A Paris, Walter Van Beirendonck est Charlie

Isabelle Willot

A sa manière, Walter Van Beirendonck était Charlie, mercredi après-midi. Sans référence explicite pourtant mais le mantra Stop Terrorizing Our World apparaissant en ouverture de défilé ne pouvait que plonger l’assistance déjà mise sous pression par les mesures de sécurité du plan Vigipirate et les chaînes de télévision locale qui ne parlent que de ça, dans le souvenir des terribles attaques de début janvier.L’idée originale du créateur n’était pourtant pas celle-là.  » Je voulais offrir à mes invités 15 minutes de pure beauté « , nous confiait-il quelques instants après le show qui s’était déroulé dans les petits salons d’un hôtel particulier de la Place Vendôme, le setting rappelant celui des défilés de Haute Couture d’autrefois où les modèles passaient si proches du public qu’il pouvait presque toucher les vêtements et en tout cas regarder les petits détails de finition de tout près. Comme les bijoux par exemple, reproductions miniatures du sapin gonflable en forme de plug anal érigé en octobre dernier, Place Vendôme justement, par Paul McCarthy. L’oeuvre avait été vandalisée quelques heures à peine après son installation et l’artiste américain giflé en pleine rue par un fanatique proche des mouvements de droite du Printemps Français à l’initiative des Manifs pour Tous opposées au mariage gay. C’est à cette censure-là que pensait d’abord le directeur de la section mode de l’Académie d’Anvers en affichant sur la première silhouette son slogan choc qui avait déjà servi de fil rouge à la collection S.T.O.W. de l’hiver 2006. Preuve hélas que la peur viscérale et tout ce qu’elle peut engendrer de pervers n’a hélas pas quitté ce monde.

Raf Simons qui poursuivait dans la collection présentée hier soir la découverte autobiographique de sa jeunesse avait choisi cette fois d’évoquer sa passion pour la musique – celle de Deep Purple en particulier dont le Child in Time passait en boucle pendant tout le défilé – cet élément si déterminant dans la définition de le personnalité d’un adolescent. Plus étranges encore, les quatre silhouettes portant des  » tabliers de guindaille  » évoquaient un épisode plus traumatisant du parcours de Raf Simons, à savoir le bizutage à la limite du sadisme, dont il a été victime en début de parcours universitaire. La terreur, sous une autre forme sans doute, mas la terreur, toujours.

Isabelle Willot

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