Isabelle Willot
Edito | La cravate, simple accessoire ou objet politique?
Il paraît que tout est politique, en ce compris votre dressing. Ainsi, à en croire le Elle France, le mocassin et la veste matelassée seraient de droite. Le K-Way, lui, serait de gauche, comme la banane et le tote bag. Que penser alors du noeud pap’, indissociable de l’image du socialiste wallon Elio Di Rupo? Et de Stromae qui en avait relancé sûrement la mode en 2010… avant de lui préférer une cravate en tricot lors de son passage sur TF1 le 9 janvier dernier?
Moins qu’un signe d’allégeance à un courant de pensée, sans doute fallait-il y voir une volonté de rupture, l’envie d’être pris au sérieux peut-être tout en prenant à rebours les codes qu’on dirait immuables de la télévision. L’artiste peut tout s’autoriser en matière de style, c’est ce qu’on attend de lui, même dans l’arène scénographiée de la grand-messe du JT. Alors pourquoi choisir d’enfiler l’attirail de l’invité modèle? Voire de candidat présidentiable? Car après la bidoche, la cravate est elle aussi devenue un thème de campagne des élections françaises à venir.
Sur le plateau de TF1 toujours, à la même heure de grande écoute, l’écolo Yannick Jadot se l’est à son tour passée autour du cou pour la première fois de sa carrière, une manière pour lui d’espérer toucher des électeurs « d’un certain âge » ( sic) et de ne pas se faire « disqualifier par le vêtement » ( resic). En attendant de voir si le charme opère, à 2 000 kilomètres de là, un autre président, artiste dans une autre vie mais élu celui-là, ne s’embarrasse plus guère de nouer sa cravate. Un tee-shirt kaki lui tient lieu d’uniforme lorsqu’il fait face aux caméras. Et l’histoire ne le disqualifiera pas pour cela.
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