Edouard Vermeulen, à la tête de la maison Natan: « J’attends le chant des oiseaux pour installer le printemps dans les boutiques »

© Dirk Leemans

Edouard Vermeulen a plus de quatre décennies de mode derrière lui, à la tête de sa maison Natan. Le couturier belge s’installe au Bon Marché, à Paris, jusqu’au 24 avril, le temps d’un pop-up couturissime. Il répond à notre interview sur le vif.

La question qu’on vous pose le plus souvent?

« Avez-vous pensé à votre succession? » ou « Allez-vous arrêter? » Mais comme ce n’est pas d’actualité, je n’y pense pas… En réalité, j’ai 65 ans cette année, et je vais refuser de prendre ma retraite. Plus tard, je veux seulement que Natan soit repris par mon équipe ou par toute énergie rentrante.

La compétence inutile que vous maîtrisez?

J’essaie de ne pas m’encombrer de l’inutile.

Un sport que vous pratiquez… en pensée?

La natation. Je déteste aller dans une piscine et l’idée de me mouiller, surtout en hiver… Tout le chemin avant d’être dans l’eau est trop long. Les prémices sont encore plus ennuyeuses que l’activité elle-même, je laisse tomber.

La ville dont vous n’êtes jamais vraiment revenu?

Londres. J’aime cette ville de grands contrastes. Pour moi, c’est le New York de l’Europe. Je l’ai découverte pour la première fois quand j’étais enfant. A l’époque j’étais plutôt fasciné par les double-decker bus!

La personne qui a le plus d’influence sur vous?

Ma mère. Dieu merci je ne dois pas encore parler d’elle à l’imparfait. Je pense que toute ma vie j’ai agi pour ne pas la décevoir. Elle s’appelle Eliane, est excessivement dynamique et surtout très charismatique. Elle n’abandonne jamais, c’est cela qu’elle m’a légué.

Une idée concrète pour un monde meilleur?

Etre à l’écoute de l’autre, c’est une forme de gentillesse et d’empathie. Si tout le monde était bienveillant, il y aurait moins de conflits.

Le plat qui vous ramène en enfance?

Le gigot d’agneau du dimanche, avec gratin dauphinois et légumes de saison. Mes grands-parents venaient ce jour-là à la maison et on mangeait invariablement ce plat. Dès que je vois un gigot, je suis ramené en enfance – que ce soit le dimanche change évidemment tout.

L’achat le plus bizarre que vous ayez fait?

Mon premier paquet de cigarettes, des Belga. J’ai arrêté depuis.

Votre dernier coup de gueule?

Je pousse assez peu de gueulantes. Je suis plutôt renfermé, j’ai des colères plus internes qu’externes.

La dernière fois que vous vous êtes trompé?

C’était dans le sens positif, lors de l’engagement d’une jeune femme. Je n’avais pas été convaincu par son C.V. ni par le premier contact, je n’étais sans doute pas très ouvert car elle s’est révélée extraordinaire dans son travail.

Ce que vous avez appris sur vous durant la pandémie?

Le recul. Avant on était dans une routine accablante, avec beaucoup trop de choses inutiles et la peur de rater. Peut-être est-ce aussi mon âge qui m’a permis de prendre du recul… Mon heure de balade est désormais aussi importante qu’une réunion. En tout cas, elle me permet de mieux réfléchir et de prendre les bonnes décisions.

Ce que vous avez envie de faire, là, tout de suite?

Finir mon assiette. Et mettre toutes les boutiques en été. L’univers de la mode m’offre cela: quand le commun des mortels attend encore la neige, moi, j’attends le chant des oiseaux pour installer le printemps dans les boutiques. C’est la chose la plus vivifiante de mon métier.

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