Exclu: Ann Demeulemeester fait ses adieux à la mode

Ann Demeulemeester
Catherine Pleeck

La créatrice belge va arrêter de travailler pour sa griffe éponyme, qui continuera toutefois d’exister sans elle.

Près de 30 ans qu’Ann Demeulemeester se taille une belle place à part, dans la sphère fashion. A 54 ans, la créatrice belge se retire et devrait organiser un défilé d’adieux (Homme & Femme), en janvier prochain, à Paris. Sa griffe continuera toutefois d’exister après son départ. Une communication officielle devrait suivre dans les heures qui viennent…

Cette diplômée de l’Académie royale des Beaux-Arts d’Anvers, promotion 1981, fait partie du célèbre groupe des Six d’Anvers, avec Dirk Bikkembergs, Walter Van Beirendonck, Dries Van Noten, Dirk van Saene et Marina Yee. Pour rappel, ces derniers se sont présentés groupés lors du British Design Show de 1988, à Londres, avec des collections épurées, marquant la rupture avec les vestes à épaulettes et les strass de l’époque. Suffisant pour que la presse britannique leur donne un surnom commun et leur offre une belle visibilité.

En lançant sa propre griffe en 1987, Ann Demeulemeester s’est d’emblée fait remarquer pour son allure androgyne et grunge, empreinte d’une poésie sombre, et par un parti pris fort, en dehors des tendances. Nul doute que, même sans elle à la barre, son successeur pérennisera ce beau registre…

Dans cet extrait de l’excellent documentaire FASHION! d’Olivier Nicklaus – dont le 2e volet sur 3 est consacré à l’Anti Fashion, – A la question « Comment arrêter ? », Ann Demeulemeester répondait ceci: « C’est une question très difficile. Tu peux dire « quand le créateur n’est plus là, c’est fini ». Ok tu peux dire ça et je le comprends. En même temps, s’il y a un travail qui a été fait, une voie qui est là et qu’à la mort du créateur, d’autres gens, qui comprennent le style, continuent dans la tradition de son âme, c’est quelque chose de très beau. Tout ce travail n’est pas perdu, ça peut continuer. (…) Moi, je n’ai jamais fait ça pour l’argent, il fallait faire du business pour pouvoir continuer, mais ce n’était pas le point de départ. Qu’est-ce que je peux faire pour les gens, pour créer plus de beauté non seulement dans le vêtement mais aussi dans l’âme? Comment est-ce que je peux rendre ce monde un peu plus beau? C’était ça l’impression qu’on avait et c’était ça qui était excitant. Maintenant, quand je vois ce que c’est devenu, je dois dire que je suis très déçue…. »

Catherine Pleeck

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