Chanel, minérale contemporanéité

Karl Lagerfeld, très en forme, signe pour Chanel une collection prêt-à-porter automne hiver 12-13 où le quartz, le cristal de roche et l’améthyste réfractent la lumière.

On connaît la belle propension de la maison – et de son créateur Karl Lagerfeld – à faire du Cecil B. DeMille, c’est dire si l’on attend un show Chanel avec impatience. Car on sait toujours que l’on va embarquer pour un voyage mais lequel ? Le secret est infiniment bien gardé, jusqu’à l’ultime seconde, jusqu’à ce que vous pénétriez dans le Grand Palais et là, vous restez sans voix, un instant. La lumière tombe de la verrière sur des minéraux dressés vers le ciel, en dégradé de mauve au gris – améthystes, quartz et cristaux de roche géants – qui finissent en myriade de cailloux transparents parfois scintillants que vous foulez au pied avant de trouver votre siège en front row, c’est toujours plus classe. La terre tremble, c’est le show qui commence et Michel Gaubert, à la bande son, qui la pousse à son maximum. L’abécédaire de la maison au deux C débute avec un costume trois pièces – un pantalon skinny, une jupe à plis par-dessus et une veste à quatre poches ceinturées sur des  » salomés décapotables  » gris à talon minéralisé et découpe savante, les cheveux tirés, en queue de cheval, les sourcils droits et graves, parés de ces mêmes minéraux mais version bijoux de visage. 67 silhouettes plus tard, il prend fin avec un pantalon skinny toujours, à revers, une longue robe sans manche, tout en tulle entièrement rebrodée de plumes coupées presque ras et des mitaines jusqu’au coude, les mêmes sourcils, les mêmes sandales très désirables, mais en noir. Malgré le scintillement du décor et le lurex qui appelle la lumière, la palette est sombre. Parfois un rouge, un jaune, un vert, un bleu métallisé viennent gifler l’ensemble. De même, ce jumpsuit en dentelle, ces cabochons jaune ou rose posés sur un manteau noir évasé ou ce clutch transparent, minéral vraiment figuratif, qui osent l’insolence contemporaine, des petits accents légèrement, très légèrement de mauvais goût mais qui ne le sont plus guère dans le vestiaire de Karl Lagerfeld, le fils de Mademoiselle. On retiendra la robe taille plissée, avec manches et boutons sur le même thème cailloux-bijoux et portée sur pantalon à petit bord retroussé, le tailleur pantalon noir ultra fitté sur Arizona Muse, le gamin, sac Boy en bandoulière, main dans la main avec Heidi Mount. Et le salut, très sobre, de monsieur Lagerfeld qui le soir même fête l’ouverture de la nouvelle boutique, 51, avenue Montaigne. Pour l’occasion, Anna Mouglalis, Astrid Berges-Frisbey, Stella Tennant, et Coeur de Pirate feront le déplacement – histoire d’admirer l’oeuvre de l’architecte d’intérieur Peter Marino, toujours aussi  » Village People  » puis de jouer les prolongations lors de l’after party avec Django Django (en direct from Scotland) à la Maison Blanche, trente-six numéros plus loin. A minuit, le Commandeur était toujours là, à ne siroter que du Coca, comment fait-il ? Total respect.

A.-F.M.

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