La vie en rose selon Maison Margiela, Cédric Charlier et Dries Van Noten

Il trouve ses marques dans cette maison que Martin Margiela a quittée depuis longtemps déjà, il n’a donc pas mis ses pieds dans ses pantoufles – quand on s’appelle John Galliano, comment l’imaginer. L’homme sait y faire, et il le démontre, il a intégré ce qui faisait l’essence de MM, pour Maison Margiela, et n’a rien renié de ce qui fait la sienne. On retrouve donc une interprétation libre de l’upcycling, de la déconstruction et de l’oversize, mais à la façon de ce diable d’homme, avec une certaine grandiloquence borderline et une sacrée connaissance de l’histoire de la mode et du costume. Le néoprène, la résille, l’art du tailoring version homme, femme, androgyne servent de silhouette de base à une collection de sacs portés au creux du coude ou fermement attachés dans le dos.  » I want this purse  » répétait en boucle la bande-son pas même subliminale, dont acte.

Aux Docks en Seine, Cédric Charlier entre dans l’été et la maturité. Et pour le coup, il les décline avec une belle assurance. Tout semble léger – parka rose poudré à porter à même la peau, robe fendue haut sur la cuisse en une savante construction, manches oversize ou kimono, superpositions virevoltantes, bijou d’oreille en apesanteur, ceintures Obi, spartiates parfaites pour s’ancrer sur la terre. Et s’il a puisé son inspiration dans le travail de Victor Pasmore (1908-1998), artiste et architecte britannique, c’est pour mieux redéfinir les lignes du corps – ce qu’il fait en réalité depuis ses débuts, avec constance.

Une guise d’invitation, une carte animée, les yeux d’une femme fardés de bleu bordés de longs cils noirs qui s’ouvrent et se ferment selon l’inclinaison de l’objet, entre le clin d’oeil et l’endormissement soudain – que nous préparait donc Dries Van Noten ? Une jolie surprise. Dans un hangar en voie de démolition, Paris XIe, le Balanescu Quartet performe en live – un entêtant remake de Kraftwerk – tandis que les mannequins habillées par le créateur belge arpentent lentement l’énorme espace où percent quelques rais de lumière naturelle. Elles portent haut les couleurs de cet homme qui aime quand cela grince, il n’hésite pas à marier le jaune moutarde au parme, des mélanges les plus étranges naît la beauté imparfaite, c’est sa quête à lui. Du coup, ses roses osent tout : s’imposer en monochrome sur une brassière à porter sur un body imprimé ou sous un chemisier de tulle, se poser en volants venus souligner la ligne longiligne d’une jupe sobre, s’emparer de sandales à plateforme grand genre, se fondre dans la masse ou s’atténuer en rose poudré pour venir souligner une cascade de tulle sous veston de satin brodé. Du Dries 100% Van Noten, quelle maîtrise.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content