Haider Ackermann s’attaque à l’homme

Collection printemps-été 2014. © SDP

En dix ans, le créateur français a su imposer sa patte sur les catwalks féminins. Cette saison, il tente enfin l’aventure de l’homme. Trois question à ce dandy sensuel et rebelle à la fois.

Comment avez-vous abordé cette première collection masculine?

De manière beaucoup plus sereine que lorsque je travaille la Femme. Ce qui m’intéresse ici, ce n’est pas d’embellir un homme mais de définir une attitude, une gestuelle, un style. Les deux facettes de mon univers sont finalement assez complémentaires. Ce n’est pas un hasard si j’ai fait porter certaines de mes silhouettes par des filles lors de la présentation de la collection automne-hiver 2014. C’est ma manière à moi de démontrer que toute femme peut s’approprier le vestiaire masculin. Il n’y a rien de plus séduisant à mes yeux qu’une femme qui vole la chemise de son amant après avoir passé le nuit avec lui.

L’Homme Ackermann, il vous ressemble pas mal finalement ?

C’est en tout cas ce que j’ai entendu dire après la première présentation ! Cela me paraissait tellement égocentrique comme approche que j’ai essayé de me mettre en décalage par rapport à lui lorsque j’ai imaginé la collection de l’hiver prochain. En proposant notamment des pantalons très étroits que je ne pourrais jamais porter. Mais bien sûr, au final, il m’est proche, quoi que j’y fasse.

Dans votre dressing, on trouve quoi ?

De nombreuses écharpes de tous mes voyages. Des tee-shirts de mon enfance abimés par le temps et dont je n’arrive pas à me séparer. Ma mère pense parfois que j’ai l’air d’un clochard. Un jour, dans la gare d’Anvers, un type m’a jeté des pièces et pourtant j’étais tout en cachemire ! Ça m’a beaucoup amusé. Mais au final, il y a peu de choses dans mes armoires car je déteste le shopping, ça me rend nerveux.

Travailler un jour pour une autre maison que la vôtre, en rêvez-vous ?

Bien sûr ! Je connais assez bien mon répertoire à moi. Mais avec les codes de certaines maisons, je pourrais faire en sorte que ma femme soit beaucoup plus élégante et plus sophistiquée que celle que je dessine-là. Et ça me dirait bien. Maintenant, quand je vois comment les chaises tournent, je suis un peu moins tenté. Ça enlève une part de magie finalement.

Karl Lagerfled a parlé de vous comme de son seul successeur possible chez Chanel…

Karl, pardon, Monsieur Lagerfeld me soutenait depuis des années déjà, mais en coulisses. Il m’envoyait des orchidées une minute avant le début du défilé, c’était sa manière à lui de me dire :  » Haider, tiens-toi droit !  » Je n’ai jamais parlé avec lui de cette déclaration qui a pris des proportions insensées. Je crois que c’était juste sa manière à lui de dire :  » Faites attention à ce gamin-là, regardez-le.  » C’est tout.

>>> Retrouvez l’interview complète d’Haider Ackermann dans Le Vif Weekend Spécial Hommede ce 7 mars 2014.

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