de Parr dans l’univers de la mode démontre que photographie de mode et photographie documentaire ne sont pas incompatibles. Par son approche non conformiste, il a marqué aussi bien les podiums et les pages glacées des magazines que les expositions et les livres de photographie à travers le monde. Fashion Faux Parr incarne ce point de rencontre. Il montre la mode comme un objet culturel, et non comme un simple produit commercial.
À partir du 30 janvier, son œuvre pourra être découverte dans l’exposition Global Warning à Paris.
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7. Antony Price
Le créateur de mode britannique Antony Price est décédé le 16 décembre à l’âge de 80 ans. Il était souvent décrit comme « le plus grand créateur de mode dont vous n’avez jamais entendu parler ». Le designer est resté actif pendant cinq décennies.
Dans les années 1970, il collabore avec Bryan Ferry et Roxy Music. Ses silhouettes sculpturales et son style théâtral contribuent de manière décisive à l’image iconique du groupe. Il conçoit également des tenues pour David Bowie, puis pour Duran Duran — dont les célèbres costumes pastel du clip Rio.

Grace Jones comptait elle aussi parmi ses clientes. Ces collaborations avec des stars de la pop font de lui un pionnier de la fertilisation croisée entre mode et musique. Plus tard dans sa carrière, il habille la reine Camilla à l’époque où elle était encore duchesse de Cornouailles.
Critiques et confrères le qualifiaient souvent de frock surgeon, en référence à la précision chirurgicale avec laquelle il construisait ses vêtements afin de mettre en valeur les formes du corps.
Le mois dernier encore, il avait organisé son premier défilé depuis des décennies, en collaboration avec la marque londonienne 16 Arlington, autour d’une collection de tenues de soirée sur mesure. Dans un article publié dans How To Spend It, Marco Capaldo, cofondateur de 16 Arlington, expliquait que Price l’avait inspiré à adopter « cette approche du design vraiment décomplexée ». De son côté, Price confiait que cette collaboration avait ravivé son « enthousiasme ».
