Delphine Quirin: La tête et le coeur

Elle voue une passion diplômée au peintre romantique allemand Caspar David Friedrich (1774-1840), aux préraphaélites,  » mais sans le côté tragique  » et, à part égale, à Heidi, aux edelweiss, au Tyrol et à l’ambiance un peu rétro des sports d’hiver datés, avec pull jacquard tricoté main et fuseau noir d’avant le lycra.

Comme elle avait décidé de se  » faire plaisir « , Delphine Quirin a mis tout ça dans cette photo en noir et blanc, que l’on pourrait titrer La jeune fille au bandeau. Ou le résumé plus que parfait de sa collection d’accessoires de saison photographiée par Leslie Szmigielski, gagnante du Weekend Photo Award 2010 (voir aussi son portfolio ICI), qui  » met si bien en avant le chapeau « , puisqu’il ne s’agit ici ni de portrait ni même de photo de mode, mais d’un art délicat de l’entre deux, tenu de raconter une histoire. Car chez la créatrice liégeoise, il y en a toujours une. L’hiver dernier, il était question de Russie, celui-ci, de retour  » à tout  » ce qui l’habite, la peinture notamment. On sait qu’elle a d’abord étudié l’histoire de l’art à l’ULG avant de se lancer corps et âme il y a presque quinze ans maintenant, à façonner d’abord des bibis de cérémonie, des coiffes de fête et puis plus largement, des chapeaux, des bonnets, des écharpes, des étoles, des mitaines, artisanalement toujours, elle y tient. Elle ne dessine pas, s’attaque directement à la matière, avec en guise de modèle, sa petite tête à elle, et ses mains, toujours, qui tricotent, coupent, cousent, brodent, assemblent et se confrontent aux contraintes pour mieux les transcender. Elle qui a appris les mystères de la maille avec une vieille dame partageuse de savoirs en mesure tous les jours les merveilleuses possibilités –  » partir de rien  » et  » créer sa matière « , quel bonheur,  » tout est possible « , l’élégance en plus.

Anne-Françoise Moyson

Du 23 septembre au 1er octobre, Delphine Quirin fête ses 15 ans d’activité, l’occasion de découvrir sa collection hivernale.