Burberry, une cure de jouvence nommée Riccardo Tisci

Riccardo Tisci, en compagnie de Madonna (2016). © REUTERS

Le nouveau designer star de Burberry Riccardo Tisci a donné lundi un coup de jeune à la vénérable maison britannique avec un défilé orienté luxe et streetwear, à même d’élargir sa clientèle, lors de la Fashion Week de Londres.

Événement dans l’événement, la première collection pour Burberry du styliste italien de 44 ans était l’une des plus attendues du grand rendez-vous britannique de la mode, consacré à la saison printemps-été 2019, et qui s’achèvera mardi.

Devant quelque 800 invités, et avec le groupe culte de trip-hop Massive Attack en bande-son, le défilé s’est déroulé dans un ancien centre postal en rénovation, comme une métaphore du changement souhaité par Burberry avec l’arrivée de Tisci, qui a fait le succès de Givenchy.

Si les premiers rangs ne comptent guère de célébrités, contrairement aux habitudes chez Burberry, elles sont en revanche sur le podium, où l’on retrouve notamment les mannequins stars Kendall Jenner et Jourdan Dunn. Pour sa première chez le poids lourd de la mode britannique, le créateur a innové en présentant une série de robes de soirée en jersey, un vestiaire que la marque n’avait encore jamais proposé à son catalogue.

Noires, sobres, longues et fluides, parfois discrètement ornées de fines paillettes, elles incarnent une certaine idée du luxe qui constitue l’un des axes de la nouvelle stratégie de Burberry. Autre nouveauté: une gamme de vêtements clairement orientée streetwear et directement inspirée par Londres, où le créateur a forgé son sens esthétique lorsqu’il était étudiant à la prestigieuse école de mode Central Saint Martins.

Résultat? Des corsets, des leggings et minijupes avec pour le coup un look nettement plus ostentatoire et urbain, notamment chez les hommes, avec des shorts larges, très sport, recouverts du « check », le fameux tartan beige, noir et rouge. « J’ai beaucoup pensé aux voyages lorsque j’ai commencé à constituer ma première collection Burberry. De mon retour personnel à Londres, 20 ans après la présentation de ma collection d’étudiant (…) J’ai aussi été inspiré par l’évolution de Londres, ville qui m’a donné envie de devenir designer », a-t-il déclaré.

Riccardo Tisci n’a pas oublié les inconditionnels des classiques de la marque, avec une autre gamme de vêtements, plus conventionnelle, revisitant sobrement le répertoire Burberry, à commencer par les trench-coats beiges, intemporels ambassadeurs de la maison britannique.

Le designer avait pris en mars la succession de Christopher Bailey. Son arrivée traduit la volonté de renouvellement du groupe fondé en 1856, repris en main l’an passé par Marco Gobbetti, Italien également, sur fond de résultats économiques moroses.

Plus tôt lundi, la Serbe Roksanda Ilincic a proposé, sur un air de reggae à Kensington Gardens, une collection inspirée par les arts graphiques avec des motifs abstraits rappelant les grands peintres du siècle dernier – Matisse, Miro ou Picasso -, dont elle pare pullovers, robes et pantalons.

La créatrice cultive depuis plusieurs années une vision raffinée et quasi géométrique du vestiaire féminin, héritage de ses plus jeunes années, lorsqu’elle était étudiante en architecture à Belgrade. En témoignent cette longue robe fourreau parcourue d’une délicate alternance de rectangles colorés, rehaussée de fin liserés noirs au col et aux manches, ou ces grandes écharpes formant de larges « X » portées sur des impers décontractées.

Les coupes sont pures et maîtrisées, fluides et confortables, autant de marques de fabrique de la créatrice connue pour habiller les stars, d’Emma Stone à Cate Blanchett en passant par Kate, la duchesse de Cambridge. La palette est « lumineuse » et « épicée », a expliqué Roksanda Ilincic après le défilé: marron « curcuma », rouge « coquelicot » et jaune « limoncello », une liqueur de citron italienne.

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