Fashion week Milan: Pourquoi on aime (ou non) les Italiens

Dans la foulée des défilés milanais pour l’été 2010, voici cinq raisons d’aimer (ou non) les Italiens.

Pour leur vulgarité sexy. Comme chez Roberto Cavalli qui s’amuse à revisiter ce que les années 1980 ont commis de pire en matière de kitscheries virilo-gays. Imaginez Ultravox ou Freddy Mercury en bande-son et des mecs en slims de cuir prolongés à la taille d’un rabat de tissu évoquant le motard après l’effort. D’autres portent des bottes métallisées couleur argent ou rose, c’est selon. Références militaires également (galons glitters sur un veston). Et des Marcel un peu lâches qui iraient comme un gant au Kevin Bacon de Footloose.

Pour leur classe légendaire. Tout autre ambiance chez Salvatore Ferragamo. La lumière est feutrée comme dans un club de jazz. Pour faire patienter l’assistance avant que le défilé ne commence, la maison florentine nous masse les tympans avec un bon vieux Miles. La suite est tout aussi, comment dire, smooth (jamais su ce que ça signifiait précisément, prenez-le comme une onomatopée). Massimiliano Giornetti dessine pour des messieurs de goût, mêlant port altier et nonchalance chic. Pour dessiner cette collection, ce dernier avait en tête un gentleman anglais qui découvre l’Afrique au tournant du siècle. Entre tailoring indémodable et audaces d’été (hybride veste-chemise orange par exemple), ce vestiaire donne envie de vivre en Italie.

Pour leur extravagance. A chaque saison, on peut compter sur Etro pour nous réparer nos zygomatiques. Ici les mannequins sont d’ailleurs les rares à afficher un sourire. Bien-sûr il exagère, Kean Etro, avec ses explosions baroques de couleurs et ses associations douteuses de motifs (tropicaux, indiens, marbre, psyché). Mais ça fait un bien fou. Presque de la luminothérapie, ces fringues.

Pour leur fibre arty. Chez Moschino, on s’assied sur des bancs recouverts de plastique, le sol est jonché de journaux, il y a de pots de peintures, des taches de couleurs, une échelle. Bref, ambiance  » je repeins mon appart' ». Ou ma galerie, plutôt. Pas un hasard si la bande-son du défilé est un mix de Franz Ferdinand – on connaît la fibre arty des quatre Ecossais. L’homme Moschino porte chemisette et pantalon tacheté de couleurs à la manière des toiles de Jackson Pollock. Sur son nez, il a chaussé des montures très fifties, entre le proto-NERD et l’employé de bureau, qui devraient faire fureur dans les écoles d’art. Pointés aussi, quelques chemises et un chapeau sur lesquels on croit reconnaître les fleurs sérigraphiées d’Andy Warhol.

Parce qu’ils ont Prada . En porte-à-faux avec la plupart des autres marques qui ont décidé de jouer le registre de la couleur et du voyage pour défier la crise, Miuccia Prada choisit de rester en ville et de résister. L’ambiance sonore est claire : entre des interférences de portable, ponctuées d’une voix répétant « Walking in the rain » et des bruits de voitures filant sous la pluie, on devine que ces mannequins ne marchent pas dans les rues de Rio chantées par Gucci. Les costumes ont la couleur de la grisaille et du béton milanais, il y a des froissures, des boutons perdus dans les doublures. En cas de grosse chaleur urbaine, t-shirts, chapeaux, vestons, chaussures et pantalons perforés apportent la bouffée d’air co.

Baudouin Galler

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