Dernier défilé pour Christophe Bailey, artisan de l’explosion de Burberry comme géant du luxe

Christopher Bailey, directeur artistique de Burberry, entouré de deux mannequins arborant le fameux tartan maison, octobre 2017 © Isopix

C’est une page qui se tourne pour Burberry et la Fashion Week de Londres: Christopher Bailey présentera samedi sa toute dernière collection pour l’iconique marque britannique qu’il a contribué à transformer en géant mondial du luxe.

Avec leurs stars, leurs moyens pharaoniques, leurs concerts live et leurs armées de mannequins, les défilés Burberry sont généralement parmi les plus courus du rendez-vous britannique de la mode qui démarre vendredi, et celui-ci s’annonce plus que jamais comme un événement dans l’événement.

Christopher Bailey, 46 ans, y fera ses adieux à tous les fans de la griffe au tartan beige, noir et rouge (le fameux « check »).

Ce natif d’Halifax (nord de l’Angleterre), diplômé du prestigieux Royal College of Art de Londres, y avait débarqué en 2001, après avoir fait ses premières armes chez Donna Karan et Gucci.

Flair et dentelle

Directeur créatif en 2004, il coiffe également la casquette de directeur général en 2014, succédant alors à Angela Ahrendts, partie chez Apple.

En 17 ans, Bailey, double lauréat du prix du meilleur styliste de l’année au Royaume-Uni, a permis à Burberry de prendre le virage du XXIe siècle et des nouvelles technologies.

Cara Delevingne, en plein selfie au cours d'un défilé Burberry. La top britannique est l'une des incarnations de cette génération mixant luxe et social media
Cara Delevingne, en plein selfie au cours d’un défilé Burberry. La top britannique est l’une des incarnations de cette génération mixant luxe et social media© Reuters

L’homme a du flair: il est l’un des premiers à intégrer les réseaux sociaux dans ses présentations, à fusionner les collections hommes et femmes ou encore à adopter le « see now, buy now » (vente immédiate), tout en s’entourant d’égéries lumineuses (Kate Moss, Emma Watson, Cara Delevingne).

Ces dernières années, il avait rajeuni l’image de la marque en explorant de nouvelles matières et palettes de couleurs, réinventant le trench-coat, emblème s’il en est de Burberry, en le rehaussant de dentelle. »Sous sa gouvernance, une entreprise autrefois guère plus connue que comme un ennuyeux confectionneur d’imperméables et d’écharpes à carreaux a explosé pour devenir un vaste empire », souligne le magazine Vogue.

Créateur « incroyable » et « super intelligent », il a joué « un rôle important dans l’industrie britannique de la mode en plaçant l’innovation au coeur de Burberry », renchérit Caroline Rush, la patronne du Conseil britannique de la mode (BFC), organisateur de la Fashion Week, dans une déclaration à l’AFP.

Dernier défilé pour Christophe Bailey, artisan de l'explosion de Burberry comme géant du luxe
© EPA

Son arrivée à la direction générale du groupe en 2014 avait toutefois fait hausser les sourcils de plus d’un analyste, eu égard à son manque d’expérience à la tête d’une entreprise cotée de cette envergure.

De fait, le créateur réputé pour ses bonnes manières, et parfois surnommé « Mr Nice Guy » (le « type sympa »), n’a cumulé ces deux fonctions que pendant trois ans, cédant l’an dernier les commandes, dans un contexte économique délicat, à l’ex-PDG de Céline Marco Gobbetti.

Ce dernier a depuis annoncé un renforcement du positionnement « luxe » de Burberry, sans dévoiler à ce stade le nom du successeur de Bailey à la création. Dans la presse spécialisée, le nom de la Britannique Phoebe Philo (ex-Céline) est régulièrement cité.

Quant à Christopher Bailey, il restera présent jusqu’à la fin de l’année chez Burberry pour faciliter la transition, avant de se concentrer sur de « nouveaux projets » dont il n’a pas précisé la nature.

Transfuge de New York

Outre cette séquence émotion, la Fashion Week de Londres, consacrée aux collections féminines automne-hiver 2018-19, accueillera de vendredi à mardi quelque 80 présentations aux quatre coins de la capitale britannique.

Jonathan Anderson, fin 2017
Jonathan Anderson, fin 2017© Isopix

Samedi également, Jonathan Anderson, directeur artistique du maroquinier de luxe Loewe, proposera un défilé nouvelle formule pour son propre label, J.W. Anderson.

Le jeune créateur, considéré comme un des plus doués de sa génération, ne présentera en effet plus que deux défilés par an au lieu de quatre, afin, explique la marque à l’AFP, de « réduire l’écart traditionnel entre la période des défilés et la disponibilité des pièces à la vente », un nouvel exemple des réorganisations stratégiques qui agitent le secteur de la mode.

Autre rendez-vous noté en majuscules sur les tablettes des fashionatas: le défilé, dimanche, de la maison espagnole Delpozo, transfuge de la Fashion Week de New York, promesse d’élégance raffinée et de poésie.

Il faudra compter aussi avec le bataillon des jeunes créateurs de la scène britannique: Christopher Kane, chantre du post-modernisme; David Koma, spécialiste ès géométrie; Gareth Pugh, l’ardent provocateur. Sans oublier Roksanda, Mary Katrantzou, Molly Goddard ou Bora Aksu.

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